La grosse feature de ce nouvel épisode, c'est la présence de pas un, mais de trois héros : Michael, Franklin et Trevor. Le premier est un ancien cambrioleur qui profite de sa retraite dans un quartier friqué de Los Santos, cohabitant difficilement avec sa famille. En pleine crise de la quarantaine, le bonhomme voit régulièrement un psychologue qui l'arnaque allègrement. Franklin est un jeune issu des quartiers défavorisés qui n'aspire qu'à une chose : faire quelque-chose de sa vie. Mais il n'est pas vraiment aidé par son entourage. Entre sa tante qui ne pense qu'à le virer de chez elle et son pote, Lamar, qui l'embarque sans arrêt dans des histoires foireuses, c'est pas gagné. Et enfin, il y a Trevor. Dans le genre entrepreneur complètement niqué de la tête, on fait difficilement mieux.
Tout ce petit monde va se retrouver coincé dans des embrouilles dont on ne va pas vous spoiler la teneur ici. Mais sachez qu'ils vont devoir faire équipe lors de divers braquages plus audacieux les uns que les autres.
Si au départ, le personnage jouable nous est imposé pour des raisons scénaristiques, il est rapidement possible de changer quand bon nous semble. Et là où
Rockstar a bien fait les choses, c'est qu'on reprend les personnages dans des situations variées du quotidien. On pourra récupérer Michael alors qu'il amène sa femme faire du shopping, ou à la sortie du golf. C'est le même topo pour les deux autres. Ceci dit, Trevor sort du lot, ce dernier ayant le chic pour se mettre dans des situations délicates. Il sera fréquent de le retrouver alors qu'il est poursuivi par les flics, ou à son réveil, au lendemain d'une grosse cuite et entouré d'une dizaine de cadavres.
Comme d'habitude, les références sont légion dans cet opus,
Heat étant la principale. Dès l'installation des données de jeu, la musique, largement inspirée par celle du film de Michael Mann, vous mettra dans l'ambiance. De son côté, Michael rappelle fortement Neil McCauley, le personnage interprété par DeNiro dans le film, par son design et ses attitudes. Et pour enfoncer le clou, certaines missions sont directement tirées de ce film. Mais les équipes de
Rockstar ont multiplié les références et autres clins d’œil, piochant dans des œuvres aussi diverses que
L'Arme Fatale,
Mission Impossible ou encore
No Country for Old Men.
C'est la crise, vieux.
L'intrigue du jeu tourne donc autour de hold-up, mais ces derniers n'en constituent pas le sujet pour autant. Le vrai sujet du soft est traité en filigrane, via divers aspects du scénario, du level-design et du gameplay. Il s'agit tout simplement de la crise, et la façon dont elle a marqué la société américaine. À titre d'exemple, Franklin travaille, au début du jeu, pour un concessionnaire automobile qui arnaque ses clients via des contrats de crédits foireux. Et le travail de notre héros consiste à récupérer le véhicule des clients qui ne payent pas les traites. Difficile de ne pas faire le lien avec les crédits revolving qui ont conduit à la saisie de nombreux logements aux États-Unis. Dans le même ordre d'idées, les panneaux à vendre, avec la mention pour cause de saisie, pullulent sur les maisons des quartiers défavorisés de Los Santos, certaines d'entre elles étant squattées. Même s'il n'en est jamais réellement question, la crise s'est bien invitée dans
GTA V, ses stigmates nous rappelant sans cesse son récent passage.
Autre point important allant dans ce sens, il est désormais possible de boursicoter, le coût des actions étant influencé par certaines de vos actions en jeu. Les enjeux boursiers constituent même la finalité des missions d'assassinat, qui voient Franklin exécuter des contrats sur la tête de grands patrons, de manière à ce que son commanditaire puisse s'en mettre plein les poches. Et si vous jouez le jeu, le jeune gangster aussi se fera un max de pognon grâce à ces contrats. Bien que le titre n'aborde jamais le sujet de front, toutes les allusions qui sont faites au fil des missions font passer cette crise économique davantage pour un hold-up à l'échelle mondiale que pour un accident du système. Visiblement, les studios de
Rockstar comptent quelques anticapitalistes dans leurs rangs.
« L'hypocrisie, la plus grande vertue de notre société. » Michael De Santa
Mais la crise dépeinte dans
Grand Theft Auto V n'est pas qu'économique, elle est aussi d'ordre spirituelle. Le titre montre des personnages paumés, reflétant les dérives d'une génération. Si dans le genre, Michael est en bonne position, c'est avant tout via ses enfants, Jimmy et Tracey, que le titre aborde cette thématique. Il nous montre une génération apathique, avec un Jimmy qui préfère rester avachi devant ses jeux vidéo plutôt que de trouver du travail et faire quelque chose de sa vie. Quant à Tracey, elle tuerait pour avoir l'opportunité de se faire humilier dans un show de téléréalité. Le titre de
Rockstar prend un malin plaisir à nous dépeindre une jeunesse sans réelle ambition et des adultes à la ramasse. Au milieu de tout ce monde, et malgré son côté sociopathe, Trevor semble être le moins paumé, et le seul à savoir où il va... Je vous laisse méditer là-dessus.
