Test : 3D Dot Game Heroes - PS3

3D Dot Game Heroes - PS3
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Rarement un soft atteindra le statut d'ovni graphique comme ce 3D dot Game Heroes. On a bien en main un jeu PS3 et nous sommes bien en 2010, pas d'erreur possible... Et pourtant, From Software tente le pari d'imposer une plongée visuelle et auditive dans le passé, dans l'histoire du jeu vidéo. Mais 3D dot Game Heroes n'a pas que les atours d'un soft à l'ancienne, son gameplay et sa narration ne sont pas sans rappeler un certain The Legend of Zelda, ou tout du moins les quatre premiers opus de cette série fondatrice (épisode Game Boy inclus). Clone, hommage, parodie ? 3D dot Game Heroes est un peu tout cela à la fois, et possède pourtant sa propre identité, complètement décalée...
Le royaume de Dotnia offre un environnement scénaristique d'un classicisme déroutant, à une exception près. Alors que les citoyens se plaignent de décors en 2D (sic) un peu ternes, le pacifique dirigeant des lieux décide de faire passer son pays et ses habitants à la 3D. Après ce changement de décor en référence évidente à l'évolution du média, un prêtre mal intentionné s'empare de l'orbe scellée dans laquelle avait été emprisonné Dark King, le bad guy de l'époque 2D, dont un héros avait réussi à déjouer les plans. Il incombe alors au descendant de ce héros de partir à la recherche de six orbes magiques et de les restituer aux sages concernés. Chacune de ces orbes est bien évidemment conservée dans un temple sous la protection d'un gardien faisant office de boss. On nage donc en pleine période bleue de Miyamoto (!)

3D no Densetsu

Comme tout bon action-RPG old-school qui se respecte, 3D dot Game Heroes propose une vue de dessus orientée, dans le plus pur style d'un A Link to the Past. On déplace le protagoniste principal (dont le design est à choisir parmi plus d'une centaine : du samouraï au chevalier en passant par Link lui-même) de manière assez fluide, on frappe les ennemis à l'aide d'une épée qui peut prendre des proportions gigantesques, allant même jusqu'au tiers de l'écran, on se protège de son bouclier, on utilise les objets (boomerang, grappin et autres pouvoirs magiques) pour immobiliser ou renvoyer une attaque. De l'archi-classique donc. En terme de level design, on retrouve ses repères rapidement puisque l'on se déplace sur la carte jusqu'au prochain temple, dans lequel on trouvera un objet permettant d'atteindre des zones de la map inaccessibles jusqu'alors. Le cœur du soft est incarné par les temples, bien sûr, dans lesquels il faudra redoubler d'ingéniosité pour résoudre les énigmes les plus retorses. Se déroulant sur plusieurs étages (ce qui complique encore plus la tâche du joueur), l'approche d'un temple et son investigation nécessitent à la fois préparation, habileté, esprit d'analyse et intelligence. Une fois la salle du boss final atteinte, l'affrontement pour l'orbe peut débuter. Dans son déroulement, le jeu est un calque de Zelda no Densetsu. La comparaison avec l'étalon-or Zelda est donc absolument inévitable. Et c'est là que le bât blesse, car en terme de gameplay, on ne retrouve pas ses sensations. Trop smooth pour être honnête, 3D Dot Game Heroes n'offre pas la précision et la perfection des aventures de Link à l'ère Miyamoto. Dommage.

Du pixel art sur PS3

Une chose peut être tenue pour certaine : 3D dot Game Heroes ravira les aficionados du pixel art. Stylisés au maximum, tous les êtres animés et inanimés du jeu sont formés d'amas de cubes minuscules, offrant un rendu final à mi-chemin entre un objet sorti du poster pixel art qui orne votre salon (on parle en connaissance de cause) et du jouet Lego sur lequel vous passiez des heures enfant. Le rendu final en est plaisant, sans crier au génie artistique. Certains effets originaux surprennent la rétine, comme l'illumination de l'écran à la sortie d'un temple obscur (décidément à la mode depuis Gran Turismo 5 Prologue et ses sorties de tunnels).

Les musiques et l'ambiance sonore rappellent les plus grands morceaux de chip tunes ou encore de BGM 16 bits. Et ce, uniquement sur le plan technique (il est à noter que les arrangements sont tout de même réalisés à l'aide d'instruments récents), car artistiquement, on est très loin des mélodies de Kondô (le créateur des BGM de Zelda no Densetsu), et l'on reste un peu sur sa faim.

Old school et hardcore

Le voyage au cœur du retrogaming est aussi notable sur le plan de la difficulté. Le soft est très abordable dans son commencement, mais devient excessivement difficile dès le troisième temple. Il convient alors d'explorer la carte un maximum afin d'en tirer le plus possible de bonus. Et même bardé de fioles de vie, les temples se succèdent dans la douleur. La quarantaine d'heures nécessaire pour venir à bout de 3D Dot Game Heroes représente donc un véritable challenge de qualité.
3D Dot Game Heroes est clairement un calque assumé des meilleurs Zelda no Densetsu de l'ère Miyamoto, mais n'en a pas moins une identité propre : hommage au pixel art et au chip tune, véritable plongée au coeur du retrogaming aux références humoristiques multiples (surtout à Demon's Soul), ce From Software a de quoi faire saliver, mais souffre malheureusement de la comparaison avec les titres de la série des Zelda, au gameplay et à l'atmosphère parfaits. Le soft n'en est pas moins réussi et plaira surtout aux retrogamers allergiques à la 3D, qui pourront augmenter la note en réalisation de deux points.
29 juillet 2010 à 16h22

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Points positifs

  • Le design rétro
  • L'humour
  • L'hommage

Points négatifs

  • Le design rétro qui ne plaira pas à tous
  • Le level design souffre de la comparaison avec Zelda
  • Le gameplay aussi
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