Autant le dire tout net : si vous attendez un titre avec un scénario poussé, vous pouvez passer votre chemin.
Digimon World : Next Order propose en effet un semblant d'histoire pas bien passionnante à suivre avec un héros (ou héroïne) totalement cliché. L'avatar du joueur se retrouve en effet aspiré dans le Digiworld sans vraiment savoir comment et pourquoi puisqu'il est amnésique. Il va donc lui falloir récupérer ses mémoires petit à petit en côtoyant toujours plus de PNJ. Bref, du vu et revu, que ce soit dans des jeux vidéo ou des animés. Malgré tout, cette non-présence de scénario est assumée puisque cet épisode mise sur autre chose, à savoir la collectionnite des Digimon. Ainsi, si le héros possède de base deux Digimon - à choisir en début de partie parmi 10 œufs, il doit agrandir le village de Jijimon servant de hub. Et pour ce faire, il n'y a pas 36 solutions : explorer le vaste monde et proposer à des Digimon sauvages de rejoindre la communauté. Ces derniers demanderont toujours quelque chose en échange avant d'accepter, comme un combat ou encore un objet bien spécifique. Et, une fois un certain nombre de Digimon atteint, le village peut s'agrandir et évoluer grâce aux matériaux lootés dans l'aventure.
Petit monstre, tu es le champion
Comme dit juste au-dessus, le joueur doit donc en début de partie choisir deux Digimon. Un choix qui peut sembler déchirant au premier abord puisque dix œufs sont proposés. Il est néanmoins possible de tous les avoir à un moment ou un autre puisque ces charmantes petites bestioles ont une durée de vie. Au bout d'un certain temps, Mère Nature fait son œuvre et elles meurent, ce qui les fait revenir à leur état originel. Le joueur peut alors décider de reprendre les deux mêmes ou bien d'en essayer de nouveaux, sachant tout de même que ceux qui ont déjà vécu renaissent avec des stats un peu plus améliorées que lors de leur première éclosion. Car oui, il faut bien améliorer tout ce petit monde, et ce via de l'entraînement. Il y a en effet une salle d'entrainement dans le village de Jijimon et le héros y passera de looooooongs moments avec ses deux compagnons. Sur place, il a la possibilité d'améliorer plusieurs stats (force, vitesse, magie, PV, etc), ce qui permet aux Digimon d'évoluer au bout d'un certain temps. Plusieurs stades sont disponibles (Entrainement I, Entrainement II, Disciple...) et il s'agit donc de booster autant que possible les petits monstres avant de se lancer un peu plus loin dans l'aventure. Précisons tout de même que les évolutions sont différentes en fonction des stats boostés : un Digimon à l'attaque plus avancée n'aura ainsi pas la même évolution que le même ayant mis en avant la vitesse, par exemple.
Autant dire que les plus réceptifs y passeront de longues heures, d'autant plus que plus de 230 Digimon sont présents dans ce
Digimon World : Next Order. En dehors de l'entraînement, il s'agit de materner les deux petites bébêtes comme des gosses en bas âge : leur donner à manger quand ils ont faim (et ils le font bien savoir en se plaignant), les emmener aux toilettes (...), les féliciter, les envoyer se coucher lorsqu'ils sont fatigués (un cycle jour / nuit étant proposé), voire les gronder s'ils résistent... Bref, autant d'éléments qui plairont ou agaceront les joueurs. Il est ainsi possible d’interagir avec eux à tout moment puisqu'ils suivent en permanence le joueur à la manière d'un Pikachu dans
Pokémon Jaune. Et ils en profitent, les bougres, puisqu'il est impossible de faire deux pas sans que l'un ou l'autre indique qu'il a vu quelque chose d'intéressant, qu'il a envie de manger, qu'il se sent un peu fatigué, et ainsi de suite. Un petit côté
Tamagotchi qui n'a donc pas grand-chose à voir avec l'aventure proposée dans
Digimon Story : Cyber Sleuth. Ce qui se ressent d'ailleurs également dans le déroulé de l'aventure, en tout cas durant les phases d'exploration (qui s'alternent à un rythme assez haché avec celles d'entraînement, mais nous y reviendrons un peu plus tard).
