Heavenly Sword, c’est plein de choses. C’est une rousse en héroïne principale, c’est une autiste agile en compagnon, c’est Gollum pour la motion capture, c’est du
God of War mixé avec du
Devil May Cry… et c’est une ambiance unique. Si vous connaissez un tantinet le studio de développement
Ninja Theory, alors vous savez leur tendance à valoriser l’univers et la narration.
Heavenly Sword en est un parfait exemple, puisque le monde qui en découle s’avère particulièrement prenant. Nariko, une jeune femme à la chevelure de feu, fait partie d’un clan dont les codes d’honneur sont stricts. Mais bien souvent, elle rêve de la Heavenly Sword, cette épée légendaire maudite à laquelle personne de doit toucher sous aucun prétexte. Si cette dernière procure une force et des aptitudes hors du commun, elle a aussi la particularité d’enlever la vie à celui qui la contrôle au fur et à mesure qu’il s’en sert. Mais lorsque le village de Nariko se fait attaquer par l’armée du diabolique Bohan (motion capturé par Andy Serkis, ou Gollum, entre autre), elle n’a d’autre choix que de se servir de l’arme interdite pour protéger les siens et fuir vers la liberté. Une initiative loin d’être facile à appliquer.
J’ai une envie de Nariko vert
En effet, si le scénario tient sur un timbre-poste et ne surprendra personne, l’histoire se veut prenante par sa narration réussie. Les cinématiques, magnifiques et émotives, procurent une expérience digne du Septième Art, tout comme sa bande-son entraînante et fournie. Les personnages sont bien souvent complètement barrés, mais ajoutent une touche si particulière à l’univers qu’on les remercierait presque d’être aussi étranges. Une femme sirène, un gros porc abruti, un chef d’armé cinglé, une amie déguisée en chat et véritablement cheloue… Le charisme des différents protagonistes est bien appréciable. Et la destinée de Nariko, inexorablement devinée de tous depuis le début, s’avère touchante et passionnante. Sans aucun doute est là le point fort du titre, car si le gameplay, les caractéristiques techniques et autre durée de vie sont des éléments évidemment essentiels,
Heavenly Sword nous fait voyager. Il nous capture, nous emmène dans une atmosphère sauvagement poétique, dans une histoire lyrique à mi-chemin entre le moyen-âge occidental et la mythologie asiatique. Un coktail détonnant, malheureusement entaché par des points que Ninja Theory s’efforcera de travailler d’avantage sur ses projets suivants.
Qu’est-ce que deux haricots qui se battent ? Un Bonduel
Là où le bât blesse, c’est bien dans sa structure, linéaire. Si le dirigisme n’est pas forcément un défaut, ici, on se contente de couloirs et d’arènes où l’on devra éliminer les dizaines d’ennemis pour avancer. Absolument rien d’original, et il n’est pas bien difficile de deviner les inspirations des développeurs… En plus des QTE, le gameplay rappelle celui d’un grec chauve et enragé, croisé avec celui d’un chasseur de démon aux cheveux blancs, voire à un ninja cagoulé hyper agile. À l’instar de
DmC : Devil May Cry, dont on peut désormais comprendre la provenance de sa jouabilité, les attaques se décomposent en plusieurs catégories : celle de base, à vitesse et aux dégats modérés, où Nariko utilise ses deux épées. La puissante, où la Heavenly Sword est utilisée dans sa forme entière et où les coups sont lents mais destructeurs, et la légère, ou notre héroïne s’inspire des Lames du Chaos de Kratos pour attaquer, à base de chaînes tranchantes très rapides aux dommages légers. Ces différentes possibilités offrent des combos esthétiquement très réussi, sans parler des exécutions brutales à souhait, mais malheureusement pas aussi profond qu’un
DMC. On se lassera donc assez vite, d’autant plus que le bestiaire est assez peu varié : on est alors restreint à se battre constamment contre les mêmes bonhommes à chapeau chinois, et à exécuter toujours les mêmes techniques… Cependant,
NT a pensé utiliser la fonction gyroscopique de la
SixAxis avec la possibilité des choppers des éléments du décor et les envoyer où bon vous semble en les dirigeant au pad dans un petit bullet-time. Cet élément du gameplay servira également pour quelques phases d’adresses, assez peu inédites pour un jeu du genre… Fort heureusement, les boss, assez nombreux, sont là pour vous rappeler que vous êtes dans un BTA véritable. Plutôt ardus, notamment le boss de fin réputé pour sa difficulté, ces ennemis demandent des techniques particulières et pas mal de game over. Là encore, on aurait aimé plus de rejouabilité étant donné qu’il n’y a que deux modes de difficulté, dont le « difficile » à débloquer à la fin de votre partie en « normal ». De même, pas d’objet à récupérer, pas de bonus alléchant à débloquer (à part les cinématiques et des artworks), ni même de trophée… Ici, on se contente de tracer et de tuer. Tracer, c’est d’ailleurs bien le mot puisqu’Heavenly Sword est très, trop court. Cinq heures, c’est environ le temps qu’il vous faudra pour torcher le seul mode solo disponible sur la galette. C’est court, mais fort heureusement, le jeu est aujourd’hui disponible pour autant de sous qu’un McDeluxe.

Monsieur et Madame Co ont un fils. Il s’appelle Harry.
Mais vous allez me dire que cela a beau couter cinq euros de nos jours, qu’est-ce que c’est si c’est tout moche ! Eh bien non, HS n’est pas laid du tout. Se ventant de pouvoir afficher des centaines d’ennemis à l’écran en temps réel sans lags, le titre nous le confirme en effet lors de champs de batailles plutôt sympathiques, bien qu’un peu vides. Si, aujourd’hui, les graphismes de 2007 commencent bien à se faire sentir (hormis les cinématiques, vraiment classes), le jeu se rattrape grandement avec des environnements magnifiques et dépaysants. Les animations sont plutôt fluides, l’I.A. n’a rien d’extraordinaire mais fait son boulot, le charach’design est incontestablement réussi : nous avons là des petits développeurs au grand potentiel. Cependant, seuls les cheveux de Nariko font encore tâches, et il faut bien avouer qu’il s’agit là d’un élément difficile à réaliser. Et bien que
Ninja Theory ait révélé avoir beaucoup travaillé sur le mouvement de sa chevelure, on dirait malgré tout qu’elle se trimballe le drapeau enroulé de l’Espagne en guise de chouchou. Ouais, pas très très classe. Mise à part cela, son popotin rattrape tout à fait son brushing.