Test : Resident Evil 2 Remake - PS4

Resident Evil 2 Remake - PS4
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Plus de vingt années après la sortie de l’opus original, Resident Evil 2 remet ses tripes à l’air dans un Remake qui lance cette nouvelle année (et notamment celle chargée de Capcom) sur les chapeaux de roue.

Test effectué à partir d'une version PS4

Il y a des jeux, comme ça, qui marquent votre vie. Moi, c’était en 1996 avec Resident Evil sur Playstation, puis, comme une fleur, est arrivé son successeur en mai 98 (la fameuse année bénie pour tous les joueurs du monde). Toujours avec un Shinji Mikami à la baguette et plus en forme que jamais, Resident Evil 2 est encensé par la critique et reste comme l'un des épisodes les plus appréciés de la série. Un remake du fameux titre avait déjà été envisagé pendant la période de développement de Resident Evil 4, mais Mikami avait préféré se concentrer sur son nouvel opus qui finira également par révolutionner le genre, puisque optant pour la première fois dans la franchise pour une vue à la troisième personne, caméra épaulée et le curseur d'action un peu plus appuyé. L’impatience des fans grimpant tout en espérant un remake du deuxième épisode au niveau de Resident Evil : Rebirth, des développeurs semi-professionnels italiens et fans de la série de Capcom se sont mis à recréer leur propre remake, sur Unreal Engine 4, jusqu’à même créer leur studio de développement indépendant baptisé Invader Studios. Alors que le projet était en très bon chemin (leur vidéo de gameplay générant des millions de vues sur YouTube), ils ont rapidement été rattrapés par la réalité avec l’annonce, en 2015, du remake officiel du jeu par Capcom. L’histoire se termine bien puisqu’ils ont été invités à visiter les studios de développement japonais afin de discuter et probablement échanger sur leur vision de ce qui ferait le meilleur remake pour Resident Evil 2… Un remake que tous joueurs, et surtout les fans, pourraient apprécier.

L’histoire Claire comme de Leon de roche

L’histoire de Resident Evil 2 se déroule deux mois après les événements qui se sont produits dans le manoir Spencer du premier épisode. Pour faire court et sans spoil pour les non-initiés, un dangereux virus s’est répandu dans la petite bourgade de Raccoon City. Rien de spécial dans cette ville si ce n’est qu’elle abrite une antenne de l'un des plus grands laboratoires pharmaceutiques du monde : Umbrella Corp. Le virus, particulièrement agressif, transforme, entre autres, les humains en zombies qui n’hésiteront pas à faire de votre chair leur gueuleton. Quel lien existe-t-il entre le virus et Umbrella ? Comment endiguer rapidement l’infection et sauver les pauvres citoyens ? C’est la question à laquelle devra répondre Leon S. Kennedy, jeune flic fraîchement débarqué dans la petite ville puisqu’il vient d’y être nommé policier. Son premier jour ne va ressembler à aucun autre puisqu’il fait vite connaissance avec la nouvelle (putride) population locale ainsi qu'avec la belle Claire Redfield, venue à la rencontre de son frère Chris, héros du premier Resident Evil.

Après votre rencontre, les événements s’emballent et vous vous retrouvez à prendre des chemins différents pour sauver votre peau et retrouver le commissariat, là où vous devrez normalement pouvoir reprendre votre souffle et organiser votre survie. À la manière de l’opus original, vous choisirez de commencer l’aventure dans la peau de Claire ou de Leon, sachant que le déroulé de l’histoire, en ce qui concerne la campagne principale, sera plus ou moins la même. Les différences s’observent surtout dans les scénarios bis qui seront débloqués à la fin de votre première campagne (et selon le personnage avec lequel vous la finissez). De manière générale, l’histoire a subi des remaniements et ajouts ici et là qu’on vous laissera le plaisir de découvrir, mais autant vous dire que malgré des passages à l’écriture plus faible (notamment dans les dialogues et le jeu d’acteur parfois un peu plan-plan), la narration se déroule bien et reste fidèle à l’épisode original. Les campagnes principales ont été étoffées et il vous faudra une dizaine d’heures pour terminer l’histoire avec chacun des protagonistes.

