Rien ne va plus dans le monde d'Erion. La guerre fait rage depuis bien trop d'années entre plusieurs factions. La raison ? Un artefact baptisé le Chaudron de Cristallisation, qui a le pouvoir bien utile de créer à l'infini des Phozons, la source de magie locale. Malheureusement, en contrepartie, c'est tout l'équilibre du monde qui est mis en péril... C'est sur ce pitch de départ que repose
Odin Sphere : Leifhtrasir. Un scénario qui, peu à peu, va se dévoiler de cinq manières différentes, puisque le titre propose au joueur de suivre autant de héros différents : Gwendolyne, Oswald, Cornelius, Mercedes et enfin Velvet. Si le fond de l'histoire reste le même, tout ce qui l'entoure varie donc en fonction du héros suivi, que ce soient ses liens avec les autres personnages ou tout simplement son but. Petit à petit, le scénario se complète donc et ce n'est qu'à la toute fin que le joueur connaît tous les tenants et aboutissants du titre de
Vanillaware. De quoi toujours donner envie d'en savoir plus, évidemment, même si cette manière de dévoiler l'histoire comporte forcément le risque de lasser le joueur qui est tout de même martelé cinq fois par la même trame de fond. Au moins, les cinq héros sont assez différents les uns des autres et le bestiaire est suffisamment varié, c'est déjà ça.
Du (vrai) neuf avec du vieux
En revanche, que ce soit la valkyrie Gwendolyne, la sorcière Velvet ou le prince Cornelius transformé en Pooka (de petits lapins), ils se manient tous de la même manière. Ils peuvent tous sauter, planer et frapper, même s'ils ont des armes différentes. Évidemment, chacun a ses petites spécialités grâce justement aux armes qu'ils possèdent. Ces dernières sont en effet toutes ornées de ce qui s'appelle des Psyphères, qui sont des cristaux récupérés dans les Enfers et octroyant des pouvoirs variés. Par exemple, Gwendolyne possède des attaques spéciales utilisant le gel, là où Cornelius profite pour sa part de skills de foudre, et ainsi de suite. Toutes ces attaques ne sont toutefois pas disponible d'office et il s'agit pour les débloquer de trouver dans les maps des Prismes Phozons (ils peuvent être indiqués sur la map ou cachés, donnant simplement un indice au joueur sur sa localisation et le poussant à explorer toujours plus), chaque prisme débloquant une nouvelle aptitude. Elles peuvent être actives (création de stalagmites, attaque en vrille...) ou passives (augmentation des dégâts en cas de combos, etc) et peuvent toutes être améliorées via les phozons. Ces phozons représentent un point essentiel de cet
Odin Sphere : Leifthrasir puisqu'ils servent aussi à faire pousser des plantes donnant de la nourriture, nourriture qui sert à gagner des points d'expérience et à regagner un peu de vie. Où se trouvent-ils ces fameux phozons ? Certaines plantes spécifiques en donnent, mais la plupart apparaissent dès qu'un ennemi est tué.
Si le joueur décide de faire le titre d'un bloc, sans prendre la peine de reparcourir des niveaux déjà terminés, il doit donc trouver le bon équilibre dans l'utilisation de ses phozons : s'il est certes essentiel d'améliorer son arme et ses attaques, il est également important de faire pousser quelques fruits permettant de gagner des niveaux rapidement (d'autant plus que grimper de niveau permet de regagner des points débloquant des compétences passives, par exemple infliger plus de dégâts à des ennemis de dos, faire baisser les prix dans les boutiques, etc). La nourriture occupe d'ailleurs une place importante, puisqu'il est aussi possible de se rendre dans plusieurs restaurants histoire de grignoter quelque petits plats apportant un gros gain d'expérience. Mais fort heureusement, il est possible de refaire tous les niveaux, les ennemis étant de retour pour en découdre, laissant toujours derrière eux phozons et autres récompenses, comme de l'argent ou des fioles pour l'alchimie – mais nous y reviendrons plus tard.
