Test : We Happy Few - PS4

We Happy Few - PS4

We Happy Few - PS4

Genre : Sourieeeeeez !

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Annoncé de très longue date, We Happy Few est enfin disponible, et ce après être passé par une phase Kickstarter suivie d'une période d'accès anticipé. Au fil des mois, les développeurs de chez Compulsion Games ont donc pu peaufiner leur bébé en profitant du retour de la communauté. Et, forcément, à force de vouloir écouter tout le monde, on se retrouve avec un titre ne sachant pas trop où il veut amener le joueur. Oups, vous voilà spoilés dès le début du test.

Test effectué à partir d'une version PS4

C'est en Angleterre, après la Seconde Guerre Mondiale, que début l'aventure. Les Allemands ont gagné et ont apparemment occupé les lieux, notamment la petite bourgade de Wellington Wells. Si l'on ne sait pas très bien en début d'aventure ce qu'il s'est passé, on sait tout de même que la vie des habitants n'est pas vraiment rose, d'autant plus que de nombreux jeunes ont été déportés en Allemagne. L’État a donc trouvé la solution parfaite : la Joy. Il s'agit en fait d'une drogue ingérée par une certaine catégorie de la population (comprenez par là : les suffisamment aisés) qui, à petites doses, permet de se sentir plus heureux et, à fortes doses, d'oublier le passé sanglant lié à la guerre. Quant à ceux qui ne peuvent pas se payer la Joy, ce sont des ''Rabat-Joie'', parqués dans des quartiers crasseux mais parfaitement conscients du monde qui les entoure. Après avoir décidé d'arrêter de prendre de la Joy pour une raison personnelle, Arthur est rapidement repéré par les Bobbies, les flics locaux, qui n'hésitent pas une seule seconde à le courser, l'obligeant à se réfugier dans le bidonville le plus proche. Le jeune homme va alors tout tenter pour quitter cet enfer qu'est Wellington Wells.

Au bal masqué

Avec un prologue se déroulant dans un long couloir, on peut s'attendre à ce que We Happy Few prenne la forme d'un jeu centré sur sa narration. C'est un tout petit peu plus tard que l'on comprend que finalement non, il s'agit plutôt d'un titre basé sur la survie. Le héros doit ainsi manger, boire, se soigner et récupérer tout ce qui lui passe sous la main afin de crafter armes, objets de soin et autres trucs du genre lorsqu'il trouve un atelier. Si l'on rajoute à ça une jauge d'endurance, on ressent clairement une inspiration Skyrim, même si l'ambiance et la direction artistique n'ont absolument rien à voir. Mais en fait non, c'est plutôt un jeu d'infiltration. On s'en rend compte dès les premiers affrontements : ces derniers sont tellement insupportables (coup, contre, coup, contre, coup, contre...) qu'il vaut mieux faire profil bas, marcher accroupi, se cacher dans les buissons, s'asseoir sur un banc pour se mêler aux autres ou encore assommer un ennemi par derrière. Mais finalement, c'est aussi un titre ayant une narration importante et, par bonheur, maîtrisée, avec une histoire sympa à suivre et quelques personnages hauts en couleur. Bref, vous l'aurez compris, We Happy Few a le cul entre deux chaises, et ne prend malheureusement pas le meilleur de chaque monde.
We Happy Few

Pourtant, le bébé de Compulsion Games ne manque pas de bonnes idées, ni de caractère. On pense ainsi à sa sublime direction artistique qui ne laissera personne indifférent, avec ses personnages aux visages étrangement déformés, ses décors colorés très pop, ses hallu différentes lorsque le héros prend de la Joy ou encore ses différences très marquées d'un quartier à l'autre. Évidemment, le sens du détail n'est pas aussi poussé qu'un Dishonored, mais malgré tout l'enrobage global de We Happy Few est un vrai point fort. Il est qui plus est soutenu par une bande-son sonnant toujours juste ainsi que des acteurs anglais parfaitement dans leurs rôles respectifs. D'un autre côté, on ne peut s'empêcher de pester contre les nombreux bugs, les temps de chargement à rallonge, les soucis de pathfinding, le level-design pas toujours inspiré ou encore l'I.A. franchement inégale. Ainsi, les ennemis réagissent plus ou moins vite à la présence d'Arthur, on les leurre facilement en envoyant valdinguer une bouteille qui fera grand bruit et il suffit de se cacher deux secondes pour qu'ils oublient qu'ils pourchassaient le héros. Plus absurde encore, il peut arriver qu'un Bobbie amical devienne en deux secondes hostile, tout simplement parce que la nuit vient de tomber et que le couvre-feu interdit aux habitants de sortir, et ce même s'il ne l'a pas quitté des yeux entre-temps. Autant d'éléments qui ont clairement de quoi briser l'immersion...
We Happy Few

