Test : The Last Tinker - PS4

The Last Tinker - PS4

The Last Tinker - PS4

Genre : Aventure/Action

Partager
Il fut une époque où les jeux d'aventure/plates-formes typés cartoon constituaient le genre dominant du marché vidéoludique. Une époque révolue, s'achevant avec la fin du règne de la PlayStation 2. Malgré tout, certains studios continuent de croire en une éventuelle et glorieuse renaissance. Parmi eux, le jeune studio allemand Mimimi Productions, qui nous livre avec The Last Tinker un véritable hommage dont l'aura de sympathie nous aura fait sourire plus d'une fois. Fermez les yeux et préparez-vous à embarquer dans le monde coloré de Tinkerworld...

Test effectué à partir d'une version PS4

Couleurville. Havre paisible et débordant de couleurs. Cette palette éclatante de teintes saturées incarne d'ailleurs sa philosophie, dans l'union et la diversité des espèces et de leurs croyances. Une solidarité qui, tristement, ne saurait durer puisqu'un mystérieux esprit symbolisant la blancheur pure ne va pas tarder à plonger ce petit monde dans une neutralité absolue. Une neutralité qui va conduire les trois principaux quartiers de la ville, chacun personnalisé par une couleur (rouge, vert et bleu) à se sectoriser, développant chez certains une haine non dissimulée des autres couleurs, chez d'autres une peur de l'étranger. Le racisme s'installe lentement mais sûrement, jusqu'au jour où l'entité malveillante décide de voiler la ville d'une épaisse nappe de matière blanchâtre, surnommée "grisaille". C'est peu de temps avant cet évènement que commencent les péripéties de notre jeune héros, Koru, accompagné de Tap, adorable petite bestiole-peluche qui prendra la parole à sa place, à la manière d'un Jak & Daxter premier du nom.
Dès les premiers instants de jeu, on sent un amour évident de la part des développeurs pour les jeux du genre : un univers coloré, des personnages attachants, une atmosphère musicale enjouée, un humour piquant, et une jouabilité qui s'assimile en douceur. Tout y est, ou presque, et nous renvoie avec nostalgie en ces temps où l'on s'amusait avec Crash Bandicoot, Spyro, Sly Cooper, Ratchet & Clank et autres consorts injustement sous-estimés tels que Legend Of Kay, Kya Dark Lineage et le fabuleux Beyond Good & Evil de Michel Ancel.

Des couleurs jusqu'au bout des ongles

Le gameplay se veut d'ailleurs assez proche de ce dernier, ou encore même d'un Zelda, les sauts étant automatisés et les combats prenant une part importante dans l'expérience de jeu, via un système d'attaque et de parade faciles à maîtriser. Des phases de grind sur des rails, des séquences d'infiltration, des mini-puzzles à résoudre, de l'exploration pure, des cabrioles agiles et scriptées, et même de la course à pieds, etc, une variété de situations appréciables, quoique limitées et pas franchement très originales. L'ensemble fonctionne néanmoins plutôt bien et la progression se veut fluide, au sein d'environnements diversifiés, le tout pour une durée de vie tout à fait honnête - comptez entre 6 et 8h pour votre première session - au vu du faible coût du jeu. La rejouabilité, en contre-partie, n'est pas des plus conséquentes, le seul intérêt à se relancer dans l'aventure une seconde fois, au-delà du plaisir purement ludique, étant limité à la collection de pinceaux parfois bien dissimulés et qui demanderont de fouiller les décors de fond en comble. Ces items vous permettront ainsi d'acheter des bonus, allant du cheat code burlesque (mode grosse tête et autres joyeusetés) aux galeries d'artworks.
Avant d'énumérer plus en détails les quelques défauts du jeu, une mention spéciale aux musiques composées par Filippo Beck Peccoz, d'une grande richesse dans ses textures et instrumentations. Rappelant parfois la patte si particulière de Stewart Copeland sur les premiers Spyro, la bande-originale nous plonge également de temps à autres dans des atmosphères envoûtantes et mélodieuses. Une très jolie réussite à ce niveau qui se doit d'être signalée.

