- Genre
- Beat'Em All
- Date de sortie
- 15 janvier 2013 - France
- Développé par
- Ninja Theory
- Edité par
- Capcom
- Disponible sur
- PC, PS3, Xbox 360
- Parfois appelé
- Devil May Cry 5, DmC, DmC Devil May Cry, DMC : Devil May Cry, DMC Reboot, Devil May Cry Reboot
- Modes de distribution
- Boutique
- Site officiel
- Site officiel
- PEGI
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C’est presque trois ans après l’excellent Devil May Cry 4 que Capcom a réussi l’impossible : soulever une meute de joueurs enragés, dont je faisais allégrement partie, pestant l’attitude vénale de l’entreprise nippone pourtant autrefois vénérée. Personne ne s’y attendait. Tous les fans spéculaient sur les trous noirs de la mythologie, qui seraient enfin éclaircis à travers ce cinquième opus innovant. Qui est vraiment Nero ? D’où lui vient ce bras mystérieux ? Vergil est-il véritablement son père ? Mundus fera-t-il enfin son grand retour, ainsi que le maniement de l’épée Sparda, d’Alastor, du frère de Dante ? Alors que les amateurs de la saga débattent sur les forums du monde entier de la plus jouissive des améliorations et du plus bandant des retours, Capcom fait monter la sauce en teasant un nouvel épisode. La pression monte, la situation est instable. Chaque événement vidéoludique est un prétexte à l’annonce d’un Devil May Cry 5, toutes les oreilles sont tendues vers le comeback imminent d’une série légendaire du jeu d’action. Puis, lors du Tokyo Game Show 2010, mon ami JoKeR, votre seigneur à tous, me file un lien sur MSN, intitulé « Devil May Cry 5 Announcement Trailer ». La chair de poule à son plus haut point, le rythme cardiaque proche d’une rafale d’Ebony et Ivory, je visionne la vidéo. Et, à l’instar de milliers d’autres internautes, je me raidis, grogne, et cherche à me rassurer.
Test effectué à partir d'une version PS3
Sick Smoking Style
La véritable question concernant cet opus était à propos de sa véritable nature : s’agit-il d’un reboot total de la série ou d’une préquelle à DMC 3 ? Capcom et Ninja Theory n’ayant jamais su répondre à la question, se contredisant tour à tour, nous livrent enfin la réponse dans le jeu complet : oui, il s’agit bien d’une refonte presque totale de Devil May Cry. « Presque », car le background de DmC garde tout de même certains éléments de la mythologie originelle. Ainsi, Dante et Vergil sont toujours les fils jumeaux de Sparda, le démon ayant trahi son roi Mundus pour une humaine, Eva, qui lui donna les deux hommes que l’on connait. Ah non merde, je rectifie : Eva n’est plus une humaine, mais désormais un Ange. Oui, cette nouvelle race jusqu’alors inconnue de la série fait subitement son apparition et justifie alors le statut d’être extraordinaire des deux frères : ils sont les deux seuls Nephilims restant, hybride d’ange et de démon, tirant leurs atouts de chacune des deux races. C’est donc tout naturellement que Mundus, régnant toujours sur le monde démoniaque et désormais sur le monde humain en contrôlant la première compagnie économique grâce à son avatar humain, cherche à exploser Dante afin d’éliminer la seule menace qui pèse sur lui. Aidé de son frère Vergil et de l’Ordre, une organisation contrôlée par ce dernier dont le but est de libérer les humains de l’emprise des Démons, Dante apprend alors à se connaître lui-même ainsi que le monde qui l’entoure : en effet, à l’âge de sept ans, le chasseur de démons tout comme son frère ont vu leur mémoire effacée mystérieusement, suite à l’assassinat de leur mère par l’Empereur Démoniaque. Un traumatisme qui suivra Dante tout au long du jeu et lors de l’acceptation de ses pouvoirs diaboliques.Je vais te dévisser la tête, pisser dans ton cou, et chier sur ton cadavre de MEEEEEERDE
Vous l’aurez compris, DmC diffère également de ses prédécesseurs par ses dialogues violents. Pour la première fois dans la série, nous avons des gros mots insérés dans des répliques franchement balèzes, que certains ne trouveront pas forcément nécessaires mais participant à l’intention de changer de la saga. Ces dialogues permettent en revanche de mieux travailler certains personnages : Kat par exemple, malgré son aspect ultra-classique, s’avère plus exploitée que prévue. Vergil se retrouve dans le même cas, même si l’on n'a toujours pas compris pourquoi il hack des ordinateurs et tire sur ses cibles au fusil d’assaut. Mundus se veut terriblement terrifiant et chacune de ses apparitions nous fait redouter l’affrontement entre lui et Dante, qui sera à tous les coups l’un des plus gros clashs du jeu. Si certains prota/antagonistes sont réussis, d’autres sont en revanche totalement passés à la trappe. Sparda pour ne citer que lui, apparait ici sur quelques clichés ridicules où l’on peut le voir de dos, en chemise à carreaux, pas costaud pour un sou et s’apparentant plus à un lover qu’au puissant Légendaire Chevalier Sombre que l’on connaissait. Peut-être un sort meilleur lui sera réservé pour le prochain opus… Dans tous les cas, on appréciera la classe de Dante, représentée sous un tout autre style il est vrai, ainsi que celle de son concurrent principal.We don’t fuck with a God
