Test : The Last of Us Part II - PS4

The Last of Us Part II - PS4

The Last of Us Part II - PS4

Genre : Babysitting apocalyptique

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Il y a des séries, des films ou des livres qui, une fois dévorés, prêtent au débat. Dont, une fois digérée l'essence, on a envie d'en partager l'expérience, d'en débattre, de confronter nos avis et nos sentiments. The Last of Us fait partie de ces titres rarissimes qui, une fois complétés, donnent une insoutenable envie d'en discuter avec d'autres. Son épilogue sera-t-il capable de la même prouesse ?

Test effectué à partir d'une version PS4

Tout d'abord, à ceux qui n'ont pas fait le premier épisode, je vous incite drôlement à réparer cette erreur. Vous pouvez lire le test ici, mais que cela ne vous empêche pas de vivre l’aventure vous-même. Commencer par l’épisode 2 est nul, sachez-le. Si vous y tenez tant que ça, faites-le, mais vous loupez une incroyable leçon de storytelling comme uniquement Naughty Dog en a le secret.

Urbex Paradise

L’histoire de The Last of Us : Part II entre donc dans la continuité de celle du premier épisode. Logique, me direz-vous, mais pour être tout à fait honnête, je rêvais en cas de second épisode que les personnages et les protagonistes soient différents. J’ai aimé le premier The Last of Us, je n’avais pas envie que ce qui était écrit par la suite puisse entacher, corrompre quelque peu, l’histoire achevée. Un scénario efficace et une mise en place lente et implacable de celui-ci donnaient finalement lieu à l'une des meilleures expériences vidéoludiques connues, au moins sentimentalement. L’histoire me convenait, n’appelait à aucune suite, et The Last of Us : Part II, dans un autre endroit du monde post pandémique, avec d’autres personnages, cela aurait été une alternative qui m’aurait plu. Regrettons-nous cependant que le second épisode se situe avec les mêmes protagonistes ?

The Last of Us II

Proud Feminist

Difficile de vous parler du scénario de The Last of Us : Part II, tant sa découverte par vous-même est importante pour profiter de l’histoire à sa juste valeur. Contentons-nous de reprendre les mots des développeurs : c’est une histoire de vengeance, tout simplement. Les années ont passé, et le monde a continué à dépérir, même si les humains semblent s’être globalement un peu mieux organisés, par exemple en petites villes fortifiées, pour mieux faire face aux rejetons que les champignons cordyceps ont produit. Si vous avez un petit peu l’habitude de ce genre de scénarios, on ne peut pas dire que celui-ci va réellement vous surprendre dans son écriture. En revanche, ce que Naughty Dog accomplit en matière de storytelling est une fois de plus une performance assez unique en matière de jeux vidéo, voire novatrice.

The Last of Us II

Killing in the name

Nous reviendrons sur l’histoire et surtout sur sa narration un peu plus tard dans le test pour tout d’abord parler de ce qui est supposé être l’essence du jeu, à savoir son game design. The Last of Us : Part II ne bouscule pas beaucoup le gameplay du premier épisode et c’est tant mieux. Simple, maîtrisé, il évolue de manière suffisamment intelligente pour ne rien complexifier inutilement et surtout essayer de s’ancrer dans la continuité de la narration. Par exemple, permettre de faire en sorte de s’emparer d'un objet pour le jeter au visage d’un ennemi et courir dessus l’achever tant qu’il est étourdi, le tout dans une continuité assez naturelle. Ce sont des petits ajouts qui rendent l’expérience toujours plus immersive, comme exploser du coude les vitres de n’importe quel cadavre de voiture que l’on croise sur sa route, ou encore faire en sorte qu’améliorer une arme à l’atelier n’arrête pas le temps. Si des soldats sont dans la pièce d’à côté et font des rondes, pas la peine de penser améliorer un peu la puissance de son gun pour les affronter, ils vous surprendront en plein atelier custom.

The Last of Us II

Pas con Jean-Pierre, pas con

L’intelligence artificielle ennemie est aussi un petit peu plus maline que dans le précédent épisode, ce qui la place clairement au-dessus de ce qui se fait habituellement dans un jeu d’action. Les ennemis entendent lorsque vous rechargez et en profiteront pour vous foncer dessus. Lorsque vous restez un petit peu trop au même endroit, ils n’hésiteront pas à vous contourner ou à éviter de ressortir la tête au même endroit si vous les attendez avec le viseur prêt pour le headshot. Enfin, il est maintenant possible de réaliser de petites esquives contre les ennemis, humains ou infectés, permettant des contres ou, contre les plus gros, la fuite. Il y a aussi maintenant des chiens qui pourront vous repérer à l’odorat et qui ne faciliteront évidemment pas du tout vos assassinats en mode stealth. Ce qui me fait soulever un réel point négatif du jeu, à savoir qu’on tue des doggos. Pas cool. Toutes les améliorations, ou en tous cas les changements, ont cet objectif affiché de renforcer au maximum l’immersion, et ça fonctionne plutôt très bien. L’aventure, que vous vivrez la plupart du temps accompagné d’un PNJ, vous permettra de constater aussi à quel point celui-ci a pris du plomb dans l’aile. Il est très justement dosé dans ses interventions dans son ensemble, aide quand il faut, divulgue des informations, sait se faire discret quand il le faut. Au-delà des combats, finalement assez classiques, vous ne rencontrerez aucune réelle difficulté le long de votre parcours. Si vous aurez souvent l’impression d’être à court de munitions, sachez que l’exploration est très très récompensée.