Le titre présente aussi sa vision des phénomènes sociaux que sont
Facebook,
Tweeter et
Instagram, en intégrant des équivalents dans le jeu avec
LifeInvader (le titre comporte même une mission dans leurs locaux),
Bleeder ou encore
Snapmatic. Notez que ce dernier fonctionne réellement, permettant de partager des photo prises in-game via le site officiel de
Rockstar. Tant qu'on est sur internet, vous pourrez vous acheter des véhicules par ce biais, parmi lesquels se trouve un tank... Décidément, dans
GTA comme dans la vie, on trouve tout et n'importe quoi sur le net. Encore une fois, c'est un portrait pas très reluisant de notre société que brosse le jeu. En fait, la réplique de Michael résume parfaitement l'esprit du jeu. C'est comme si les développeurs avaient voulu reproduire fidèlement Los Angeles, mais en oubliant l'hypocrisie.
Grand Theft Redemption
Dès le départ,
GTA V nous a été vendu comme la somme de toutes les expériences créées par
Rockstar. Un peu comme si tous les titres développés par la firme sur cette génération de machines n'étaient que des essais pour aboutir à ce jeu. Et en effet, on retrouve pas mal de choses connues, comme la roue des armes de
Red Dead Redemption, qui est bien plus pratique que ce qu'on avait dans les précédents
GTA. Tellement pratique que le système a également été adopté pour les stations de radio et les changements de personnages.
Mais ce n'est pas tout, l'expérience acquise sur les aventure de John Marston a également servi a recréer une faune crédible dans le désert de Blaine County. Si la population animale de
GTA V est moins riche et fournie que celle de
Red Dead Redemption, il reste possible de partir à la chasse au cerf ou de se faire tuer par un puma. Bref, elle reste convaincante, même sous l'eau, où il faudra faire attention à ne pas se faire bouffer par un requin.
Les évènements aléatoires sont également de la partie, avec un ajout non négligeable cependant. En effet, certains sont scénarisés, donnant lieu à des dialogues et des situations pour le moins cocasses.
Midnight Club : Los Santos
De gros progrès ont été faits au niveau de la conduite également. Les suspensions ont été durcies par rapport à
GTA IV, aboutissant à un comportement beaucoup moins savonneux des véhicules. Ces derniers tiennent donc bien mieux la route désormais. Le tuning fait aussi son grand retour. Pour améliorer votre voiture, il faudra vous rendre dans un des garages de Los Santos Custom. Vous vous retrouverez alors face à une interface similaire à celle de
Midnight Club : Los Angeles, dans laquelle vous pourrez choisir les pièces à installer. Pare-choc, aileron, boost de nitro, suspensions, le choix est assez large, offrant un nombre intéressant de possibilités.
Les aéronefs aussi ont eu droit à quelques améliorations sur leur maniement. Ils sont maintenant soumis aux turbulences, ce qui complique légèrement les manœuvres délicates comme passer sous un pont. De plus, les hélicoptères sont globalement moins stables que dans le passé, rendant les atterrissages, et surtout la saisie d'objets avec le treuil, beaucoup plus délicats. Concernant les véhicules aquatiques, il n'y a pas de grands changements, si ce n'est l'apparition d'un sous-marin. Son maniement est assez semblable à celui des hélicoptères, à ceci près qu'il n'est pas nécessaire de l'incliner dans une direction pour qu'il avance. Il est également beaucoup plus stable que les appareils à rotor de queue.
Grand Theft Army
Concernant les gunfights, des améliorations notables sont à noter. À commencer par le système de couverture qui, bien qu'encore un peu rigide, s'utilise bien plus facilement que dans
GTA IV ou
Red Dead Redemption. L'expérience acquise sur
Max Payne 3 a visiblement bien servi ici. Cependant, il reste encore quelques petites choses à revoir, comme la visée, bien trop assistée. Pour vous donner un ordre d'idées, il est possible de décimer un groupe qui se dirige vers vous sans toucher au stick droit, votre personnage alignant de lui-même un ennemi lorsque vous appuyez sur la gâchette gauche. Alors c'est vrai que pour faire un headshot, il faudra corriger un peu la visée, mais franchement, peu de gens se donneront cette peine. Heureusement, il est possible de corriger le problème en passant par les options. Ce qui sera sans doute aussi utile pour modifier le réticule de visée. Celui-ci pourra surprendre, voire déstabiliser certains joueurs, se présentant sous la forme d'un minuscule petit point blanc au centre de l'écran. Cela a pour avantage d'alléger l'interface, mais au détriment de la lisibilité.
