Test : Devil May Cry 5 - PS4

Devil May Cry 5 - PS4
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Après avoir frappé un grand coup sur la gueule de 2019 avec Resident Evil 2, Capcom remet le couvert et garde la barre haute avec Devil May Cry 5 en cette fin d’année fiscale. Il aura fallu 11 années de digestion légère pour revoir sortir un épisode canonique de la série. Alors on sèche nos larmes et on vous dit tout.

Test effectué à partir d'une version PC

Issue de l’esprit d’Hideki Kamiya, la série Devil May Cry est connue pour ses personnages très charismatiques, son histoire un peu neuneu, fendard et bourrée de testostérone d’adultenfant. Depuis 11 ans, la saga n’avait pas produit un nouvel épisode canonique et il a fallu attendre quelques années pour qu’Hideaki Itsuno (directeur créatif des épisodes 2, 3 et 4) reprenne sérieusement du service après avoir laissé Ninja Theory changer quelques couches au bébé. Annoncé lors de l’E3 2018, les fans n’ont même pas eu à patienter une année complète pour profiter du retour de Dante et de Nero ainsi que de l’arrivée d’un nouveau bonhomme bien énigmatique.

Démons de midi

L’histoire du jeu prend place après les événements survenus durant Devil May Cry 4. Le tout démarre sur une rixe de nos héros contre Urizen, le roi des démons responsable de la perte du bras de droit de Nero. Passant les détails de ce combat à sens unique, nous retrouvons Nero et V, notre émo-goth à sandales et, accessoirement, un nouveau personnage jouable dans la série, un mois après les événements du début du jeu. Red Grave City est assaillie par des démons dont la présence est corollaire à l’apparition du Qliphoth, l’arbre démoniaque, dans toute la cité. Nero a alors lancé son propre business d’éradication de démons avec Nicoletta « Nico » Goldstein, son experte en gadgets et armement. Les trois comparses sillonnent les rues dans leur fourgonnette afin de libérer la ville d’une invasion qui ne fait que commencer.

Devil May Cry 5

Alors que l’intrigue peine à s’installer dès le début du jeu, il faut attendre quelques missions pour comprendre que l’histoire est racontée par segments qui s’entrecroisent sur une frise temporelle s’étalant sur un mois. Vous saisirez alors rapidement le pourquoi du comment, la place de Nero ainsi que de Dante dans l’histoire et surtout la raison de l’arrivée de V. Si l’histoire n’est pas spécialement folle en terme d’écriture et propose un scénario cousu de fil blanc, elle profite d’un rythme vraiment engageant et jamais ennuyeux.

L'Enfer de Dante... et des autres

Devil May Cry 5 n’offre pas seulement un type, mais bien un large spectre de différents gameplays qui prennent forme à travers les trois personnages jouables. Alors que Nero et Dante aiment le contact et se rapprocher dès que possible de leurs ennemis, V se bat par procuration et à travers trois invocations : un corbeau, une panthère et un colosse (le Nightmare). Le corbeau utilisera des attaques à distance et le pouvoir de l’électricité tandis que la panthère ira davantage au corps-à-corps avec des attaques rapides et acérées. Lorsque votre barre d’ultimate est remplie (V peut accélérer le processus en consultant son livre en plein combat), vous avez la possibilité d’invoquer le colosse qui arrive avec grand fracas sur l’arène de combat (souvent de manière spectaculaire, en détruisant un bâtiment), est invincible mais ne reste qu’un temps restreint. Lorsque la vie de vos ennemis tombe à zéro, il reste à V de venir les achever avec sa canne. Le cœur du gameplay du personnage repose donc sur l’enchaînement entre les attaques à distance du corbeau et celle au corps-à-corps de la panthère tout en utilisant l’invocation du colosse dans le bon timing, à savoir lorsque les choses deviennent compliquées.