Indiana Jones is a legend

Cet épisode fait d’ailleurs la part belle à l’exploration et au loot, peut-être même un peu trop. Les espaces sont souvent plus grands et demandent beaucoup de temps pour être explorés à fond, tant et si bien qu’à force d’appuyer frénétiquement sur Triangle devant tous les meubles, on en oubliera bien souvent de lever la tête et contempler à quel point la direction artistique est parfaite en tous points. Le souci du détail, si caractéristique de Naughty Dog, est bien présent une fois de plus. Il est si agréable de lever la tête et contempler une fois de plus cet univers où l’on se sent tout petit, où la nature a repris ses droits. Ces magasins que l’on peut aisément trouver en bas de chez soi, mais ici vieillis, poussiéreux, à la végétation luxuriante et envahissante. C’est un bel univers que l’on retrouve ici, dans lequel on a envie de se perdre. Ce que l’on vous conseille grandement du reste, prenez le temps de faire The Last of Us : Part II. N’en faites pas une indigestion, donnez-lui le temps d’être exploré. Du reste, il regorge de pas mal de surprises.

The Last of Us II

Storytelling level max

Enfin, parlons du réel point important du jeu, à savoir son storytelling. L’histoire est somme toute convenue et logique si l’on prend un peu de recul. Les ficelles scénaristiques sont nécessairement un peu plus grosses que dans le précédent épisode, c’est une certitude. En revanche, il y a plusieurs points sur lesquels Naughty Dog se révèle novateur. Qu’on aime ou non, l’intention est vraiment louable. Tout d’abord, à tous ceux qui n’ont pas voulu regarder les trailers pour ne pas se spoiler, regardez-les. C’est peut-être le seul jeu dont l’expérience générale commence en réalité dès les premiers trailers. Il ne divulguent rien et, mieux, renforcent l’expérience, et vous comprendrez où je veux en venir en jouant. Ensuite, ce que l’on apprécie particulièrement, c’est la manière dont l’histoire nous est contée. Nous ne sommes plus dans un univers de méchants et de gentils, la vérité n’est pas noire ou blanche mais se situe environ au milieu, en zone grise. Le parti pris narratif ne va pas forcément toujours plaire, voire diviser. Mais il a pour lui d’être innovant, et on se retrouve parfois dans des situations que l’on n’a tout simplement pas envie de vivre, ce qui est une première.

The Last of Us II

Ah ouais comme ça ?

Ce parti pris, que nous ne divulguons évidemment pas, donne un éclairage et une expérience nouvelle à l’histoire. Dans son ensemble, on regrettera quelques moments un petit peu « ventre mou ». La tension monte parfois et, arrivée à son pinacle, peut retomber au profit un flash-back qui, s’il sert l’histoire à coup sûr, peut hélas desservir le rythme global. Malgré ces petits soucis de balance, il faut surtout retenir ces moments hors du temps dont Naughty Dog a le secret et dont on se souviendra à jamais. Cette manière qu’ils ont de jouer avec nos sentiments, à n’importe quel instant de l’aventure. Une petite pause guitare au coin d’un magasin en ruine suffit à faire monter les frissons sur le bras. Oui, The Last of Us : Part II offre ces moments uniques dans une vie de gamer, où les sentiments prennent le pas sur le jeu, où l’on comprend les intentions des auteurs et qui, non contents de jouer avec notre petit cœur, amènent au débat. The Last of Us : Part II est violent, sans pitié et sans concession. C’est unique, car mature, réfléchi et très respectueux de son public. Il fait partie de ces titres infiniment rares qui impliquent émotionnellement leurs joueurs, et qui ont compris l’intérêt d’une narration poussée dans un jeu vidéo, sans pour autant renier le gameplay. Beaucoup termineront The Last of Us : Part II les yeux humides. Et pourtant on n’est pas des fragiles, hein.

The Last of Us II


The Last of Us : Part II est une évidente réussite de Naughty Dog, une fois de plus. La direction artistique est sublime, le gameplay agréable et le storytelling unique, une fois de plus. Si celui-ci accuse peut-être quelques baisses de rythme dues à certains choix narratifs, il reste une expérience magique à vivre dans son ensemble. Violent, dur, mature et adulte, il offre une fois de plus un voyage inoubliable dont on ne ressortira pas indemne, c’est certain.
12 juin 2020 à 09h00

Par

Points positifs

  • Adulte et mature, des qualités rarissimes dans le jeu vidéo
  • Storytelling intelligent et novateur
  • Direction artistique sublime
  • Gameplay efficace au service de l’immersion
  • Souci du détail permanent
  • Profondeur de champ inhumaine
  • L’exploration, vaste et rewarding
  • Quelques scènes uniques qui réussissent à retourner les tripes

Points négatifs

  • Tuer des doggos. Et franchement on a essayé de les contourner, c’est pas possible.
  • Quelques chutes de rythme et moments « ventre-mou »

Gribouillé par...

Lorris

Lorris

Fin limier du mot

Jean-Claude Van Damme au corps, Jean-Claude Dusse dans la tête. C'est parfois l'inverse.

Twitter : @Yolorris

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