A l’exception des trames scénaristiques fort sympathiques des Bad Company, DICE et les histoires, c’est souvent compliqué. Un défaut du studio qui se remarque également sur ses productions d’à côté (coucou Mirror’s Edge, au revoir Battlefront) et qui ne manque pas de nous claquer la bise avec Battlefield 1. Pourtant le prologue d’ouverture fait forte impression. De manière habile, il fait comprendre au joueur le funeste foutoir qu’était ce premier conflit mondial au travers des Harlem Hellfighters. Un point de vue intéressant et rarement abordé mais qui malheureusement se saucissonne beaucoup trop vite, tout comme le reste de la campagne.
Divisée en cinq chapitres, l’aventure de Battlefield 1 peine à décoller. Certes, le ton mature et la remarquable esquive du manichéisme font plaisir à voir. Mais fallait-il pour autant proposer cinq histoires différentes ? Car si DICE a du mal à maîtriser une histoire de bout en bout, en raconter plusieurs sur des durées plus réduites ne semble pas être la meilleure idée qu’il soit. Déjà parce que les acteurs principaux doivent être développés sur des séquences plus réduites (cinq histoires différentes qui oscillent entre trente minutes et une heure de jeu) et que forcément, ça finit par coincer. Au mieux on commence à s’intéresser à leur destin à la fin du récit, ce qui nous laisse sur notre faim. Au pire, on s’en bas royalement. Pas spécialement bien écrits ni marquants, ces héros tardent à briller. Côté « yabon », la campagne en char d’assaut est sans conteste la plus réussie et s’étend sur un peu plus d’une heure, n’oubliant pas d’initier le néophyte aux contrôles des véhicules ainsi qu’à leur réparation. Entre deux prises de points et destructions d’artillerie on sortira faire l’éclaireur dans un épais brouillard de guerre, ou bien pour infiltrer un village occupé par l’ennemi. Les situations ne sont jamais les mêmes trop longtemps, et en plus d’avoir des protagonistes plutôt accrocheurs, quelques plot twist sympathiques viendront rythmer l’affaire. On kiff.
Malheureusement, on ne peut pas en dire de même pour le reste. Si le contexte prête à quelques séquences épiques maîtrisées, on s’ennuie fermement. Entre l’histoire de guerre de papy contée à sa petite fille (pour une durée de 30 minutes chrono sans réel challenge), celle d’un vétéran Australien qui décide de superviser un jeune mais dont on s’en balance tellement c’est mal amené, et la campagne insipide qu’est celle de l’acolyte de Lawrence D’Arabie, ça fait juste. Le récit prenant place dans les airs relève un peu le niveau grâce à un gameplay qui en met plein les mirettes, mais son cliffhanger de fin et ses trous dans la narration finissent par le plomber. A tout ça, il faut ajouter le fait que ces petites histoires ont la fâcheuse tendance de recycler les cartes multijoueurs pour leurs niveaux, en plus de proposer une opposition pas franchement flamboyante. Heureusement pour nous, les forces de Battlefield n’ont jamais résidé dans son aventure solitaire. Bien au contraire.
#SQUADGOALS
C’est au final dans les entrailles de l’Internet et avec son squad que Battlefield 1 conte ses meilleures histoires. La guerre totale s’y exprime dans toute sa fureur en partie grâce au Frostbite 3 qui propose des visuels et des destructions à couper le souffle, mais aussi grâce à cette échelle des combats qui permet d’instaurer des lignes de fronts sanglantes. Comme d’habitude, on prend son pied à naviguer entre nos bottes et les différents véhicules proposés par le jeu, que ce soit a terre, en mer ou dans les airs. Nettoyer quelques blocs du centre-ville d’Amiens à coups de gaz et fusil à pompe (pratique pour les tirs au jugé, car le masque à gaz vous empêche d’utiliser la visée rapprochée) avant d’embarquer dans un bombardier et faire un peu de ménage pour ses copains au sol dans le désert du Sinaï, ça n'a pas de prix. Et si vous avez l’âme d’un cavalier, vous passerez des heures sur les canassons qui font leur entrée dans la série. Ils sont très utiles pour se rendre d’un point A à B rapidement mais aussi pour contourner les bidasses de l’équipe d’en face, qui bien souvent finiront leur vie au bout de votre sabre. Une des meilleures features du titre, assurément.