Un autre point négatif concerne l'IA des ennemis. S'ils se mettent bien à couvert et sont précis (parfois même un peu trop) dans leurs tirs, ils ont encore tendance à nous foncer dessus sans trop réfléchir, même si cela n'arrive pas si souvent que ça. Mais le point le plus gênant de l'IA concerne l'infiltration. Comme
San Andreas, ce nouveau
GTA permet aux joueurs qui le souhaitent de se faire discrets. Il est ainsi possible de modifier la démarche du héros en appuyant sur un des sticks, celui-ci se déplacera alors prudemment, limitant le bruit de ses pas. Dans cette configuration, il peut assommer un PNJ par derrière sans alerter ses petits camarades. Jusque là, tout va bien. Le problème vient du fait que si on tire sur un ennemi avec une arme équipée d'un silencieux, tous les ennemis de la zone vous repèrent. Peu importe qu'il soit isolé, que vous réussissiez un headshot. Même si la série n'a jamais réellement donné dans l'infiltration, cela fait un peu tâche.
Braquage à l'américaine
Au niveau du déroulement du jeu, il n'y a pas vraiment de changement comparé aux précédents volets. Il s'agit toujours d'effectuer différentes missions pour divers commanditaires, le joueur étant totalement libre de ses mouvements entre deux missions. Cependant, un nouveau type de mission fait son apparition ici : les braquages. Bien que les précédents volets comportaient déjà leurs lots de vols à main armée, un soin tout particulier a été apporté à la préparation ici, étant donné qu'on n'est pas un simple exécutant, mais le cerveau de l'opération. Alors on commencera par repérer les lieux, examiner les dispositifs de sécurité, à la recherche d'une faille à exploiter. À partir de là, deux approches seront proposées, l'une furtive (ou presque), l'autre étant plus frontale. Le choix que vous ferez à ce moment là déterminera le déroulement des deux ou trois missions suivantes, dont le braquage. Le choix du plan d'action sera déterminé en fonction de vos goûts personnels, mais pas seulement. En effet, suivant votre approche, vous aurez à embaucher le personnel adéquat pour faire le boulot. Un braqueur, un pilote ou encore un pirate, tout ce petit monde prendra un petit pourcentage du butin. Si bien qu'au final, vous pourrez être amené à céder plus de la moitié de vos gains à vos partenaires. Tous les hommes de main ne prennent pas le même pourcentage, celui-ci variant en fonction de leur compétence. Là aussi, il faudra choisir entre jouer la sécurité et embaucher du personnel capable, ou maximiser vos gains, quitte à s'entourer de bras cassés.
Ces missions sont également l'occasion de voir nos trois compères oeuvrer de concert, et sont, de fait, bien rythmées, étant donné qu'il y a toujours un des trois personnages au coeur de l'action. Malheureusement, ces missions sont trop peu nombreuses. Et qui plus est, il n'est pas possible non plus d'organiser ses propres braquages, en dehors des missions de la campagne, ce qui est bien frustrant quand on est arrivé au terme de celle-ci.
Non, ce n'est pas encore fini.
Comme ses prédécesseurs,
GTA V propose une grande quantité d'activités secondaires très variées. Les traditionnelles courses sont de la partie, avec le vélo et le triathlon qui font leur retour ici. Mais les deux grosses nouveautés sont le golf et le tennis. Ces deux activités ont fait l'objet d'un soin tout particulier, les sports en question étant pleinement simulés. Entendez par là que vous aurez accès à toute la palette de coups et que, pour le golf, il faudra tenir compte du vent. Si le golf est franchement fun, et assez technique l'air de rien, le tennis souffre malheureusement de l'inertie des personnages, pas franchement adaptée à ce genre de gameplay. Cependant, il est loin de démériter, offrant sa dose de fun. La plupart de ces activités sont faisables en solo, mais si besoin, vous pouvez appeler un amis grâce à votre téléphone portable, son fonctionnement restant identique à ce qu'on a pu voir dans
GTA IV. D'ailleurs, les relations sociales sont également de retour. Cela étant dit, rassurez-vous, elles sont nettement moins envahissantes ici, et moins utiles également, ces dernières n'aboutissant à aucun bonus. Toujours est-il qu'avec tout ça, il y a largement de quoi s'occuper. Et encore, on ne vous parle même pas de
GTA Online, cette partie du jeu n'étant pas disponible avant le premier octobre.