Comme beaucoup de gens, j’ai découvert
Heavy Rain l’année dernière et depuis ce moment, je n’ai fait que m’intéresser de plus en plus à ce titre qui est tout sauf un jeu vidéo classique. A mi-chemin entre un jeu et un film, le terme qui court sur la toile et que j’utilise également très souvent pour essayer de décrire le jeu est "film interactif". Je pense sincèrement que ce terme est ce qui correspond le mieux à
Heavy Rain puisqu’on peut réellement se placer devant en tant qu’acteur ou bien en simple spectateur. David Cage, le scénariste et réalisateur du jeu a accompli un travail qui risque encore une fois de transformer le jeu vidéo. Mais dans quel sens ?
« Gimme more than the life I see »
Les jeux vidéo évoluent en permanence. De console en console, d’époque en époque, de génération en génération, l’évolution est constante mais jusqu’à présent, toutes les créations gardaient des traits communs. Aujourd’hui, nous avons affaire à
Heavy Rain et il est impossible de le comparer à d’autres jeux. Inutile de chercher une quelconque ressemblance avec des titres auxquels vous avez joué précédemment, c’est peine perdue. David Cage nous avait déjà habitués à des jeux qui faisaient évoluer le genre avec
Nomad Soul et
Fahrenheit, seulement aujourd’hui c’est une expérience vraiment originale à laquelle il nous convie à bras ouverts.
Un nouveau gameplay ainsi qu’une nouvelle façon d’aborder le scénario amène à une nouvelle approche du jeu. J’ai envie de vous raconter ce qu’il s’est passé dans mon aventure, mais ce serait complètement dérisoire étant donné que la vôtre peut prendre 1000 tournures différentes. Doté d’une intrigue prenante, ce titre vous fait évoluer aux commandes de quatre personnages différents, c’est donc vous qui déciderez du scénario que vous voudrez voir. Etes-vous plus action, plus réflexion, plutôt passif ? Votre façon de jouer fera évoluer l’histoire dans un sens complètement inédit. Il y a de multiples fins et celles-ci arriveront en fonction de la façon dont vous gèrerez votre aventure.
Le cocu… c’est toi !
D’un joueur à l’autre, d’une façon de jouer à l’autre, vous pourrez vivre la même aventure de plusieurs façons différentes. Vous pourrez rester fort et fier en gardant en vie tous vos personnages (4 au total) ou bien en en faisant mourir un ou plusieurs. Tout ceci aura une incidence sur le déroulement du scénario et le dénouement de l’intrigue. Comme je vous le dis depuis le début, tout ce que vous ferez, ou ne ferez pas, aura une influence sur l’histoire. Vous parviendrez à faire tous ces choix grâce au système de jeu qui a été pensé pour être le plus fluide et possible. Rares sont les passages d’action pure et de toute façon le gameplay, une sorte de système basé sur les QTE avec une simple pression sur un bouton ou un mouvement de joystick, ne leur permet pas d’être jouées.

J’ai envie de réellement mettre l’accent sur le gameplay parce que c’est lui qui fait une partie du croisement entre le jeu vidéo et le film. Son affichage complètement fondu dans l’environnement et sa fluidité font que du point de vue d’un spectateur, on se croit rapidement devant un film d’animation. D’ailleurs en parlant des animations,
Heavy Rain est une véritable merveille. Le travail réalisé par
Quantic Dream est tout simplement somptueux. Il aura fallu un an de séances de motion capture pour arriver à ce résultat, mais ça en vaut réellement la peine. Je ne suis pas certain de dire que
Square-Enix n’est plus le maître incontesté en la matière, mais en tout cas, sa fin est proche s’ils ne réagissent pas rapidement.
Tu la sens ma grosse intelligence ?
Depuis tout à l’heure je vous parle de ce que j’ai ressenti en jouant à
Heavy Rain au lieu de vous décrire le jeu à proprement dit, mais je vous rassure, c’est une démarche tout à fait intentionnelle. Je pense sincèrement que raconter le jeu, dévoiler le scénario, ou encore vous expliquer telle ou telle sensation, serait complètement inutile.
Heavy Rain n’est pas un jeu qui se raconte, c’est un jeu qui se joue, ou mieux, qui se vit. Même si le joueur est relativement passif lorsqu’il se lance dans cette aventure, il est pris à parti et c’est à lui que revient de faire vivre ses personnages, de les faire avancer, de décider de leur sort. Non, nous ne sommes pas dans un jeu de Peter Molyneux, mais c’est l’implication du joueur qui décidera du dénouement de son aventure.
Enfin, comme beaucoup de gens se plaisent à le dire et comme David Cage nous l’a confirmé lors de la présentation du jeu,
Heavy Rain a pour but de prouver au monde que les jeux vidéos ne sont pas entérinés dans une seule catégorie. Les premiers joueurs ont grandi, les créateurs ont vieilli et nous sommes arrivés à un moment où il fallait que le jeu lui aussi fasse quelques pas en avant. Résolument mature et complètement rédhibitoire pour tous les ados en quête de vice ou de sensations fortes, ce titre a le don de jouer avec nos émotions. C’est pour cette raison que j’en suis complètement fan.