Il est difficile d’évoquer
Media Molecule sans penser à l’empreinte laissée par la série
Little Big Planet depuis 2008 et faisant le grand plaisir des possesseurs des machines de
Sony. Outre le fait de proposer une aventure mignonne et très plaisante en coopération, les
LPB proposaient une approche active de notre médium, en passant du statut de joueurs passifs à celui de véritables créateurs, mettant leur imagination à contribution pour créer des niveaux et les partager à l’ensemble des autres joueurs.
Alors que l’outil de création dans l’univers des sackboys se limitait assez rapidement à l’ajout de simples structures, pièges et objets, Dreams, la nouvelle création issue de chez Media Molecule, fait figure de gigantesque toile vierge prête à accueillir et mettre en pratique toutes les idées farfelues des joueurs. Quand je dis gigantesque, c’est que votre imaginaire sera presque votre unique limite tant les outils proposés par Dreams se rapprochent de ceux utilisés par les professionnels sur Unreal ou encore Unity, mais en beaucoup plus accessibles.
Disponible depuis une année en accès anticipé, Dreams s’est laissé approcher par un certain nombre de joueurs impatients de pouvoir proposer leurs créations : un mouvement plutôt malin par les développeurs, leur permettant d’ajouter de nouveaux outils au fur et à mesure et, surtout, d'avoir une base de contenus de qualité à proposer pour la sortie finale du jeu, il y a quelques jours. S’ils aiment mettre en avant l’imagination débordante des joueurs, ils n’en restent pas moins besogneux. En plus d’avoir façonné un nombre hallucinant d’outils, ils ont également offert un mode « solo » au jeu baptisé « Le Rêve d’Art », racontant l’histoire d’un contrebassiste en manque de confiance et cherchant à combattre ses démons pour remonter sur scène avec son groupe. C’est touchant, c’est très beau et très bien raconté en plus de montrer toute l’étendue de la puissance créatrice de Dreams : on peut tout y faire, en termes de style de jeu, forme, rythme… et heureusement que le joueur est pris par la main et sagement guidé à travers tous les nombreux modes présents dans le jeu. Alors que la partie « onirique » de Dreams vous permettra simplement de profiter des créations des autres joueurs (qui peuvent être aussi bien des petits jeux solos que des scènes recréées ou des modèles statiques en 3D), le mode « créateur » est ponctué de tutoriaux vous guidant pas à pas à travers la très touffue création de niveaux. Elle peut paraître intimidante au début, surtout en utilisant la manette qui n’est pas super ergonomique pour ce genre d’atelier, mais une fois les premiers paliers de difficulté passés, vous pourrez vraiment prendre du plaisir à construire et mettre en place vos constructions.
Transpirer pour mieux créer
Les tutoriaux plus « avancés » pourront vite faire grimper votre température corporelle de quelques degrés si vous n’avez pas prévu d’y passer du temps et d’avoir la motivation nécessaire pour progresser et créer ce qui vous fait plaisir. Fort heureusement, Media Molecule a pensé à vous et a disposé dans le jeu (soit à travers les niveaux créés, soit via des récompenses de hauts faits facilement récupérables) des « assets » prêts à l’emploi, qu’il s’agisse d’une pièce de décor, d’une musique ou d’un paysage entier. Fort heureusement, vous pourrez aussi récupérer du matos créé par d’autres joueurs qu’ils pourront partager dans le Dreamverse, le modifier et le repartager à l’infini : car c’est aussi ça Dreams, s’entraider, partager et créer pour le bien de toute la communauté.
Moi qui suis plutôt passif, j’aime utiliser Dreams comme ma petite usine à découvertes funs sur laquelle je me prends à faire un tour, de temps en temps, et voir à quel point les créations des joueurs prennent de l’ampleur pour faire émerger des idées tantôt stupides mais brillamment exécutées, tantôt brillantes mais debout grâce à deux, trois bouts de ficelle. Pour naviguer dans toutes ces additions quotidiennes, les développeurs ont su mettre en place un moyen de navigation très efficace où l’on peut passer très rapidement d’une création à l’autre, selon une thématique, un concours spécifique ou un groupe de créateurs en particulier. Il y a toujours quelque chose à voir et le tout se fait de manière extrêmement fluide sans temps de chargement qui casseraient ce momentum de l’exploration. Il faut également compter sur le bon goût des joueurs qui n’hésitent pas à noter les meilleurs niveaux afin de pouvoir en faire une sélection « du tout meilleur » de Dreams. On déguste alors ces niveaux à la suite comme des petits amuse-bouches détonants d’inventivité sur des sessions plutôt courtes, mais intenses.