Tamagotchi(eur)
Car là où l'opus précédent donnait des quêtes au joueur en plaçant des marqueurs sur la carte, ce nouvel épisode le livre totalement à lui-même pendant une très grosse partie de l'aventure, et ce dès le départ. Tout ce qu'il sait en début de partie, c'est qu'il a pour mission de repeupler le village de Jijimon et qu'il ferait mieux d'améliorer ses deux Digimon jusqu'au stade de Disciple avant de sortir dans la nature. Car, sur place, des bestioles hostiles n'hésitent pas à venir chercher la bagarre. Et, là encore,
Next Order se détache de
Cyber Sleuth en laissant tomber le tour par tour classique. Ce n'est d'ailleurs même pas le joueur qui contrôle les Digimon, puisque ceux-ci attaquent de leur propre chef. Ils se déplacent ainsi dans de petites arènes et tentent de venir à bout de leurs adversaires en lançant des attaques spéciales, en s'entraidant (si leur jauge d'amitié est suffisamment élevée) ou encore en fusionnant. Et le joueur dans tout ça ? Il peut tout simplement les aiguiller en leur demandant d'effectuer telle ou telle action, et ce s'il possède suffisamment de points d'influence sur eux. Mais, dans les faits, donner des indications ne sert pas à grand-chose puisque les Digimon font un peu n'importe quoi. Par exemple, si le héros possède une bestiole dont l'attaque est de cracher du feu, il ne pensera pas à s'approcher de son ennemi avant de le flamber sur ordre du joueur. Une intelligence artificielle pas franchement au top, ce qui se voit de toute façon dès le départ, avec des déplacements pas bien logiques dans les arènes ou des combattants qui restent les bras ballant en attendant d'être battus.
Rageant, d'autant plus que la difficulté n'est pas bien claire dans ce titre PS4. Si les ennemis ont des niveaux, ce n'est pas le cas des deux Digimon du joueur, et c'est un peu au pif que ce dernier se lance dans des affrontements, surtout qu'il est tout à fait possible de vaincre un adversaire de niveau 15 pour par la suite se faire laminer par un autre de niveau 8... Et encore, c'est sans compter certains pics de difficulté présents au cours de l'aventure. Bref, autant d'éléments qui ne participent malheureusement pas à rendre le système de combat intéressant, le joueur ne pouvant pas faire grand-chose durant ces moments-là. D'ailleurs, perdre en combat est assez lourd de conséquence puisque cela influe grandement sur la durée de vie des Digimon. Or, il faut des bestioles suffisamment évoluées pour pouvoir explorer toujours plus loin. Ainsi, ce principe augmente artificiellement la durée de vie : déjà que le joueur passe trois plombes à entraîner ses combattants pour pouvoir aller plus loin, les perdre un peu trop tôt l'oblige à devoir tout recommencer depuis le départ. D'ailleurs, certains passages sont impossibles à passer si les Digimon ennemis ont un type plus fort que ceux du joueur. Dans ce cas là, il n'y a pas d'autre choix que d'attendre la mort des Digimon, pour ensuite faire éclore de nouvelles bestioles au type plus intéressant, les entraîner et retenter le coup...
Digital Girl in a Digital World
Et tout ce petit système rend le rythme du jeu particulièrement haché. Alors que, avec son côté
Tamagotchi,
Digimon World : Next Order n'avait nullement besoin d'augmenter sa durée de vie, potentiellement gargantuesque pour celui qui voudra tester toutes les combinaisons possible. Si cet épisode nécessitait quelque chose, c'eût été d'une réalisation un peu plus moderne. On ne va pas se mentir, vous vous en êtes rendus compte tous seuls comme des grands en regardant les screenshots, cet opus est franchement vilain. Le moteur est vieillissant, les environnements - bien que variés (vertes prairies, volcans, passages enneigés...) - sont vides et souffrent de textures baveuses et autres clipping, les animations sont rigides, les donjons ne sont que des suites de couloirs sans vie... Bref, une technique indigne de la PlayStation 4, et même de la PS Vita, les japonais ayant eu droit à ce support également. La bande-son est pour sa part assez oubliable, mais les adeptes de la V.O. seront sans aucun doute ravis de savoir qu'il est possible de choisir entre des voix anglaises ou japonaises. Mais le must reste tout de même une traduction française intégrale, ce qui n'était pas le cas de l'épisode précédent, ce qui mérite tout de même d'être souligné puisque cela permet à tous les fans de la licence de profiter de ce
Next Order.