Avant de continuer le plaidoyer, un petit rappel des faits est incontournable.
Wolfenstein premier du nom voit le jour en 1992, généralement considéré comme le père fondateur du genre FPS. Un lourd fardeau, pas facile à porter tous les jours. Pour pimenter le tout, il se déroulait pendant la deuxième guerre mondiale et mettait en scène un américain perdu au cœur d’une forteresse allemande. Du coup, les murs sont recouverts de portraits d’Adolf Hitler, de croix gammées, et autres conneries fascistes. La polémique n’a pas manqué, bien entendu, mais c’est oublier qu’au final le gentil américain a défoncé le monstrueux dodolf. Un doux plaisir, et on en redemande. Seul problème : de nos jours le nom ne suffit plus à convaincre de la qualité d’un titre.
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Après ce petit retour dans le passé, retournons à notre mouton. Cette fois vous incarnez William Blazkovitz, un espion américain envoyé au cœur de la ville d’Isenstadt pour mettre fin à l’expérimentation nazie. Pour cela, vous êtes aidé par la résistance locale, ainsi qu’un mystérieux groupuscule, l’Aube d’Or. Si la ville ressemble plus à un pâté de maison, il faut néanmoins faire régulièrement des allers-retours pour récupérer des missions, ce qui a tendance à agacer, d’autant plus que les rues sont infestées de trouffions qui reviennent régulièrement vous gâcher quelques munitions. L’idée part pourtant d’une bonne base, mais n’est malheureusement pas innovante, voire même carrément copiée de
Far Cry, alors peut-on le lui reprocher ? Pas sûr. En fait la grosse nouveauté de Wolfenstein, et la seule qui vaille la peine d’être retenue, est l’utilisation d’un médaillon surnaturel. Celui-ci vous permet d’utiliser les capacités du « Voile », très pratique pour traverser un certain type de mur, ralentir le temps ou encore se protéger quelques instants des attaques ennemies. Son utilisation consomme de l’énergie, qu’il faut recharger à l’aide des nombreuses sources éparpillées dans les niveaux. Autant le dire tout de suite, il est quasiment impossible d’être à court de carburant pour ce beau joujou. Idem pour les munitions, que vous ramasserez la plupart du temps sur les soldats morts ou dans des salles gorgées d’armes. D’ailleurs, il est effrayant de voir le nombre de caisses en bois et d’armoires inutiles, nous faisant perdre un temps monstrueux à la recherche du moindre renseignement. En effet, outre notre objectif, chaque niveau cache de l’or, des renseignements (style
Resident Evil 5) ou des livres occultes. Des bonus pas réellement obligatoires, mais qui servent à acheter des améliorations pour les armes, ce qui peut s’avérer utile par la suite. En parlant des armes, vous devrez vous contenter d’une huitaine d’armes, quelques mitraillettes de la seconde guerre et d’autres issues de la technologie parallèle. Pas de quoi entrer dans l’Histoire, mais suffisant pour passer un bon moment. D’ailleurs, il faudra jongler entre elles pour venir à bout des ennemis les plus coriaces, et rendons à César ce qui lui appartient, c’est sacrément plaisant.
De l'action tout nazimut
Jusque-là Wolfenstein présente de bons côtés, néanmoins il est objectivement impossible de dire que les défauts ne sont que des détails. Par exemple, comment ne pas se rendre compte de l’IA lamentable ? Il arrive fréquemment de voir les soldats ennemis se présenter devant notre fusil, comme des fleurs, sans aucune résistance. Et devant cette difficulté spectaculaire, quelle n’est pas notre surprise de rencontrer un boss capable de nous éradiquer en moins de deux ? Pour faire bref, passez le mode facile si vous êtes novices, le mode normal vous conviendra allègrement, et pour les plus hardcores n’hésitez pas à vous lancer dans le difficile directement. Autre point faible : les graphismes. Des décors pas fameux à la base, méchamment plombés par de l’aliasing à gogo… D’une part très décevant, car cela montre un manque total de finition, et d’autre part inexplicable à l’heure des jeux vidéo HD et d’un progrès toujours plus poussé dans ce domaine. Terminons l’aspect technique sur une note positive, la bande-son est tout de même assez réussie avec des bruitages convaincants, les adversaires émettent des stratégies comme des tirs de fixations (rien à faire, l’IA est comparable à une moule) et le rendu sonore général relève un peu le niveau graphique. En jeu les sensations sont partagées entre plaisir de jouer, grâce à l’action omniprésente durant les missions, et frustrations. Un système de combat qui sent le réchauffé, des niveaux extrêmement linéaires, le tout saupoudré d’un bestiaire qui n’arrive pas à la cheville d’un bon vieux Half-Life (créativement parlant). Quant au multijoueur, il est loin de redresser la barre.