Venons-en à quelque chose de primordial pour un Devil May Cry : la direction artistique. Gothique, sombre et presque flippante pour DMC premier du nom, elle a évolué tout au long de la série pour proposer des environnements plus distincts (on se souviendra de la jungle de DMC 4 pour être légèrement… hors-sujet) tout en gardant l’esprit de la saga de Capcom. Ici, oubliez l’Île Mallet, le Temmen-Ni-Gru et autre Château de Fortuna, et dîtes bonjour aux Limbes, nouvelles représentations du Monde Inférieur, l’univers démoniaque. Les puristes de la licence seront évidemment monstrueusement déçus de ne retrouver en aucun point ou presque l’ambiance des anciens jeux, mais ne pourront en aucun cas renier la qualité de la direction artistique. Indépendamment du fait qu’elle diffère beaucoup de ce dont on était habitués, rien à dire : ça poutre méchamment son grand-daron. Tout le long du jeu ou presque, Dante est attiré dans les Limbes, le reflet démoniaque du monde humain, dans lequel on devra évoluer. Des couloirs et encore des couloirs, certes, mais des couloirs qui se déforment, qui essaient de vous bouffer à tout moment, de vous faire tomber dans le vide, de vous écraser comme un vulgaire insecte. Que ce soient les murs, le sol, les caméras de surveillance, tout semble vous épier afin de vous piéger à tout moment. Les effets sont parfois impressionnants, comme cette église que l’on essaie de traverser en vain, la terre se dérobant sous nos pieds et s’éloignant constamment. En soi, le level-design est plutôt paresseux, des phases de plate-forme étant là pour redresser un tout piti poil le niveau, mais c’est surtout sa mise en scène et, au final, l’ambiance de la campagne qui prime sur le reste. À tel point que tout cela gagne même sur la réalisation graphique et technique du titre : développé sur l’Unreal Engine 3, le soft affiche des graphismes propres mais très perfectibles sur ses nombreuses textures baveuses ainsi que sur ses quelques lags, infimes il est vrai, mais présents. Alors oui, ça fait un très mauvais DMC de ce côté-là, mais en tant que jeu vidéo, DmC mets la barre suffisamment haut pour que l’on applaudisse le travail du studio britannique. On retiendra juste la fausse promesse de Capcom, qui insistait sur les interactions avec le décor dans ces temps d’insultes et de déception, qui est un engagement à moitié tenu. Il ne suffit pas de s’accrocher de murs en murs pour arriver à un point B pour justifier ses dires, malheureusement…Cependant, la version PC est celle que l'on conseillera en priorité pour peu que vous disposiez d'une machine pas trop dégueulasse. Contrairement à beaucoup de jeux optimisés pour la console et n'offrant au PC qu'une adaptation plus ou moins bien léchée (prochainement Dead Space 3 par exemple), Capcom avance une mouture de son titre bien optimisée. Testée sur un i5 750, avec une carte graphique Nvidia Geforce GTX 660 Ti et 8 gigas de ram, le jeu ne souffrait d'aucun ralentissement, même avec toutes les options poussées en ultra. Celles-ci ne sont pas très nombreuses, mais l'essentiel est là. Au final, le jeu est plus beau, plus fin et l'animation ne souffre que plutôt rarement de saccades. On se tient entre 60 et 120 FPS en permanence. En revanche, pour un beat'em all de cet accabit, soyez sérieux et laissez tomber le clavier et la souris pour une bonne grosse manette de 360. Clairement pensé pour être joué à la manette, DmC est loin d'être injouable au clavier mais demande plus de dextérité et vos enchainements, tellement variés, pourraient en pâtir.
There you are, flocking bastards !
Pour accompagner cette ambiance démoniaque, Ninja Theory a compris que la bande-son était un élément primordial pour coller avec le reste. Et de ce côté-là, encore une fois, les petits gars ont fait du très bon boulot. De même, l’ambiance musicale a changé tout au long de la série, mais gardant toujours cet aspect métal/electro important. Les chanteurs Shootie HG, Warren Fischer et Jason "Shyboy" Arnold qui avaient composé les excellents thèmes principaux de DMC 3 et 4 ont laissé leur place à des groupes plus connus : Combichrist pour le rock et Noisia pour l’électronique assurent une OST tout simplement monstrueuse. Un poil moins répétitive qu’auparavant, ces célèbres artistes signent là une ambiance musicale mélangeant le metal, plus classique et plus violent encore, et la Drum & Bass, cousin de l’immensément reconnu Dubstep. Chaque style de musique intervient au moment le plus adapté : ainsi, dans les environnements urbains, on aura le plus souvent les guitares et les mecs qui se cassent la voix au micro tandis que les combats de boss et les lieux plus modernes, tel que le niveau de la boîte de nuit, vous balancent de l’électro démentielle au rythme particulier, collant vraiment bien au style de ce reboot. On en prend plein les oreilles, et pour notre plus grand plaisir ! On regrettera simplement la disparition totale de la liturgie, qui aurait parfois pu s’adapter à certains combats importants pour en accentuer l’aspect dramatique. Tant pis !Ça c'est une gueule que seule une mère peut aimer !