Resident Evil 2 Remake

Sévices et râles

Les plus anciens d’entre vous se souviennent sûrement des annonces brumeuses autour de Resident Evil 4 avec notamment deux trailers de versions alors abandonnées : celle du TGS 2002 et celle de l’E3 2003 (ci-dessous). On y voyait une séquence avec un Leon évoluant dans des environnements très sombres, très glauques avec quelques plans à la troisième personne. À l’époque, on imaginait ce que pourrait donner un Resident Evil restant dans ce ton horrifique, avec la possibilité d’explorer les restes d’une Raccoon City complètement ravagée par le virus. Lorsque j’ai fait mes premiers pas dans ce remake de Resident Evil 2, j’ai immédiatement pensé au moi de 2002 et à la venue d’un joueur de janvier 2019 qui irait lui taper sur l’épaule en lui disant « t’inquiète pas, tu l’auras un jour ton jeu ».


Comme une tarte dans ma gueule de trentenaire, mes pensées lors de mes premiers pas dans Resident Evil 2 Remake ont été pour ce gosse qui rêvait d’avoir un jour un jeu de la sorte devant les yeux. Car la première chose que l’on constate, c’est la puissance du RE Engine (moteur déjà utilisé pour Resident Evil VII) qui est ici utilisé à la perfection. Le travail sur la lumière, la fumée, les ombres ou encore la qualité des textures participe à la mise en place de nombreux plans à l’ambiance horrifique parfaitement maîtrisée. Entre les cris, le gore et la crasse, tous les ingrédients sont réunis pour nous mettre immédiatement dans le bain, surtout que, 2019 oblige, certains changements techniques majeurs ont directement un impact sur l’immersion du joueur dans la pesante aventure qui l’attend. On n’oubliera pas de souligner le travail impeccable sur le sound design (les cris gutturaux des zombies sont à glacer le sang), même si l’absence de réelles pistes musicales pourra faire regretter celles du jeu original (qu’il est toutefois possible d’avoir à travers la précommande du jeu ou l’achat d’un DLC).

Stairway to (safe) Heaven

Il faut savoir que, à l’époque, les contraintes imposées par le CD et la PlayStation obligeaient d’avoir un jeu très séquencé, pièce par pièce, ou l’ouverture de chaque porte et la montée de chaque escalier étaient ponctuées par un temps de chargement plus ou moins long. En cas de gros danger, il était alors facile d’aller se réfugier rapidement dans une pièce ou de changer d’étage pour remballer l’aggro des monstres. Mais ça, c’était avant. Les environnements de Resident Evil 2 Remake forment désormais de gros blocs dans lesquels la progression se fait de manière non séquencée et étonnement fluide. Il faut donc savoir que les zombies pourront vous suivre n’importe où : ils défonceront les portes et monteront les marches pour venir vous chercher, augmentant drastiquement l’allure de votre palpitant dans les moments de stress, car le danger peut désormais venir de partout.

Resident Evil 2 Remake

En plus de se déplacer nettement mieux, les zombies sont désormais bien plus résistants et il vous faudra plus d’une balle dans le crâne pour vous en défaire. La refonte complète des monstres via le RE Engine s’accompagne d’une localisation des dégâts flambant neuve. Tirer deux fois dans le bras au même endroit, vous verrez les lambeaux de peaux tomber, la peau se creuser jusqu’à voir le membre lentement se détacher jusqu’à tomber au sol. Vous pourrez littéralement laisser un trou béant dans le visage des zombies qui avancent vers vous avant de leur faire éclater la tête en deux à coup de fusil à pompe. Elle est pas belle, la vie ? Humour à part, cette nouvelle localisation va de pair avec la nécessité de bien viser pour mettre à bas les ennemis le plus rapidement possible, car mieux vous viserez et plus vous vous sortirez rapidement du pétrin. Bien évidemment, l’apparition de certains monstres plus rapides et moins résistants nécessitera l’emploi de différentes méthodes plus radicales et moins fines pour en venir à bout.


Sang neuf et mire au poing

À la manière de Resident Evil : Rebirth, Resident Evil 2 Remake n’est pas qu’une simple refonte graphique et technique, c’est également l’apport d’un nombre non négligeable de nouveautés. Tout d’abord, histoire de dynamiser les combats, les développeurs ont eu la bonne idée de donner aux objets de défense une utilisation bâtarde entre celle de RE : Rebirth et celle des autres opus. Par exemple, si vous avez équipé une grenade dans votre inventaire, il vous sera possible de la lancer au sol pour faire un maximum de dégâts. Si vous décidez de ne pas l’utiliser de cette manière, elle sera automatiquement employée défensivement lorsque vous serez attrapé par un monstre, engendrant toutefois des dégâts moindres. L’autre petite gâterie vient des couteaux à ramasser dans le jeu : de la même manière que la grenade, vous pourrez l’utiliser passivement ou activement, mais sachez qu’il dispose d’une barre de durabilité et qu’il se brisera après un certain temps d’utilisation. Il ne faudra également pas oublier de le retirer du cadavre fumant que vous venez de dézinguer, car sinon il restera planté dedans indéfiniment.

