En 1987, au Pontiac Silverdome, une question était sur toutes les lèvres : Hulk Hogan allait-il battre André le Géant ? Plus tard dans la soirée, Hogan effectua un powerslam historique sur André et le catch changea à tout jamais. Plus de 30 ans plus tard, André est mort depuis 25 ans et fut le premier catcheur à être introduit au Hall of Fame. Hogan, quant à lui, est tombé en disgrâce suite à des propos racistes enregistrés et diffusés (pour ceux qui se posent la question, c'est pour cette raison que le Hulkster n'apparaît plus dans les jeux et dans tous les documents modernes estampillés
WWE). Eh oui, les choses ont bien changé en 30 ans, mais on ne pouvait pas dire la même chose des jeux vidéo accompagnant la franchise chaque année.
WWE 2K18, par exemple, était alarmant : on avait l'impression de jouer à
WWE 12 avec une jaquette différente. Il est donc inutile de dire que ce
WWE 2K19 était attendu au tournant et, spoiler alert, il y a du bon et du moins bon, mais on est quand même largement au dessus de 2018.
Afin de s'en débarasser dès maintenant, parlons de ce qui ne va pas. D'abord, le modèle économique. Premier point, Ronda Rousey est devenue l'une des catcheuses les plus populaires, elle fait d'ailleurs actuellement partie des « poster boys » au même titre que Roman Reigns, AJ Styles ou Daniel Bryan. La mettre donc dans le jeu en tant que bonus de précommande ou contenu additionnel est vraiment limite, surtout qu'elle est en plus utilisée comme publicité... Ensuite, il y a ce problème d'aléatoire dans le mode Mon Joueur. Il s'agit ici d'une section où vous pourrez créer et améliorer une superstar. Le problème, c'est que l'amélioration et la modification passent par l'achat de packs à contenu aléatoire. Plus en détails, en gagnant des matchs et en progressant, vous gagnez des VC et ces VC servent à acheter des packs à contenu aléatoire dans lesquels se trouveront de nouvelles modifications physiques ou de nouveaux coups. Certains packs ne seront même achetables qu'avec une deuxième forme de monnaie qui elle aussi s'obtiendra avec des VC. Si vous voulez acheter un coup ou par exemple une coupe de cheveux, vous aurez la possibilité de le faire directement mais pour un prix bien trop élevé.
Tout, dans WWE 2K19, se débloque avec des VC et tout obtenir sans dépenser un centime sera très long, voire interminable. Même s'il s'agit d'une nouvelle norme, il est très déplaisant de trouver ce modèle économique digne d'un free-to-play mobile dans un jeu triple A coûtant déjà 70€. Vous voulez débloquer toutes vos superstars favorites ? Il va vous falloir du temps ou de l'argent. Tout le roster n'est pas disponible lorsque vous commencez, et si vous voulez jouer avec tous les catcheurs présents dans le jeu il vous faudra des VC ou acheter l'accélérateur... Techniquement, on est devant quelque chose qui n'est clairement pas ou plus au point. Le moteur est vieillissant et on retrouve les même bugs toutes les années. Le problème ici est qu'un bug qui pouvait être acceptable au début devient très irritant lorsque vous rencontrez le même cinq ans plus tard et que vous le revoyez toutes les années. Tous les matchs sont bourrés de bugs de collision et ça fait tâche dans une simulation de sport où le coeur de la discipline est le contact. Ces bugs pourront des fois inverser l'issue d'un match à votre avantage ou désavantage. Par exemple, un finisher ne sortira pas et votre adversaire en profitera pour prendre l'avantage et vous battre alors que vous aviez le match en mains. Plus drôle, lors d'un match contre The Bar, votre serviteur a pu voir Sheamus littéralement passer au travers de son personnage pendant un tombé, ce qui s'est terminé en victoire. Victoire étrange, mais victoire tout de même.
