Le Kyrat, tel est le nom du cadre dans lequel vous allez évoluer dans
Far Cry 4. Exit l’île exotique de Rock Island dans
FC3, et place à un environnement tout aussi sauvage : c’est aux pieds de l’Himalaya, et bien souvent dessus, que vous allez devoir défaire le régime d’un dictateur un peu malade sur les bords. Avant, il y avait Vaas, le mercenaire à la personnalité monstrueuse mais ô combien charismatique. Mais ça, c’était avant. Maintenant, il y a… Pagan Min. Venant tout droit de Hong Kong et ayant grandi dans le merveilleux monde du crime organisé grâce à Papa le mafieux des Triades, ça ne pouvait que déraper dans la cervelle de ce nouvel antagoniste aux tendances mégalomanes.
« FAIT DIVERS : Après l’Équipe de France de Football et Keen’V, Pagan Min prouve qu’on peut définitivement accéder à la renommée avec une coupe de cheveux indécente »
Vous, vous êtes Ajay. Né dans la région mais exilé avec votre mère aux Etats-Unis dès votre enfance, c’était sans doute la meilleure chose à faire pour fuir le régime dictatorial imposé par Pagan Min. Lors du décès de sa mère, Ajay souhaite exaucer son dernier vœu : ramener ses cendres au Kyrat pour qu’elle repose en paix. Seulement voilà, une fois passé les frontières, votre urne à la ceinture, vous tombez sous la coupe (pas de cheveux) de Pagan, avec qui vous semblez d’ailleurs avoir des liens étroits. Vous faîtes la connaissance du Sentier d’Or, une organisation rebelle créée par votre père dont le but est de renverser Pagan Min, avec laquelle vous collaborez bien vite. Tout un programme, d’autant plus que le grand méchant dispose de plusieurs bras droits (tel un Mackogneur, mais différent quand même) qui sèment la terreur et contrôlent presque entièrement la région. À l’instar de
Far Cry 3, il vous faudra reconquérir le territoire en délivrant des camps occupés par l’ennemi, désactivant les tours de radio propagandistes, accomplissant diverses missions annexes telles que des attaques de convois ou des libérations d’otages tout en avançant dans la campagne principale.
Ne le nions pas, cette dernière est de qualité. Ajay est un personnage assez commun mais appréciable, et rencontrera surtout des protagonistes charismatiques : on pense à Yoggi et Reggie qui passent leur temps à fumer cette formidable Marie-Jeanne tout en expérimentant sur vous la dernière drogue hallucinatoire, l’excentrique couturier M. Chiffon ou encore l’ex-seigneur de guerre africain Longinus, qui se range derrière la religion en associant chaque acte de violence à un vers de la bible. Pagan Min, quant à lui, s’avère vraiment différent de Vaas, ce qui est une chose réconfortante. Machiavélique et intelligent, le roi auto-proclamé dispose d’un charisme imposant malgré ses apparitions trop peu fréquentes. A plusieurs moments de l’histoire, Ajay devra faire des choix, avec comme conséquence le patron changeant du Sentier d’Or dont le sort de Kyrat dépend. Le joueur se sent impliqué et dispose de pas mal de choix : un bon point donc. Seulement, on regrette grandement que l’aspect philosophique soit autant écarté dans ce quatrième épisode. Là où Jason, le héros de
FC3, arrivait dans un monde brutal loin de sa sphère euphorique de jeune riche américain, et se transformait lentement en machine à tuer en s’acceptant tant bien que mal, Ajay, lui, n’est pas du même rang. Le bonhomme n’a pas trop de remord à ôter la vie, et s’exécute pour le Sentier d’Or de façon un peu trop machinale, se rapprochant bien du standard vidéoludique. La progression du joueur est bien entendu là : un arbre de compétences similaire à celui du précédent épisode est un passage obligé (on est pour ce faire obligé d’accomplir nombre de missions secondaires en même temps que les missions primaires, ce qui enrichit l’expérience), mais a moins de débouchés scénaristiques que l’aventure de
Far Cry 3. Hormis une thématique intéressante abordée à la toute fin du jeu et dont l’abord dépend du coup de vos choix, ainsi qu’un fameux easter egg de début vraiment intelligent,
Far Cry 4 s’avère moins futé, moins malin dans la trame qu’il propose malgré des bonnes mises en situation. Une histoire pas forcément décevante, juste… dépaysante.
L’éléphant, enfin l’occasion pour un asiat’ de montrer qu’il a une grosse trompe
Far Cry 4 reprend tout de même beaucoup de points forts de son prédécesseur. Peut-être même un peu trop : comme l’on en doutait,
Ubisoft n’a pas pris beaucoup de risques et nous a pondu un jeu dont l’armature est très similaire à celle de
FC3. Que ce soit dans les mécanismes de reconquête de la map, dans son gameplay ou dans l’évolution de son personnage, ça n’a pas changé d’un iota. Ce n’est pas forcément un mal, car il faut avouer que le tout reste aussi excellent qu’avant : l’infiltration est savoureuse, avec des capacités déblocables de folie et le sentiment grandissant d’être un prédateur; les combats sont nerveux, violents, on se soigne dans un recoin en remettant en place son poignet déboité avant de cramer tout un camp au lance-flamme (feu dont le mouvement est toujours impressionnant); on parcourt la carte en buggy, camionnettes, deltaplane ou wingsuit… À chaque composante,
Ubisoft a travaillé légèrement sur leur complétion en apportant ça et là quelques ajouts. On pense notamment à de nouvelles armes : l’arbalète, le lance-missile téléguidé, un harpon et un paquet d’armes spéciales uniques. Dans le rayon des véhicules, on peut désormais monter un éléphant pour tout démonter sur son passage à coup de trompe et de défense, disposer d’un mini-hélicoptère très souple, d’un hydroglisseur à l’efficacité redoutable… A savoir qu’il est désormais possible de tirer en voiture et même d’activer un pilote automatique, ce qui facilitera la tâche lors des courses-poursuites.
Quelques finesses donc, mais rien qui ne mérite le titre d’« innovant». Au final, le plus grand changement restera le cadre : les couleurs automnales du Kyrat contrastent avec la chaleur étouffante des précédents opus. On sera amené quelques fois à escalader l’Himalaya pour s’y retrouver au sommet, cherchant alors des bombonnes d’oxygène en deux conduites de jet-skis et deux ou trois éclatements de crâne au fusil à canon scié. Le level design, un peu plus montagnard forcément, justifie l’apport du grappin : on pourra alors grimper certaines falaises et franchir des ravins en s’accrochant à sa petite corde à l’ancienne dans une jouabilité des plus simples. La faune, elle, bouge un petit peu avec l’arrivée des éléphants bien sûr, mais aussi des rhinocéros, des dholes, des poissons-démons ou encore de ces petites putes hargneuses de ratels. En gros, il y a de quoi faire dans
Far Cry 4 : la carte est gigantesque et regorge de lieux, d’objets et de missions à accomplir. Une belle durée de vie est au programme : comptez une vingtaine d’heures pour terminer la campagne et une bonne dizaine d’autres pour une fouille approfondie. Le concept de
FC4 est rôdé :
Ubisoft n’a pas apporté beaucoup de choses depuis le dernier opus, mais a su renouveler suffisamment l’aventure pour que le joueur n’en pâtisse pas. Un joli titre, beau comme un dieu sur console next-gen qui plus est, idéal pour terminer la fin d’année en toute jovialité.