Resident Evil 2 Remake

Au gré de votre exploration du commissariat, vous ramasserez également des planches que vous pourrez fixer aux fenêtres déjà cassées (mais aussi aux autres, de manière préventive), afin d’éviter que les zombies ne viennent trop fréquemment de l’extérieur. Si vous ne prenez pas le temps de vous barricader, vous pourrez vite vous retrouver entouré de monstres qui, je vous le rappelle encore une fois, vous suivront de pièce en pièce jusqu’à ce que vous les semiez.

Cette exploration constante est encore davantage mise en avant que dans les opus précédents. Avant, dans un Resident Evil, le fait de progresser dans l’histoire vous faisait naturellement visiter toutes les pièces du jeu. Ce n’est désormais plus le cas. Certaines pièces d’équipement ou bonus à récupérer se trouveront dans des pièces qu’il est totalement possible d’éclipser si vous ne faites pas attention à votre carte (améliorée pour l'occasion) et que vous ne prenez pas le temps d’aller bien fouiller les pièces encore inexplorées. Vous trouverez notamment des pellicules de photographies qu’il faudra développer, ces dernières vous donnant des indices quant à l’emplacement ainsi que les codes nécessaires à l'ouverture de certains coffres ou casiers. Cerise sur le gâteau, vous pourrez débloquer et terminer des petits défis tout au long de l’aventure et qui vous donneront accès à des récompenses hors du jeu, comme des concepts arts ou différents modèles 3D à visualiser. Votre progression sera bien évidemment ponctuée des éternelles énigmes qui ont, pour le coup, été revues et pour la plupart modifiées afin d’apporter une couche supplémentaire de renouveau aux vieux briscards ayant déjà poncé le jeu maintes et maintes fois. Certaines sont même très intéressantes et incorporent des petits sous-systèmes bienvenus que l’on n’avait encore jamais expérimenté jusqu’alors.

Resident Evil 2 Remake

Dans un respect total de la série, Capcom propose ici un remake cohérent de grande qualité qui fait, dans un autre registre que le septième opus, revenir l’horreur viscérale de la franchise au premier plan. Fort d’une ambiance très réussie aidée par un RE Engine admirablement bien utilisé, la réappropriation de l’aventure de Léon et Claire en ressort plus longue, plus immersive, carrément plus belle et à fortiori plus intéressante. Malgré quelques portions du jeu en deçà du reste (notamment en terme de narration), l’éditeur japonais nous gratifie d’un nouveau mètre étalon dans le « Remake Game » qui peut confortablement siéger à la droite du grand Rebirth. Ce nouveau Resident Evil 2 est un vrai-faux remake dont les vieilles fondations ont donné naissance à un must-buy pour les fans, tout comme pour les joueurs à la recherche d’un très bon jeu d’action horrifique.
22 janvier 2019 à 16h58

Par

Points positifs

  • Un retour aux sources parfaitement exécuté
  • Un vrai-faux remake : presqu’un nouveau jeu basé sur de vieilles fondations
  • Les ambiances sublimées grâce au RE Engine
  • Les zombies redeviennent dangereux…
  • …et les Lickers encore plus !
  • La localisation des dégâts
  • Les animations des monstres
  • Peu de cheap jumpscares, la peur est latente
  • Des portions complètes du jeu revisitées, étoffées et améliorées
  • Les cartes du jeu signalent l’emplacement des objets et événements aperçus
  • La difficulté moins clémente que par le passé
  • Un véritable régal pour les fans de la première heure
  • Deux campagnes principales et deux scénarios bis (plus de 30h de jeu en tout)

Points négatifs

  • Le pathfinding de certains ennemis un peu à la ramasse
  • Quelques passages dans le jeu un peu plus faibles que les autres
  • L’absence de vraies nouvelles pistes musicales fortes

Gribouillé par...

Lorris

Lorris

Fin limier du mot

Jean-Claude Van Damme au corps, Jean-Claude Dusse dans la tête. C'est parfois l'inverse.

Twitter : @Yolorris

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