Test : Gran Turismo 6 - PS3

Gran Turismo 6 - PS3

Gran Turismo 6 - PS3

Genre : Simulation automobile

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Après cinq longues années d'attente et de reports, Gran Turismo 5 était paradoxalement sorti en avance, la quasi-totalité des boutiques n'ayant pas respecté la date de sortie donnée par l'éditeur. L'enthousiasme des joueurs n'avait eu d'égal que leur déception, car malgré toutes ses qualités, le titre de Polyphony Digital était bourré de défauts. Si bien que l'année suivante, Forza Motorsports 4 lui subtilisa sans trop de mal sa place de meilleure simulation automobile sur consoles de salon. C'est ce 6 décembre, trois ans après le cinquième épisode, que Gran Turismo 6 est sorti, le couteau entre les dents, bien décidé à reprendre la place de maître de la simulation automobile qui lui revient de droit.

Test effectué à partir d'une version PS3

Avant d'entrer dans le vif du sujet, attardons-nous un peu sur la belle vidéo d'introduction qui nous est proposée ici. Tout d'abord, parce qu'elle rend un bien bel hommage à Ayrton Senna, le triple champion du monde de Formule 1 décédé lors du grand prix d'Imola en 1994, via des images de sa fondation qui vient en aide aux enfants issus des milieux défavorisés. Mais aussi parce qu'elle est aux antipodes de celle du précédent volet, même si nous retrouvons Lang Lang au piano. En effet, celle de Gran Turismo 5 mettait en avant l'aspect mécanique, industriel, de l'automobile, alors que celle-ci s'attarde sur l'humain, nous montrant les hommes et femmes qui sont derrière ces bolides. L'amour pour tout ce qui a quatre roues suinte par tous les pores de cette vidéo. Et il se ressent aussi dans le jeu.

Fly me to the moon.

Plus que jamais, ce nouvel opus se veut encyclopédique. Et avec 1200 voitures, GT6 est très complet, à en donner le vertige à certains. C'est bien simple, lors de l'achat de votre premier véhicule, la quantité de concessionnaires/préparateurs aura de quoi vous faire frémir. Au nombre de 109, ils se partagent l'énorme catalogue mis à votre disposition, auquel vont venir s'ajouter les véhicules de la catégorie Vision GT, qui regroupe une vingtaine de concept cars. Pour l'instant seul celui de Mercedes Benz est disponible, mais les autres devraient suivre assez rapidement. Avec un tel nombre de véhicules, il y a inévitablement quelques doublons, comme c'est habituellement le cas avec les multiples Honda Civic et Nissan GTR. Mais le titre nous donne aussi l'occasion de piloter des modèles uniques. Les équipes de Kazunori Yamauchi ont pu inclure une Sprinter Trueno GT-Apex, également connue sous le nom de 86, modifiée selon les indications de Shuichi Shigeno, l'auteur d'Initial D. Moins fan-service, les joueurs de goût s'essaieront à la Red Devil, qui n'est ni plus ni moins qu'une Camaro de 1969 équipée d'un moteur de Corvette Z06 et d'un turbo lui permettant de développer plus de 750 chevaux. Mais la palme revient au 4x4 lunaire de l'expédition Apollo 15, que vous conduirez dans son habitat naturel, la Lune.
Coté circuits aussi, nous sommes gâtés, ces derniers étant au nombre de 38, pour un total d'environ 90 tracés. Les classiques de la série, comme High Speed Ring, Trial Mountain et Deep Forest, sont bien entendu présents. Et pour ce qui est des nouveaux venus, Bathurst, Willow Springs et Matterhorn se joignent à Silverstone. Bref, vous aurez de quoi faire dans Gran Turismo 6.