En demi-teinte ?

Nous vous avions déjà donnés un aperçu relativement complet du jeu dans notre preview, en vous faisant part de nos impressions somme toute positives, malgré quelques réserves. Il s'avère que le bilan de ce test se montre très proche de notre premier ressenti. En effet, les quelques défauts que nous redoutions sont malheureusement toujours présents, avec une jouabilité un peu flottante d'un côté, et des interactions parfois peu réactives, ce qui a tendance à rendre les combats assez mous. D'autant plus regrettable étant donné que le jeu fait clairement la part belle à cet aspect. Cela étant dit, l'expérience demeure tout à fait satisfaisante, même si l'on aurait tendance à qualifier le système de combat de Arkham-like pour enfants, ce qui en soi ne serait pas gênant s'il se montrait plus pêchu et intense. Un constat se retrouve également durant des séquences portées sur la furtivité, parfois gâchées par des déplacements trop lents. Le mixage du son, lui aussi, manque souvent de punch, la faute à des bruitages trop effacés, mais l'excellente bande-originale mentionnée auparavant vient compenser ce manque avec brio. Dernier point noir à noter, du moins sur la version PS4, qui souffre de ralentissements plus ou moins fréquents, sans être foncièrement pénalisants. Une optimisation souffreteuse, probablement due à l'intégration récente et donc bancale de la technologie Unity sur la console nouvelle génération de Sony.
Bref, rien de bien méchant, rassurez-vous, on parle bien ici de défauts mineurs, jamais handicapants. Au-delà de ces quelques ratés, c'est avant tout un certain regret qui prédomine. Si notre premier contact avec The Last Tinker nous avait fait miroiter une histoire résonnante, avec des thématiques fortes et une réflexion certes légère mais bien présente sur la notion de différence entre individus, l'aventure nous aura clairement laissés sur notre faim. Car malgré une narration tout à fait correcte pour un titre du genre, la trame scénaristique peine à élever son ambition au fil de sa progression, nous menant vers une conclusion prévisible et ne parvenant jamais à embrasser pleinement les thématiques instaurées en début de jeu. On aura droit de temps à autres à quelques modestes twists et tentatives de développement des personnages, mais rien qui sache toutefois nous transporter. Certains jeux cartoon ont pourtant déjà réussi ce pari, tel que l'excellent Ratchet & Clank : A Crack In Time, à mi-chemin entre space opera épique et véritable fable intergalactique.
Développé avec amour par de jeunes créateurs, The Last Tinker est un jeu débordant de bonne volonté, et d'une authentique sincérité. Malgré des défauts évidents, il s'impose parmi ces productions indépendantes au grand cœur qui suscitent davantage l'attachement affectif que la frustration. Quelques imprécisions viennent de temps à autres ternir un gameplay que l'on aurait souhaité plus vif et réactif, mais qu'importe, le plaisir de jeu est bien là. C'est à un voyage mélancolique que nous content les développeurs de Mimimi Productions, et devant un univers aussi tendre et sympathique, fort d'une direction artistique plutôt étonnante, nous aurions eu bien du mal à rester indifférents. Suite à l'annulation du portage sur Xbox One, la faute à des ventes médiocres sur PlayStation 4, nous ne saurions que trop vous encourager à mettre la main à la poche, ce pour une somme modique, si tant est que vous soyez fervents défenseurs de l'aventure/plate-forme cartoonesque. N'oubliez pas que tout achat, qu'on le veuille ou non, est un acte militant... À bon entendeur !
27 janvier 2015 à 10h39

Par

Points positifs

  • Une forte identité visuelle et musicale
  • Une aventure qui se laisse parcourir avec plaisir
  • Rapport prix/durée de vie
  • Un bel effort de résurrection d'un genre évanoui

Points négatifs

  • Le mixage et design audio parfois trop en retrait
  • Une trame scénaristique en panne d'ambition sur le long terme
  • Une jouabilité parfois imprécise et peu réactive
  • Des ralentissements sur PS4
Revenir en haut