The house that AJ Styles built
Ces bugs sont d'autant plus énervants que l'intelligence artificielle ne vous fera aucun cadeau. Dans certains matchs, vous serez en face d'êtres infaillibles contrant tous vos coups, et certaines actions vous feront consommer un contre alors que le contre n'aura pas lieu. Dans ce cas, on prendra bien plus de plaisir en désactivant la limite de contres dans les options. Une seule erreur et c'est la fin pour vous. Pour finir avec le côté technique, parlons de l'aspect des superstars (le public, lui, n'a pas changé depuis Smackdown VS Raw 2009). La modélisation dépendra de la superstar. Par exemple, Triple H est très bien fait, tout comme Elias, mais par contre The Miz peut vous faire faire des cauchemars. D'ailleurs, on va finir par penser qu'Alexa Bliss a énervé quelqu'un chez 2K ou Yukes : toutes les années elle est ratée. Enfin, parlons cheveux. Cette année encore, plus que les autres, les cheveux donnent l'impression d'être une bouillie mise sur la tête des personnages.

Voilà donc pour les mauvais points, passons maintenant aux bons. Et ça commence par le contenu. Il y a tellement de contenu ! Nous fêtons d'abord le retour du mode Showcase et, à cette occasion, nous suivrons la carrière de Daniel Bryan, de ses débuts jusqu'à l'ascension du Yes Movement. Le tout accompagné de très bonnes vidéos de Bryan lui-même parlant de sa carrière. Nous aurons même droit à des extraits de la ROH, ce qui est étonnant connaissant la politique de la WWE (ce qui n'est pas arrivé devant une caméra WWE n'est pas arrivé du tout). Les seuls points faibles de ce mode sont les objectifs demandés au joueur. Ils cassent énormément le rythme du match et, même s'ils sont utiles pour la fidélité des événements, ils peuvent vite s'avérer fatigants, comme par exemple lorsque, dans un match par équipes, vous devrez frapper un personnage particulier mais que ce personnage n'entre jamais en jeu... Au moins, dans le mode Showcase, les objectifs seront toujours clairs, ce qui n'est clairement pas le cas dans le mode Carrière.
Fade to Black
Le mode Carrière est de loin le meilleur proposé à ce jour depuis Smackdown VS Raw 2008. Vous suivrez votre superstar créée depuis la scène indépendante jusqu'à Wrestlemania. Cette année, nous avons droit à des voix, à de bons dialogues et on se s'ennuie pas. Toutes les histoires proposées sont intéressantes, avec une mention spéciale pour la rivalité contre Bray Wyatt avec Finn Balor et Matt Hardy en protagonistes aidant le héros. Toutes les superstars ont prêté leurs voix dans ce mode, ce qui rend le tout bien plus vivant que dans la version 2018. A travers l'histoire proposée, on sent vraiment que ce mode a été fait par des passionnés pour des passionnés. Son seul point faible est encore les objectifs que vous devrez remplir dans certains matchs. Certains ne seront vraiment pas clairs ou souffriront d'une mauvaise traduction. On vous demandera de frapper quelqu'un sur la rampe d'entrée alors qu'en réalité il vous faudra l'attirer près d'un van, on vous demandera aussi d'attirer quelqu'un sur le porche de la « cabine » et non de la cabane, et ainsi de suite.
Mais ce n'est pas assez pour ne pas apprécier le mode Carrière qui, contrairement au moteur graphique, a vraiment bénéficié d'une refonte. On pourra noter une certaine ironie lorsque l'on verra qu'une invasion de la WWE par une promotion concurrente fait partie du scénario quand on sait ce qu'il s'est passé la dernière fois que c'est arrivé en vrai... Il y a aussi un petit nouveau, le mode Tours. Son principe : vous devrez battre des catcheurs les uns après les autres, sans pause ou avec paliers selon le type de tour que vous choisissez. Vous aurez aussi la possibilité de remplir des objectifs, d'autres tours vous demandant de faire des actions spéciales pour progresser. Une très bonne idée. Ajoutez à ces modes phares les matchs Exhibition, le mode Création où vous pouvez créer un titre, un catcheur ou une entrée, les classiques modes Univers et Ma WWE pour gérer le roster et faire son booking et un mode en ligne, et vous aurez de quoi passer de longues heures sur WWE 2K19.