The shadow of your smile

Le cœur même du jeu, les missions – principales ou secondaires, ont de quoi laisser perplexe. Essentiellement FedEx, elles obligent le joueur à parler à un personnage précis qui voudra bien lui échanger un objet nécessaire à la progression contre autre chose. Autre chose qu'il s'agit bien entendu d'aller chercher, dans un endroit spécifique et souvent bien gardé. De temps à autres, ça va, mais ce système représente la majorité des quêtes. De là à se dire que les développeurs n'avaient pas d'autres idées, il n'y a qu'un pas, même si dans le doute nous ne le franchirons pas. Quoi qu'il en soit, il s'agit là encore d'un gros souci, qui pénalise en plus la narration. Forcément, lorsque tous les personnages importants vous demandent d'aller gambader dans la pampa (le titre en lui-même étant open-world), puis de vous infiltrer quelque part pour ramener un objet, pour ensuite recommencer encore et encore, vous comprenez bien vite que l'histoire se retrouve diluée et pénalisée. Là encore, c'est dommage, d'autant plus que Arthur n'est pas le seul héros de We Happy Few. Il est ainsi possible de contrôler une poignée d'autres personnages – ce qui fait aussi grimper la durée de vie, certes moins importants, mais qui ont aussi leurs particularités spécifiques. Rageant.
We Happy Few

Malgré tout, en fonction de l'implication du joueur, il est assez difficile de ne pas vouloir aller jusqu'au bout de We Happy Few. La faute à l'histoire, bien entendu, mais aussi à la cohérence de son univers, que l'on ne peut s'empêcher de vouloir découvrir de bout en bout. Rapidement, on a envie d'explorer tout ce que l'on voit, de tenter de comprendre cette uchronie / dystopie et ses habitants. Habitants qu'il faut d'ailleurs apprendre à leurrer, ce qui se fait de manières différentes d'un quartier à l'autre. Dans les bidonvilles, les Rabat-Joie pataugent dans la misère. Forcément, ils n'apprécient guère de voir un gars débarquer en costard-cravate et n'hésiteront pas à le poursuivre pour s'en prendre à lui. Dans ce cas, il suffit de déchirer le fameux costume et hop, c'est oublié (là encore, incohérence de l'I.A.). Au contraire, dans les beaux quartiers, c'est la Joy qui règne en maître et il est plus sage d'en prendre pour passer inaperçu, ce qui entraîne des hallucinations plutôt sympas. Gare toutefois à ne pas trop en prendre, sous peine d'overdose et, donc, de malus. Bref, autant de petits détails qui rendent les défauts insupportables car, clairement, sans eux ce titre aurait pu être génial.
We Happy Few fait partie de cette catégorie de jeux que l'on adorerait aimer, mais que l'on ne peut s'empêcher de presque détester. Compulsion Games a ainsi fait un travail remarquable sur la direction artistique, l'ambiance ainsi que sur la narration, mais se vautre un peu sur quasiment tout le reste. Les différentes phases de gameplay (infiltration, survie, combat, exploration...) ne parviennent jamais à vraiment s'imbriquer les unes dans les autres, et souffrent surtout de problèmes franchement rebutant, dont une bonne pelletée de bugs en tous genres. Bref, un jeu qui a le cul entre deux chaises, à réserver donc à prix doux et durant de courtes sessions. Snif.
17 août 2018 à 15h15

Par

Points positifs

  • Direction artistique géniale
  • Narration réussie
  • L'ambiance générale vraiment travaillée
  • Une bonne durée de vie

Points négatifs

  • Les combats de l'enfer
  • Les bugs de l'enfer
  • Un jeu qui ne sait pas trop ce qu'il veut
  • Des phases de gameplay qui ne fonctionnent pas bien entre elles
  • Assez répétitif dans ses quêtes

Gribouillé par...

Shauni

Shauni

Celle qu'on ne voit pas

Détentrice d'un Baccalauréat P (pour ''platformer'') option Sonic the Hedgehog, Shauni a ensuite obtenu avec brio sa licence en Nintendo, spécialisation The Legend of Zelda. Elle est devenue par la suite Docteur ès RPG japonais grâce à sa note maximale lors de l'épreuve Tales of.

Twitter : Shauni_Chan

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