60 miles an hour

Mais pour avoir l'occasion de piloter ces petits bolides, il faudra d'abord gagner de l'argent. Pour cela, il n'y a pas 36 solutions, il faut participer à des courses, et les gagner si possible. C'est le principe même du mode Gran Turismo, qui bien qu'ayant subi quelques modifications, n'a pas vraiment évolué sur le principe. Il s'agit donc de participer à diverses épreuves pour gagner de l'argent et s'acheter des voitures plus puissantes, dans le but de concourir à des courses à la difficulté plus élevée, pour gagner plus d'argent et ainsi de suite. Les épreuves sont divisées en 6 catégories : Novice, B, A, International B, International A et S. Pour accéder à toutes ces catégories, à l'exception de la première, il faudra passer le permis associé, disponible dans la section inférieure pour peu que vous l'ayez débloqué. Pour ce faire, il faudra gagner un nombre suffisant d'étoiles en participant à des courses, chacune d'entre elles pouvant vous en rapporter 3 au maximum.
Globalement, la progression se veut ici plus rapide que dans les précédents volets de la série, une quinzaine d'heures suffisant à débloquer les épreuves de la section S. Les permis ont d'ailleurs été modifiés, de manière à ne plus être un facteur bloquant dans la progression, tout en gardant leur raison d'être. Cela a le mérite d'éviter de trop frustrer les joueurs. Mais en contrepartie, obtenir l'or est nettement moins gratifiant, seules les deux dernières épreuves du permis S offrant un réel challenge à ce niveau-là. Parlons difficulté justement, ce nouveau volet en manque clairement, celle-ci étant uniquement basée, la plupart du temps, sur votre capacité à maitriser le véhicule conduit.
En plus des courses classiques, vous pourrez participer à des petits challenges optionnels, ces derniers permettant de gagner encore plus de thune voire, lorsque vous complétez une série, une voiture. C'est le cas des missions de course, qui vous demanderont de doubler vos concurrents dans une zone et un temps limités. Le Goodwood Festival of Speed correspond également à ces critères. Malgré toutes ces bonnes choses, nous regretterons quand même l'absence des courses d'endurance, ici remplacées par des courses de 24 minutes maximum. De même, les épreuves sur terre et neige sont réduites ici à peau de chagrin. Quant au mode B-Spec, il a purement et simplement disparu.

Drive

Pour ce qui est de la physique des véhicules, nous avons là une simulation, une vraie. Cela n'a rien de surprenant pour ceux qui connaissent déjà la série, mais le degré de réalisme a encore été accru ici. La première chose que l'on remarque, c'est le transfert de masse qui se fait davantage ressentir, surtout en latéral. À elle seule, cette amélioration rend les courbes plus délicates à aborder. Les suspensions et le contact avec la piste ont, eux aussi, été affinés, rendant les sensations de grip plus palpables. Les différences d'adhérence entre asphalte et pavés se ressentent mieux, même si on n'est pas au niveau d'un Forza 5 de ce point de vue là.
Le titre propose également des courses sous la pluie, et force est de constater que l'humidité de la piste se ressent bien sur la tenue de route de votre voiture, vous forçant a anticiper la moindre petite courbe et à doser minutieusement vos freinages et accélérations. C'est également le cas lors des courses sur terre et sur neige, qui mettront vos talents de pilote à rude épreuve. En parlant des épreuves de rallye, ces dernières se sont nettement améliorées, les dérapages se contrôlant avec beaucoup plus de souplesse que dans le passé. Notons aussi l'apparition d'un jeu de suspensions dédié au rallye dans l'atelier de tuning, ce qui simplifie grandement la configuration des voitures pour ce genre de surface.

Human Behaviour

Côté intelligence artificielle, quelques petites améliorations sont à noter. Tout d'abord, les véhicules adverses restent moins collés à la trajectoire idéale. Ils ont toujours tendance à y revenir, mais il ne sera pas rare de les voir s'en détourner. Il leur arrive aussi de faire des erreurs de pilotage, comme une accélération trop sèche en sortie de virage aboutissant à un léger survirage. Plus rarement, il sera possible de les voir sortir de la piste. Si ces améliorations vont dans le bon sens, elles ne corrigent pas les deux grosses tares récurrentes de l'IA made in Gran Turismo : son manque d'agressivité et le fait qu'elle n'ait pas conscience de la présence du joueur. Si le premier défaut donne une impression de mollesse générale concernant le titre, le second peut devenir franchement pénible par moments. Et cela se ressent tout particulièrement durant les épreuves de NASCAR, qui peuvent devenir bien gonflantes à cause de cela.
Un point étrange concernant l'IA concerne directement ses performances, celle-ci donnant parfois l'impression de ralentir pour se laisser rattraper. Il est souvent arrivé, dans nos parties, de subitement reprendre vingt secondes au leader alors que nous étions dans l'incapacité de le rattraper précédemment. Et cela sans augmenter notre rythme de course. Ce sentiment est d'autant plus présent que lorsqu'on le double, il devient particulièrement collant, ne nous laissant pas la possibilité de creuser l'écart.

