Le royaume de Dotnia offre un environnement scénaristique d'un classicisme déroutant, à une exception près. Alors que les citoyens se plaignent de décors en 2D (sic) un peu ternes, le pacifique dirigeant des lieux décide de faire passer son pays et ses habitants à la 3D. Après ce changement de décor en référence évidente à l'évolution du média, un prêtre mal intentionné s'empare de l'orbe scellée dans laquelle avait été emprisonné Dark King, le bad guy de l'époque 2D, dont un héros avait réussi à déjouer les plans. Il incombe alors au descendant de ce héros de partir à la recherche de six orbes magiques et de les restituer aux sages concernés. Chacune de ces orbes est bien évidemment conservée dans un temple sous la protection d'un gardien faisant office de boss. On nage donc en pleine période bleue de Miyamoto (!)
3D no Densetsu
Comme tout bon action-RPG old-school qui se respecte,
3D dot Game Heroes propose une vue de dessus orientée, dans le plus pur style d'un
A Link to the Past. On déplace le protagoniste principal (dont le design est à choisir parmi plus d'une centaine : du samouraï au chevalier en passant par Link lui-même) de manière assez fluide, on frappe les ennemis à l'aide d'une épée qui peut prendre des proportions gigantesques, allant même jusqu'au tiers de l'écran, on se protège de son bouclier, on utilise les objets (boomerang, grappin et autres pouvoirs magiques) pour immobiliser ou renvoyer une attaque. De l'archi-classique donc. En terme de level design, on retrouve ses repères rapidement puisque l'on se déplace sur la carte jusqu'au prochain temple, dans lequel on trouvera un objet permettant d'atteindre des zones de la map inaccessibles jusqu'alors. Le cœur du soft est incarné par les temples, bien sûr, dans lesquels il faudra redoubler d'ingéniosité pour résoudre les énigmes les plus retorses. Se déroulant sur plusieurs étages (ce qui complique encore plus la tâche du joueur), l'approche d'un temple et son investigation nécessitent à la fois préparation, habileté, esprit d'analyse et intelligence. Une fois la salle du boss final atteinte, l'affrontement pour l'orbe peut débuter. Dans son déroulement, le jeu est un calque de
Zelda no Densetsu. La comparaison avec l'étalon-or Zelda est donc absolument inévitable. Et c'est là que le bât blesse, car en terme de gameplay, on ne retrouve pas ses sensations. Trop smooth pour être honnête, 3D Dot Game Heroes n'offre pas la précision et la perfection des aventures de Link à l'ère Miyamoto. Dommage.
Du pixel art sur PS3
Une chose peut être tenue pour certaine :
3D dot Game Heroes ravira les aficionados du pixel art. Stylisés au maximum, tous les êtres animés et inanimés du jeu sont formés d'amas de cubes minuscules, offrant un rendu final à mi-chemin entre un objet sorti du poster pixel art qui orne votre salon (on parle en connaissance de cause) et du jouet
Lego sur lequel vous passiez des heures enfant. Le rendu final en est plaisant, sans crier au génie artistique. Certains effets originaux surprennent la rétine, comme l'illumination de l'écran à la sortie d'un temple obscur (décidément à la mode depuis
Gran Turismo 5 Prologue et ses sorties de tunnels).
Les musiques et l'ambiance sonore rappellent les plus grands morceaux de chip tunes ou encore de BGM 16 bits. Et ce, uniquement sur le plan technique (il est à noter que les arrangements sont tout de même réalisés à l'aide d'instruments récents), car artistiquement, on est très loin des mélodies de Kondô (le créateur des BGM de
Zelda no Densetsu), et l'on reste un peu sur sa faim.
Old school et hardcore
Le voyage au cœur du retrogaming est aussi notable sur le plan de la difficulté. Le soft est très abordable dans son commencement, mais devient excessivement difficile dès le troisième temple. Il convient alors d'explorer la carte un maximum afin d'en tirer le plus possible de bonus. Et même bardé de fioles de vie, les temples se succèdent dans la douleur. La quarantaine d'heures nécessaire pour venir à bout de
3D Dot Game Heroes représente donc un véritable challenge de qualité.