Mais à vrai dire, bon nombre de joueurs considèrent Devil May Cry comme un chef d’œuvre pour son gameplay exemplaire. Sans doute meilleur Beat Them All de cette génération avec Bayonetta, DMC 4 a su proposer une jouabilité proche de la perfection, infiniment complexe et simple à appréhender à la fois, ce qui a fait de lui une petite perle en son genre. DmC en est-il un bon descendant ? Connaissant Ninja Theory, il y avait de quoi s’inquiéter un poil de ne pas avoir un système aussi performant que celui d’avant. Et autant vous l’avouer : il est… différent. Puisant directement dans le gameplay d’Heavenly Sword, on peut alterner entre les coups normaux avec Rebellion, l’épée de Dante, les coups légers en restant appuyé sur la gâchette de gauche (représentant les pouvoirs angéliques) et les coups lourds et puissants avec celle de droite (les capacités démoniaques). L’aptitude de Nero de l’ancien opus à tirer les ennemis vers lui, ou l’inverse, est ici reprise grâce à un grappin avec lequel il faudra également jouer pour s’en sortir vivant. Les armes à feu sont toujours présentes, mais elles sont malheureusement plus en retrait au vu de leurs dégâts plutôt faiblards.C’est comme ça qu’on fait le ketchup
Si vous êtes dégoûtés des changements optés par Ninja Theory, ne le soyez pas pour tout le système de jeu externe. Plutôt fidèle à la série, le jeu est découpé en vingt missions, que l’on peut recommencer à volonté. Un système d’upgrade, assez bordélique mais efficace, est présent : plus vous tuez de démons, et plus vous remplissez la jauge adaptée pour gagner un point d’amélioration, à dépenser dans le menu ou près d’une Statue du Temps. On peut alors s’acheter de toutes nouvelles compétences, que ce soit les aptitudes de Dante ou sur les armes, allant du nouveau combo à l’augmentation de puissance, en passant par la cadence de tir améliorée. Il faudra même refaire le jeu plusieurs fois pour tout posséder, c’est dire ! Et une fois le grand Chasseur de Démon bien rôdé, le jeu vous semblera encore plus facile qu’il ne l’était déjà. En effet, l’aventure se veut décevante d’un point du vue difficulté : en commençant directement en Difficile, on termine le jeu en une bonne dizaine d’heures (ce qui est tout à fait honorable) mais s’avère pourtant assez peu ardu. Quelques Game Over et puis c’est tout, les nombreux checkpoints évitent de tout recommencer à chaque défaite, tout comme les orbes d’or, qui remplacent les jaunes, permettant une résurrection immédiate. De même, les ennemis deviennent assez vite prévisibles, notamment les boss à qui les attaques n’auront vite plus de secrets pour vous.Après trois ans de crainte pour les fans, force est de constater que DmC Devil May Cry est un fort bon titre, à partir du moment où l’on accepte le fait qu’il s’agisse d’un reboot total et que l’on ne pourra rien y changer. Un DMC de qualité ? Peut-être pas, mais nous avons là un BTA frais, au gameplay exigeant et à la direction artistique complètement dingue. Un renouveau fâcheux pour certains et assumé par d’autres, qui a ses qualités et ses défauts, mais qui reste malgré tout l’un des meilleurs Beat Them All de cette génération. Une réussite dure à avaler quand on est borné, mais une sacrée bonne réussite quand même.
Points positifs
- L'univers vraiment réussi
- Un gameplay aux petits oignons
- Un joli contenu
- Des cheveux blancs (mais on vous dit pas où)
- Une mise en scène sympa
- Une OST qui déchire
- Certains éléments du scénario s’emboîtent parfaitement avec Devil May Cry 3...
Points négatifs
- ... Dommage que d'autres en font un reboot complet
- Des personnages pas assez travaillés
- Une intrigue plate (mais bien narrée)
- Des temps de chargement longs
- Une interface un peu bordélique de temps à autre
- Un gameplay pas forcément facile à appréhender
- Malgré tout, beaucoup d'éléments de Devil May Cry ont été effacés et l'on regrettera encore et toujours le premier opus !
- (note au chef : rajouter un 8,5 dans le système de notation)
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