All the beautiful girls

Visuellement parlant, le titre est en place, poussant la PS3 dans ses derniers retranchements. Ceci dit, cela vous laissera très certainement de marbre si vous avez déjà gouté à la new-gen. Quelqu'un a dit Forza 5 ? Mais quand même, il serait ridicule de nier que ce Gran Turismo 6 est beau. Pour commencer, les véhicules standards du volet précédent sont de l'histoire ancienne. Enfin presque, car toutes les voitures ne sont pas encore égales devant les dieux polygonaux, et elles ne sont pas toutes irréprochables. Mais c'est surtout au niveau des textures que cela se voit, certaines étant encore bien pixelisées. Cela se ressent aussi dans la vue cockpit qui fait parfois franchement peine à voir. Au contraire, certaines voitures sont tout simplement splendides, leur modèle 3D pouvant aisément faire illusion sur PlayStation 4. Cependant, la modélisation des dégâts est toujours aussi faiblarde, se limitant à de légères déformations de la carrosserie. Notons enfin une petite attention fort sympathique. Lorsque vous regardez derrière vue depuis la vue cockpit, vous verrez l'arrière de l'habitacle. C'est une chose suffisamment rare pour être soulignée.
Pour ce qui est des circuits, nous ne notons que peu d'améliorations en terme de modélisation. Et le titre propose encore des circuits issus de GT4, encore un peu affiné par rapport à GT5. Cependant, certains nouveaux venus, comme Willow Springs, sont tout simplement splendides. Mais là où Polyphony Digital a concentré ses efforts, c'est sur l'éclairage et le cycle jour/nuit, dont le rendu a été grandement amélioré, en plus d'avoir été porté sur la quasi-totalité des tracés. Enfin, nous terminerons cette partie en notant quelques baisses de framerate qui viennent occasionnellement ponctuer nos parties.

Murder that sound

Côté son, Gran Turismo 6 a encore des progrès à faire. Les moteurs sonnent juste et sont crédibles, mais ils manquent globalement de profondeur, de punch. Et l'air de rien, cela contribue grandement à donner cet aspect austère au soft. De même, les crissements de pneu sont bien trop présents, passant par dessus le bruit des moteurs. Ces défauts sont mineurs, et ne gênent pas vraiment l'expérience de jeu, mais ils sont récurrents dans la série, et donc agaçant à la longue.
Pour la musique, là aussi, le titre déçoit un peu. Alors que la série est connue pour proposer une bande originale de haute volée à chaque épisode, celui-ci peine à convaincre à ce niveau-là. C'est bien simple, aucun morceau ne sort du lot. Ils ne sont pas mauvais, mais juste sympathiques, sans plus. Ceci étant dit, concernant ce dernier point, il est possible de choisir ses propres chansons, pour peu qu'elles soient stockées sur la console. Nous n'allons donc pas en faire tout un plat.

You are not alone

Comme son prédécesseur, le Gran Turismo nouveau propose du multi online, en plus du traditionnel splitscreen du mode arcade. Celui-ci est très complet, permettant au joueur de paramétrer tous les aspects de sa partie. Il faut tout de même préciser que les parties multijoueur se jouent avec les voitures acquises dans le mode solo. Le multijoueur est même inaccessible en début de partie, il vous faudra donc le débloquer via le mode solo. Heureusement, cela se fait très tôt dans le jeu.
En ligne, il est possible d'activer les dégâts mécaniques qui sont au passage assez bien gérés. Sans être un modèle du genre, cette gestion des avaries pousse les joueurs à peaufiner leur pilotage, et c'est déjà très bien. En effet, avec cette option activée, percuter un mur ou un adversaire devient vite très pénalisant. Se retrouver avec une direction bancale rend la conduite franchement plus délicate, un arrêt aux stand devenant indispensable.
Nous n'allons pas vous mentir, le multi de Gran Turismo 6 n'est pas des plus inventif. Mais il est stable et propose le même contenu que le solo, soit une quantité d'heures de jeu ubuesque. Et il a le mérite de régler le problème de l'intelligence artificielle. Ce qui est quand même fort appréciable.

