Dans l'univers des Digimon, le monde est scindé en deux : le réel et le digimonde. Ce dernier, composé de données informatiques, renferme les Digimon, des créatures numériques plus ou moins hostiles. Pour se rendre dans cette zone parallèle, plusieurs moyens sont mis à disposition des humains, comme des portails spécifiques ou tout simplement des connexions Internet. Mais ça, c'est quand tout se passe bien, et ce n'est pas franchement le cas dans ce
Digimon Story : Cyber Sleuth. En effet, un mal mystérieux ronge le monde, comme va vite le découvrir le héros de l'histoire (garçon ou fille, c'est au joueur de choisir) : alors qu'il discutait en ligne avec des amis, il rencontre un hacker qui semble tout sauf amical. Après les avoir menacé, le rustre s'en va aussi vite qu'il est venu. Une simple blagounette? Peut-être pas, car les problèmes arrivent dès que le héros tente de se déconnecter d'EDEN, la sorte d'Internet dans laquelle il se trouve. Son corps est tombé dans un mystérieux coma et son âme doit trouver refuge dans un corps fictif afin de pouvoir évoluer dans le monde réel. Un événement qui est loin d'être isolé puisque de plus en plus d'utilisateurs d'EDEN s'endorment sans plus jamais se réveiller. Recruté par une agence de détectives spécialisés dans le numérique, il va enquêter en leur compagnie sur ce mystère bien mystérieux, qui gangrène petit à petit les deux mondes...
LA génération digitale
L'aventure de
Digimon Story : Cyber Sleuth se déroule donc dans deux mondes bien distincts et le joueur alterne en permanence entre les deux. Dans l'univers réel, le héros passe une grosse partie de son temps à enquêter, notamment en se rendant dans des endroits spécifiques pour parler à des PNJ. Mais il est également possible de participer à des tournois de combats entre Digimon ou encore d'aller effectuer quelques achats, entre deux quêtes annexes. Des quêtes secondaires qui prennent forcément la forme de petites enquêtes à résoudre, histoire de faire progresser son équipe. Celles-ci sont plutôt agréables à suivre, avec des histoires résolument ancrées dans l'univers digital, comme par exemple un développeur qui demande de l'aide pour aller détruire un bug qui s'est infiltré dans son jeu, même si la finalité est finalement souvent la même : se rendre dans l'autre monde et effectuer quelques combats avant de toucher au but. Le scénario principal, d'ailleurs, est lui aussi plutôt intéressant à découvrir sans pour autant être révolutionnaire, avec des personnages hauts en couleurs et un côté un peu moins enfantin que ce que l'on pourrait croire au premier abord. Cerise sur le gâteau, les doublages (japonais) sont convaincants et donnent agréablement vie à des dialogues qui manquent parfois un peu d'inspiration. Même si un gros point noir vient tout de même apporter une ombre au tableau : le titre, bien que tout de même destiné aux enfants et aux adolescents... n'est pas traduit en français. Les sous-titres sont en effet uniquement en anglais, de quoi se couper d'une très grande partie du public ciblé.
Comme dit précédemment, une partie du jeu se déroule dans le monde virtuel où les Digimon côtoient les humains et où les hackers foutent un sacré bordel. Le joueur passe donc de longs moments dans cet endroit divisé en zones distinctes. Il y a par exemple un endroit où le héros peut communiquer avec les autres, histoire d'obtenir des informations sur l'enquête en cours. Certains PNJ ont de petits cadenas au dessus de la tête et il s'agit de leur donner le mot clé correspondant afin de libérer l'info désirée. Ces mots clés sont donnés au cour de conversations, il s'agit donc de prendre le temps d'écouter tout le monde afin de pouvoir progresser. Il y a également les donjons, comme dans tout bon RPG qui se respecte, où les combats s'enchaînent.
Digimon Story : Cyber Sleuth a opté pour un tour par tour classique, simple mais toujours diablement efficace, où les Digimon peuvent lancer des attaques basiques ou encore des Skills variés, offensifs (attaques liées aux éléments : feu, eau, etc.) ou de soutien (soins, amélioration globale de l'attaque...). De temps à autres, une attaque à plusieurs peut se lancer et, en fonction de leur niveau de camaraderie, les Digimon seront deux ou trois à répondre à l'appel – puisqu'une équipe active ne peut comporter que trois combattants. Autant dire que les dégâts sont plus conséquents lorsque les trois monstres se combinent. Ce qui est utile lorsque le challenge arrive... Même s'il n'arrive qu'au bout d'un certain nombre d'heures, avec parfois quelques pics de difficulté.
Dur à digirer ?
Au bout d'un certain nombre de niveaux gagnés, les Digimon ne peuvent plus en gagner, il s'agit donc de les faire ''digivolver''. Car contrairement aux Pokémon, ils ont besoin qu'on le fasse pour eux, cette bande de feignasses. Pour ce faire, un seul endroit : le DigiLab. Un lieu où le héros passera d'ailleurs un temps fou à jouer à l'apprenti sorcier. Car en plus de faire évoluer les Digimon, ce qui nécessite des conditions à remplir (un certain nombre de points de vie, un niveau minimum, etc) et ramène la bestiole au niveau 1, on peut aussi les dé-évoluer, leur faire subir un entraînement intensif sur la FarmIsland ou encore les créer. Là aussi, il s'agit de prendre en compte une condition essentielle, à savoir celle d'avoir suffisamment scanné la bestiole désirée. En effet, chaque ennemi est scanné au début d'un combat (avec un taux qui peut varier de 10 à 30%) et, une fois que ce dernier est à 100%, il est possible de le créer. Libre ensuite à chacun de se confectionner une équipe de choc, en faisant attention à ce que la mémoire globale de l'équipe reste dans les clous. Comme pour les cartes mémoires des consoles de l'époque (ça nous rajeunit pas), l'équipe a droit à un certain nombre de ''slots'' libre. Chaque Digimon en occupe un certain nombre et il est donc impossible de dépasser. Évidemment, plus le monstre est évolué et plus il prend de la place... Et moins l'équipe peut avoir de Digimon en réserve. Heureusement, il existe des objets destinés à faire grandir la mémoire globale de l'équipe, histoire de suivre en conséquence. De quoi rajouter un petit zeste de stratégie à l'ensemble.
Finalement, là où
Digimon Story : Cyber Sleuth pèche le plus, c'est non pas sur son fond mais bien sur sa forme. Les graphismes du titre de
Bandai Namco sont clairement d'un autre âge, que ce soit sur PS4 ou PS Vita (même si ça passe mieux sur la portable de
Sony), et ne sont d'ailleurs pas sans rappeler les dernier
Tales of, qui tournent sur un moteur vieillissant. Ainsi, les décors sont figés et, même si le monde réel a droit à davantage de détails, avec de nombreux magasins et de jolies couleurs flashys, les environnements des donjons sont désespérément vides. Alors certes, on peut avancer qu'il s'agit d'un monde virtuel, mais tout de même : ne peut-on pas imaginer autre chose que des couloirs composés de gros pixels bleus ? Les personnages et Digimon – bien que mignons - ne sont pas beaucoup mieux lotis puisque leur modélisation est extrêmement simple, il n'y a pas de fioritures dans les vêtements et les animations sont globalement assez rigides. Au moins, le titre n'est pas parasité par des temps de chargement longs et nombreux, ce qui est toujours bon à prendre. Les musiques sont quant à elles plutôt sympas bien que très génériques et revenant rapidement en boucle.