Smith est un détective tout ce qu'il y a de plus heureux : il aime son job, il aime sa femme, il aime ses deux enfants, bref, il aime sa vie. Jusqu'au jour où tout bascule. Alors qu'il faisait du camping avec sa petite famille, sa femme est sauvagement assassinée et sa progéniture kidnappée. Sept ans après cette funeste nuit de juin 1969, il n'a pas retrouvé ses bambins et il a même été dans l'obligation de rendre sa plaque de policier après s'être montré un peu trop brusque avec des suspects. Comme on peut s'en douter, le bougre est totalement détruit, mais une affaire l'intrigue tout de même depuis quelques temps : la disparition d'un nombre assez alarmant d'enfants dans la petite ville de Gloomywood. Particulièrement touché par ce sujet, il va donc seul se lancer à leur recherche, les autorités semblant incapables de les retrouver. Mais il est loin de se douter de ce qui l'attend durant ses investigations... Il est toutefois difficile d'en dire plus concernant l'histoire de
2Dark sans gâcher le plaisir de la découverte.
2Dead
Enfin, plaisir, c'est vite dit, tant les sujets abordés sont durs, noirs, glauques voire macabres. Autant vous le dire tout net : si vous êtes particulièrement sensibles à la cause des enfants, vous pouvez passer votre chemin, vous risquez d'avoir du mal à en voir le bout. Si la narration est assez minimaliste, le joueur ne découvrant l'histoire qu'en trouvant des documents de ci delà, l'ambiance a pour sa part été particulièrement travaillée. Les adeptes de polars noirs en auront pour leur argent, avec un détective désabusé habillé d'un imper qui passe son temps à fumer et à jurer, qui court après des adversaires à la morale plus que douteuse, le tout dans un décor crade et, la plupart du temps, en grande partie dans l'obscurité. Bref, il n'y a pas grand-chose à reprocher au titre à ce niveau-là. Ce que l'on pourrait en revanche reprocher, c'est le manque de profondeur des personnages. Alors, certes, il est assez difficile de proposer un background extrêmement travaillé à des PNJ dans un titre où la narration est si minimaliste. Mais proposer d'un côté des thèmes aussi forts et d'un autre de grands méchants aussi vides, c'est tout de même plutôt dommage...
Mais le plus grand problème de
2Dark ne provient pas de là. En fait, le gros problème de
2Dark, c'est tout le reste, malheureusement. Le gameplay, tout d'abord. Le studio
Gloomywood n'a jamais caché vouloir faire un titre ''à l'ancienne'', et c'est le choix des développeurs, mais c'est le ''à l'ancienne'' frustrant. On peut ainsi noter la gestion très peu intuitive de l'inventaire, d'autant plus que Smith récupère régulièrement des items pas bien utiles pour sa progression et qu'il faut souvent l'ouvrir pour récupérer une source de lumière, l'I.A. pas bien logique et assez changeante, le level-design pas toujours inspiré et obligeant le joueur à faire des allers-retours, ou encore une lisibilité parfois proche du néant, la faute à une obscurité omniprésente (sans parler de la caméra isométrique impossible à bouger). Ce qui est, là encore, un gros souci, car
2Dark propose des mécaniques d'infiltration assez peu compatibles avec ce genre de lisibilité. En effet, s'il est théoriquement possible de terminer les niveaux en laissant tout un tas de cadavres sur place, le joueur comprend bien vite qu'il a plutôt intérêt à rester discret. Smith meurt quasiment sur le coup à chaque fois et son pistolet est bien souvent inutile. Lorsque l'on sait qu'il faut plusieurs balles pour tuer un ennemi, que les munitions sont limitées et que le bruit attirera d'autres ennemis, on préfère donc passer tout en douceur, ou au pire utiliser une arme blanche qui tue en un coup lorsque l'on frappe dans le dos.
2Hard
Sans oublier de sauvegarder tout le temps, partout.
2Dark ne dispose pas de sauvegardes automatiques et, vous l'aurez compris, son statut de ''die & retry'' le classe dans la catégorie des titres à la difficulté retorse. Autant dire que de nombreux joueurs jetteront rapidement l'éponge, lassés par des morts souvent injustes... Ou bien seront-ils exaspérés par les pleurs et les cris des enfants à sauver. Car non seulement il s'agit de les appâter avec des bonbons si l'on veut qu'ils suivent le héros (oui oui), mais il faut qui plus est souvent leur dire de la fermer, le silence étant d'or dans ce titre – d'ailleurs, il faut la plupart du temps se déplacer sur la pointe des pieds, bonjour la rapidité. Là encore, c'est vraiment dommage, car sur le papier la gestion des enfants était une idée intéressante. Dans les faits, ces sales gosses chialent toutes les deux secondes et le joueur doit donc spammer non-stop la touche dédiée au ''chuuuut !'', tout en devant prendre garde à bien éviter les ennemis. Le sauvetage des enfants étant le but premier du jeu, qui s'étale sur une poignée de niveaux et une petite dizaine d'heures, autant dire que les nerfs des joueurs seront mis à rude épreuve, mais pas pour les bonnes raisons (en tout cas pour les raisons auxquelles on peut s'attendre d'un survival-horror).
Visuellement, le titre de
Gloomywood ravira sûrement les fans de petits jeux indés en pixels, même s'il s'agit ici de ''voxels'', comprenez par là des pixels en 3D. Là encore, l'ambiance sombre et crade se fait ressentir partout et de simples petits détails viennent donner vie aux différents niveaux du titre, qui ont chacun une identité propre. Mais le plus réussi reste tout de même l'ambiance sonore, qui contribue énormément à la tension durant une partie et fait parfois sursauter le joueur. Là un ennemi sorti de nulle part en tirant, ici un interrupteur un peu trop bruyant, là encore des bruits de pas que l'on tente (vainement) de dissimuler pour ne pas se faire repérer... Bref, si l'obscurité ôte souvent une partie de la lisibilité, obligeant parfois le joueur à tourner avant de trouver la solution (souvent pour récupérer un objet, les énigmes étant assez faciles et les combinaisons d'items peu nombreuses), le son pour sa part permet de se rattraper. A défaut de voir les ennemis arriver, il s'agit donc de tendre l'oreille pour les entendre... Précisons enfin que
2Dark est intégralement doublé en anglais mais que les textes sont tous disponibles en français.