Money for nothing

Parlons maintenant du système économique. Oui, Gran Turismo 6 intègre des micro-paiements, même si un paiement de 50€ n'a rien de micro. Et oui, c'est minable. Mais il y a deux limites que Polyphony Digital n'a pas franchi, contrairement à son concurrent direct. Tout d'abord, ces transactions sont cantonnées à la section « Boutique GT » du jeu, et ne nous sont donc pas imposées à chaque écran du menu. Voilà déjà un bon point, mais le plus important reste savoir si le game-design a été pensé pour ces transactions. Et la réponse est non. En effet, il est tout à fait possible de terminer le jeu avec les voitures gagnées et l'argent accumulé. Certes, on gagne moins d'argent avec les épreuves que dans les volets précédents, mais cela ne nous empêche jamais d'avancer dans le jeu, tout en nous poussant à réfléchir à nos dépenses. Dois-je vraiment acheter cette voiture ? Va-t-elle être rentabilisée avec les gains de ce championnat ? Autant de questions qu'il faudra se poser avant de passer à la caisse. Nous nous sommes même surpris à sortir la calculette pour vérifier les gains potentiels liés à l'achat d'une nouvelle voiture. Et il en est de même avec le tuning, les diverse modifications étant toujours aussi couteuses. Bref, le titre nous pousse à gérer notre budget, et la dimension économique du gameplay prend une toute autre dimension.
Après plusieurs heures passées sur ce Gran Turismo 6, il nous apparaît qu'il est un peu daté dans ses mécaniques. Et pour cause, c'est un jeu à l'ancienne, comme en témoigne l'attribution des touches par défaut, qui nous fait accélérer et freiner avec la croix et le carré au lieu d'utiliser les gâchettes. C'est d'ailleurs comme cela qu'il s'apprécie, à la dure, sans aucune aide activée, et avec un volant si possible. Il demande une concentration de tous les instants, la moindre erreur se payant cash. L'absence de rewind et autres astuces de ce genre pour permettre au joueur de se refaire en toutes circonstances donne au titre de Polyphony Digital un petit côté stressant pas désagréable du tout. En contrepartie, il peut se révéler frustrant par moment. Mais au final, ce qui compte, c'est les sensations qu'il offre sur la piste. Et là, il assure comme une bête. Même les épreuves de rallye sont plaisantes à jouer. L'absence des courses d'endurance est franchement une grosse perte, mais on ne boude vraiment pas notre plaisir le pad en main.
17 décembre 2013 à 12h01

Par

Points positifs

  • D'excellentes sensations de conduite
  • Techniquement en place...
  • Un contenu massif, et c'est peu dire
  • De l'importance de l'argent...
  • Le cycle jour/nuit franchement convaincant
  • On conduit sur la Lune mec !

Points négatifs

  • Une IA encore lamentable
  • ... Mais encore perfectible
  • Mais il manque les courses d'endurance et le mode B-Spec
  • ... A l'ajout de micro-transactions
  • Pas de réelles évolutions

Gribouillé par...

pattoune

pattoune

Ours savant

Davantage ours que savant, ce con n'a pas compris que l'hibernation c'est en hiver. Résultat, il reste cloitré dans sa grotte à longueur d'année. Ce qui arrange bien du monde. Mais ce n'est pas un mauvais bougre. Il est même plutôt drôle à l'occasion. C'est souvent à ses dépens mais chut, il faut pas le dire. Ayant été récemment rattrapé par l'eau courante et l'électricité, il est désormais en mesure, après avoir difficilement assimilé les bases de l'hygiène corporelle, de nous livrer tests, news et autres contenus enchanteurs. Il nous reste plus qu'a espérer qu'il ne lui vienne pas l'idée de faire prendre un bain à son PC... Trop tard.
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