Devil May Cry 5

Dante, le vieux briscard, est bien évidemment toujours de la partie et la manière d’approcher le combat avec lui est bien différente qu’avec les deux autres héros. Alors que vous pourrez basculer entre plusieurs types d’armes (l’épée et l’arme de pugilat pour le début de partie), vous pourrez également passer, à la volée, entre quatre types de combats différents, privilégiant le combat à l’épée, l’arme à distance, la contre-attaque ou l’esquive. Chaque style adopté vient avec sa panoplie de mouvements et attaques bien spécifiques, complexifiant encore un peu les possibilités offertes par le combat avec Dante (surtout lorsqu’on vise le rang SSS de style).

Nero, le personnage central de l’histoire, n’est pas en reste avec le style de combat qu’il offre au joueur. Après avoir perdu son bras démoniaque, notre chasseur de démons en herbe pourra compter sur la bricoleuse Nico pour lui fournir huit différents « Devil Breakers ». Ces petits bijoux technologiques, construits à l’aide des matériaux récupérés sur les monstres déchus, sont des bras articulés et chacun d’entre eux bénéficie d’une attaque particulière (ralentissement du temps, décharge d’électricité, missile autoguidé, fléau…). Une fois équipé, vous pourrez utiliser un Devil Breaker comme une attaque simple au risque de le perdre si vous vous faites toucher pendant son utilisation. Aussi, concentrer l’attaque du Devil Breaker provoque une super attaque qui, au terme de cette dernière, détruira également le bras équipé. En plus d’utiliser une épée à moteur que vous pourrez charger avec des mouvements secs sur la poignée (augmentant la puissance de vos prochaines attaques), vos armes à distances ainsi que les Devils Breakers, vous aurez la possibilité d’enchaîner et de générer des combos dévastateurs.

Mécanique et démonites

Vous réapprovisionner en Devil Breakers n’est évidemment pas gratuit et il vous faudra passer par la fourgonnette de Nico pour acheter ceux qui vous plaisent le plus. Bien évidemment, ce shop improvisé sur roues ne permettra pas seulement d’acheter des emplacements supplémentaires pour vos bras flambants neufs, mais également de débloquer tout un tas d’améliorations pour les personnages jouables du jeu.


Selon le moment de la partie, vous pourrez trouver des cabines téléphoniques afin d’appeler Nico à la rescousse et directement ramener le magasin à vos pieds, histoire d’y faire quelques emplettes avant les gros combats. Chaque coup de fil donne droit à sa petite cut-scene animée où l’on voit arriver la mécano’, en trombe, au volant de sa folle auto, donnant lieu à des scènes dont seuls les japonais ont le secret (et montrant encore une fois le jusqu’au-boutisme et le souci du détail de la Team Capcom pour cet opus). Cœur de gameplay de tout bon beat’em all qui se respecte, la personnalisation et le déblocage de nouvelles compétences sont le fer de lance d’un bon chasseur de démons. Vous pourrez alors dépenser toutes les démonites accumulées (la monnaie du jeu) pour vous fournir en nouveaux combos, mouvements et attributs histoire de donner un peu plus de « style » à vos combats.

Devil May Cry 5

Car, comme tous les autres opus précédents, combattre et terrasser les démons avec le plus de panache possible vous permet d’amasser encore plus de démonites en fin de niveau. Pour cela, il faudra bien évidemment lâcher vos meilleurs combos tout en usant toutes les facettes du gameplay de chaque personnage. Quoiqu’un peu faciles, les combats de Devil May Cry 5 peuvent vite devenir une orgie d’inventivité quand on commence à maîtriser les mouvements des protagonistes. La densité des actions possibles avec Dante, Nero ou V est proprement impressionnante, surtout lorsque l’on est tenté de privilégier le style au détriment de l’efficacité. Pour accompagner ce florilège de coups et de mouvements, ce sont des hordes de démons qui viendront tenter de vous empêcher d’approcher Urizen et les racines de l’arbre de Qliphoth. On décompte facilement plus d’une vingtaine de monstres différents, tantôt efficaces au corps-à-corps ou à distance, tantôt en armure ou revêtant une simple carapace, des rapides, des lents, des plus faibles jusqu’aux plus redoutables. Leurs capacités sont très nombreuses et différentes, permettant de mettre en place des combats originaux, intéressants et plus relevés. On regrettera simplement que la caméra fasse des siennes, rendant difficile la lecture des combats par moments.

