Rayman Origins détonnait : magnifique, difficile, old-school, au level-design intelligent et à la durée de vie conséquente, il s’agissait presque d’un sans-faute pour l’équipe d’
Ubisoft. À l’annonce de
Legends, nous étions ravis et à la fois partagé : le soft surprendra-t-il autant que son ancêtre ? Le défi est de taille, et l’on va voir s’il est relevé comme il se doit.
Saute moi çi, saute moi ça, à dada sur ton moskito
Le principe reste absolument le même qu’avant : le monde est infesté de méchants, et Rayman et ses coupains doivent le libérer de l’emprise du mal. Un pitch ultra-basique, et pas vraiment au cœur de la narration puisque cette dernière se veut très approximative. Non, le véritable but, c’est de parcourir les niveaux en esquivant les pièges, en frappant les méchants, et surtout en ramassant un maximum de lums et en délivrant le plus de ptizètres possible. Simple, classique, et pourtant terriblement efficace puisque le concept marche toujours avec merveille : on prend tout d’abord un plaisir IMMENSE à mater sa télé et on passera les premières minutes à remercier cette réalisation graphique du tonnerre. Globalement dans la même donne que
Origins (qui était déjà étonnant), les développeurs se sont ici démerdés pour rajouter davantage d’effets et de modèles 3D, et ont encore plus travaillé les effets de lumières pour un résultat du feu de dieu. L’ambiance sonore est également de mise puisque c’est encore le très très bon Christophe Heral qui s’est chargé de la bande-son : entre les thèmes connus mais remixés et les toutes nouvelles compositions, le tout s’avère varié, original, inventif, drôle et en même temps parfaitement entraînant. Un des plus beaux jeux de cette génération, incontestablement.
Si c’est une parfaite réussite de ce côté-là, qu’en est-il niveau gameplay ? Car c’est bien beau d’avoir une meuf magnifique, mais si elle couche au lit comme une patate, c’est tout de suite super décevant. Surtout quand on n’aime pas la patate.
Rayman Legends, c’est grosso-merdo la même chose qu’
Origins : une jouabilité d’une excellente facture, desservie par des animations fluides et amusantes en passant par un level-design rusé. La différence ici, c’est que Murphy la grenouille sous ecsta’ vient à notre aide durant certains niveaux, ce qui change un peu la donne. En effet, son rôle est de nous faciliter la voie durant l’aventure : couper une corde afin de faire tomber un obstacle, déplacer des plateformes, chatouiller des ennemis pour faire diversion… ses actions ne sont pas variées mais elles ont le mérite de complexifier l’architecture de certains levels. Le truc, c’est que c’est à vous de le contrôler en même temps que votre personnage. Là où sur Wii U un joueur peut le manier depuis la mablette pendant que les autres jouent « normalement », rendant alors la partie bien fendarde, sur consoles, c’est au joueur lui-même de gérer l’affaire, et l’on a bien l’impression d’avoir perdu quelque chose par rapport à la version de
Nintendo. Lors de certains passages un peu tendus, on s’emmêle vite les pinceaux, et surtout lorsque l’on est plusieurs dans la partie puisque chaque joueur peut le contrôler (sauf qu’il n’y en a qu’un de Murphy, ce qui provoque indéniablement des accidents). En gros, c’est un ajout non négligeable, mais qui aurait mérité plus d’attention sur consoles car cela a vite fait de devenir bordélique.
Rayman Origins 1.8
Pour le reste, rien à redire, si ce n’est que l’on regrette, à part Murphy, le manque réel de nouveauté. En effet, qualitativement, c’est aussi bon qu’
Origins, mais peut-être est-ce un peu trop conforme, justement, à ce dernier : mêmes animations, même principe, mêmes personnages (il y en en plus dans
Legends, il est vrai), et pire, même niveaux… En effet, pendant la durée du report,
Ubisoft avait promis du contenu supplémentaire afin de remercier les fans de leur patience. Le hic, c’est que ce sont des niveaux de l’épisode précédent, légèrement retouchés et avec une difficulté revue à la baisse – l’aventure globale est d’ailleurs assez simple : ça la fout mal. Surtout quand ceux-ci représentent la moitié du nombre total des levels ! La déception est énorme, puisque l’on se retrouve avec du recyclage intensif alors que l’on était en droit d’avoir du contenu vraiment original. Alors certes, ceux qui n’ont pas fait
Origins seront ravis, car ces sections s’avèrent excellentes, mais bonjour le classicisme. Sur ce coup Michel, tu t’es bien foiré.
Malheureusement,
Legends ne se traine pas que cela comme boulet. La durée de vie, elle, est bien décevante puisque l’on met une petite dizaine d’heures pour arriver aux crédits de fin… Autant dire qu’en une bonne journée, c’est torché. En revanche, l’aventure ne s’arrête pas puisqu’il reste justement tous les niveaux tirés d’
Origins (lol quoi), mais également des stages « invasions », basés sur la connaissance parfaite du parcours et le sans-faute. C’est d’ailleurs là que l’on retrouve un tant soit peu de difficulté, certains tracés étant vraiment ardus. Grande nouveauté également : l’apparition d’un esprit compétitif online, avec des défis proposés régulièrement, des niveaux de « Génialitude » à franchir, des compétitions… Le seul vrai gros problème, c’est l’absence d’un mode multijoueur online, puisque qu’à l’instar du jeu précédent, il n’est présent qu’en local. La grosse lose : on admet tout à fait que Michel Ancel privilégie l’esprit de camaraderie tant mis à l’écart de nos jours, mais justement, ne pas pouvoir jouer avec nos meilleurs amis à l’autre bout du monde, c’est triste. On appréciera tout de même le mode Kung-Foot, bien délirant, et quelques zones bonus et surtouuut les niveaux musicaux absolument géniaux, mais franchement, un peu plus de nouveautés auraient été bienvenues.