Les combats, justement, ne dépayseront pas ceux ayant déjà terminé
Muramasa, par exemple. Les maps sont divisées en plusieurs petites zones, plus ou moins nombreuses, et la plupart regorgent d'ennemis, voire de minis-boss. Une fois un tableau nettoyé, le joueur se voit offrir une note basée notamment sur les dégâts reçus et la durée de l'affrontement. Action / RPG de son état,
Odin Sphere : Leifthrasir lorgne donc allègrement du côté du beat'em all en poussant le joueur à sortir toujours plus de combos – au sol ou aériens, et enchaîner les combats devient rapidement addictif. Si au départ ce n'est pas forcément évident, puisque le peu d'attaques disponibles oblige bien souvent à marteler le même bouton, débloquer de plus en plus de skills permet de se faire un peu plus plaisir. Même si ces skills ne peuvent pas être utilisés à l'infini : certains nécessitent des points de magie (récupérés lorsque le héros gagne des phozons) et d'autres puisent dans une jauge de puissance se régénérant toute seule plus ou moins lentement en fonction de l'équipement choisi.
Tu sais que t'as de beaux yeux ?
Cet équipement peut être acheté (voire revendu, l'inventaire étant assez limité) dans les boutiques présentes dans des zones ''amicales'', ou bien looté, sachant que chaque héros n'a droit qu'à trois pièces d'équipement. Les marchands et les niveaux permettent également de récupérer des fioles nécessaires à l'alchimie. Un élément à ne pas négliger puisqu'il permet bien souvent de se sortir d'une situation compliquée. Le joueur peut en effet créer des potions de soin, bien utiles face aux boss, et des potions d'attaque. Créer une tornade de gel dans laquelle les ennemis seront piégés et blessés, créer une colonne de feu se déplaçant vers l'avant, invoquer des élémentaires protégeant de certaines attaques... Beaucoup de choses sont possibles et c'est un vrai plaisir de les découvrir et de les créer. Pour se faire, il suffit d'avoir deux éléments : une fiole vide et des mandragores poussant dans le sol. Il suffit ensuite de les mélanger pour créer la potion désirée, sachant que le résultat est indiqué à l'avance – ce qui est tant mieux puisque les possibilités sont nombreuses. Les potions varient en effet en fonction de l'ingrédient que l'on met dedans (équipement, nourriture...), puisque les mandragores ne sont pas obligatoires, et en fonction du nombre d'ingrédients, puisqu'une seule mandragore ne donnera pas la même chose que trois mandragores. Et les joueurs les moins doués seront certainement ravis de savoir que le jeu se met en pause lorsque l'on farfouille dans le sac, que ce soit pour faire de l'alchimie ou pour choisir une potion à utiliser, et ce même en face des boss. Mais le titre n'étant en règle générale pas bien difficile, ce n'était pas forcément nécessaire. Les adeptes de challenge devront d'ailleurs se tourner vers le New Game + proposant une difficulté bien relevée.
Mais de base,
Odin Sphere : Leifthrasir propose déjà un contenu assez conséquent. Plusieurs dizaines d'heures sont nécessaires pour voir le bout de l'histoire, un mode supplémentaire se débloque par la suite, donc, et la version classique PS2 est également jouable. Il y a donc de quoi faire, pour le joueur qui préfère tout faire en ligne droite ou celui qui désire prendre son temps et ''farmer'' afin de faire grimper toutes les attaques de tous ses héros au maximum, même si le risque de vite tomber dans la répétitivité est bien là. Et la cerise sur le gâteau, c'est que, visuellement, cette mouture 2016 est magnifique, il n'y a pas d'autre mot. Non seulement la direction artistique fantasy est inspirée (avec force elfes, nains, volcans et autres forêts), mais en plus la réalisation est clairement à la hauteur,
Vanillaware ayant fourni un travail remarquable. Les niveaux, tout en 2D en scrolling horizontal, sont colorés et fourmillent de détails, que ce soit au premier ou au second plan. Partout, la vie se fait ressentir : là des fleurs doucement bercées par le vent, ici des étoiles tourbillonnant dans le ciel, là encore de la lave bloblotant tranquillement dans son coin... Les personnages ne sont pas oubliés, leurs animations restant toujours fluides et suivant sans sourciller la vitesse de l'action. Bref, une vraie pépite pour la rétine, comme les autres productions du studio d'ailleurs, qui bénéficient tous de cette patte ''dessiné à la main''. Les tympans ne sont par ailleurs pas oubliés grâce à des musiques inspirées et des doublages réussis, qu'ils soient anglais ou japonais. Enfin, tout le reste est intégralement en français, ce qui est assez rare pour être souligné.