Ces challenges un peu plus costauds se cristallisent notamment durant les combats de boss qui ponctuent la fin de chaque chapitre. Outre la beauté visuelle des monstres et de leurs animations, les combats offrent des défis vraiment intéressants. On pourra par exemple évoquer le Goliath, boss déjà montré durant la campagne marketing du jeu, qui est une sorte de mastodonte cornu très puissant et qui ne se privera pas de détruire tous les bâtiments présents dans l’arène de combat à grands coups de poings pour vous atteindre. Les morceaux de bâtisses explosées par le béhémoth se mêlent aux particules rougeâtres qui illuminent et donnent à la bataille un vrai côté homérique. Sans trop spoiler, on dira que tous les combats de boss dans le jeu sont du même acabit : beaux, originaux et dantesques.

Devil May Cry 5

La salsa des démons

Si l’esthétisme particulièrement réussi des combats fait scintiller nos mirettes, c’est bien grâce aux petites merveilles qu'est capable de produire le récent RE Engine utilisé pour cet opus. Moteur maintenant utilisé dans toutes les productions Capcom (Resident Evil 7 était le premier, Resident Evil 2 Remake y a eu droit aussi), les personnages ont même eu droit à une séance de photoréalisme pour les modélisations puisque des acteurs ont participé aux séances de motion capture : le résultat s’en ressent et marche au poil. Durant les nombreuses cut-scenes qui ponctuent l’aventure, l’émotion se lit très facilement sur les différents visages des personnages principaux, tous plus charismatiques les uns que les autres (mention spéciale à la grande gueule de Nico qui crève l’écran à chaque apparition). Les environnements, bien que trop peu variés à notre goût, véhiculent une ambiance bien particulière à la série, mais c’est dans les différents effets volumétriques, de particules et d’animations que la qualité graphique s’exprime pleinement.

Alors que l’aventure pleine, dans un premier run, vous prendra une quinzaine d’heures, vous pourrez réévaluer ce temps après avoir parcouru les environnements à la recherche des niveaux secrets cachés ou encore après avoir tâté des nouveaux modes de difficulté en New Game+, ce qui devrait convenir aux joueurs chevronnés (le mode normal sera un peu trop facile pour eux). Enfin, on soulignera la possibilité de jouer en V.O. japonaise, même si le doublage anglais reste de très bonne facture, et la bande originale livre quelques très bons thèmes, comme celui de Nico qui devrait vite devenir un must-have dans les playlists des fans.

Devil May Cry 5

 Après avoir laissé Ninja Theory travailler la recette DmC, la Team Capcom reprend le bébé après 11 ans d’attente pour revenir aux fondamentaux tout en piquant, ici et là, les meilleures idées qui leur restaient dans l’escarcelle. Fort d’une assise technique très solide à travers un RE Engine bien optimisé, Devil May Cry 5 revient aux sources en proposant un gameplay d’antan revisité et agrémenté de plein de nouveautés. Le rythme effréné du jeu ne laisse jamais la lassitude s’installer, ce qui est notamment aidé par une vraie profondeur des combats, des ennemis nombreux et des boss mémorables. On aura quelques regrets ici et là, comme un level design parfois moins inspiré et des caméras capricieuses, mais cela n’entache pas le travail touffu - voire perfectionniste - et surtout respectueux de Capcom pour l'une de ses séries phares.
06 mars 2019 à 16h58

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Points positifs

  • Le spectre large de gameplays différents
  • La profondeur des combats
  • Les ennemis nombreux et différents
  • Les combats de boss
  • Les nombreuses cut-scenes
  • Le RE Engine qui fait beaucoup de bien
  • La localisation très réussie
  • La rejouabilité
  • Le perfectionnisme dans certaines animations et petits détails
  • Le respect de la série
  • L’écriture et le charisme des personnages
  • Un peu fou, mais toujours cohérent

Points négatifs

  • Le level design pas toujours inspiré
  • Les environnements pas très diversifiés
  • Quelques problèmes de caméra

Gribouillé par...

Lorris

Lorris

Fin limier du mot

Jean-Claude Van Damme au corps, Jean-Claude Dusse dans la tête. C'est parfois l'inverse.

Twitter : @Yolorris

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