Les classes restent essentiellement les mêmes, mis à part quelques détails. En assaut, on retrouve des fusils à pompe ainsi que des mitrailleuses légères, mais les gadgets sont désormais anti-tanks. Les kits de soin d’autrefois retournent dans la classe médecin qui marque son retour avec des fusils automatiques puissants. Le soutien embarque toujours son stock de munitions à partager et se targue du mortier alors que la classe éclaireur vous en fera voir de toutes les couleurs avec ses snipers très « user friendly ». Nouveauté lorsque vous embarquez dans un avion ou sur un cheval depuis la carte : la classe du véhicule (pilote ou cavalier) vous est associée, comportant ses armes et gadgets définis. Fini les snipers qui se parachutaient sur des positions inatteignables ! Quant aux armes et gadgets, ils s’acquièrent en dépensant des bons de guerre qui est la monnaie obtenue à chaque passage en niveau. Le matériel disponible à l’achat est celui associé à votre niveau de classe, qui s’étend de 1 à 10 avec une progression liée aux actions adéquates (exemple : soigner ses coéquipiers en tant que médecin). Un système malin qui, dans ses rouages, pousse à jouer en équipe pour progresser plus vite, ce qui n’est pas pour déplaire dans un titre où le teamplay prime plus que tout.
Si on passera vite sur le mode Pigeon de Guerre (il faut empêcher l’équipe adverse d’envoyer des coordonnées via un pigeon - et on peut trouer le pigeon), sympathique mais pas vraiment Battlefield, on retiendra toutefois Opérations. Sorte de mélange entre l’indémodable mode Conquête et Ruée, le concept réside dans la capture de points par paire pour ensuite étendre la carte et accéder à de nouveaux points. Le but pour l’attaque est donc de conquérir la carte entière, et dispose de trois essais pour ce faire en cas d'échec. Toutefois, si la défense ne réussit pas à épuiser tous les tickets de l’équipe d’en face et perd la partie, c’est pas fini ! Le conflit est transféré sur une autre carte et continue. Basé sur des batailles historiques, ce nouveau mode réussi à instaurer un « plus grand tableau » à ses joutes en ligne, renforçant l’immersion et l’investissement dans des parties qui peuvent parfois dépasser l’heure de jeu !
Battlefield 1 c’est aussi le plein de petites choses ici et là qui font zizir. La reconnaissance (R1/LB) est plus précise et moins grossière qu’auparavant, les options vous permettent de tout modifier à votre guise, de la couleur du texte à la taille du radar, Battlelog c’est fini, les serveurs ont tenu le choc au lancement (!), le Frostbite 3 est vraiment très très propre (cet anti-aliasing sur consoles !), d’ailleurs les versions PS4 et Xbox One sont très bien optimisées, la charge baïonnette est vraiment cool à utiliser, la destruction est totale et nous fait grandement penser à Bad Company 2, aucun lag à déplorer après 50 heures de jeu (!) et j’en passe, DICE nous livre là un très bon produit. Si l’on écarte la déception du solo (qui n’en est pas vraiment une, tant ça n’a jamais été le focus principal de la franchise), la seule critique majeure à émettre envers le titre concerne sa politique de DLC. Oui, encore une fois il va falloir passer à la caisse pour son Season Pass. Encore une fois la communauté va être scindée en deux. Et comme par hasard, on va devoir raquer notre armée française avec ces DLC. Y en a qui perdent vraiment pas le nord.