WarGroove est un jeu reprenant ainsi le concept de titres comme Advance Wars, à savoir un tactical au tour par tour où les unités peuvent se déplacer case par case. Exit l’ère militaire moderne puisque WarGroove propose une ambiance à la sauce heroic-fantasy où les tanks laissent place aux trébuchets et les soldats armés de mitrailleuses à des piquiers et autres géants sylvains.
Le jeu s’ouvre sur un tutorial ayant pour objectif d’introduire son histoire tout comme ses premières mécaniques principales. Par une nuit pluvieuse, Sigrid, vampire de son état et bras droit de Valder, seigneur de Felheim, pénètre dans le château du royaume de Carmina afin d’y trouver une certaine « clé » avant d’assassiner le roi, père de la princesse Mercia. Quelques mois après la tragédie, les armées du royaume du roi mort sont en déroute et doivent fuir le plus vite possible l’invasion de Carmina par les légions de Felheim. Vous contrôlerez alors Mercia (en grande partie), cherchant à venger la mort de son père. La route vous fera traverser différents biomes où vous rencontrerez plusieurs peuples, chacun apportant son lot d’alliés et d’ennemis tous plus intéressants les uns que les autres, puisque WarGroove reste un jeu bien écrit et, surtout, bien traduit. C’est tout mimi, franchement drôle et dure tout le long d’une campagne impitoyable mais construite avec amour.
Votre revanche, vous l’obtiendrez en menant une guerre stratégique, droite et sans fioriture. Vous aurez alors plusieurs unités à votre disposition, allant des simples soldats en passant par la cavalerie, jusqu’aux engins de siège ainsi qu’à un arsenal aérien et maritime. Chaque unité dispose de ses forces et faiblesses, ce qui dépend des adversaires qu’elle aura à combattre. Le terrain, découpé en cases, propose quelques petites variations et affects selon le type de sol sur lequel l’unité se trouve. Par exemple, sur un terrain de montagne, la défense de l’unité est renforcée et, selon les spécificités de cette dernière, son attaque pourra être plus forte si elle préfère attaquer d’en hauteur. On compte divers types de terrains comme la plaine, la mer, la rivière ainsi que des conditions météorologiques qui viendront également chambouler les fonctions fixes d’une partie. Au milieu de tout ce beau monde se trouve votre commandant, votre unité principale qui est aussi la plus forte que vous contrôlerez. Lorsque c’est possible, elle peut avoir recours à un pouvoir propre à elle, histoire de redonner de la vie aux unités proches, augmenter leur défense ou encore barrer la route aux ennemis. Aussi puissant que votre commandant peut être, il ne faudra pas l’envoyer comme un bourrin au milieu de la rixe : s’il meurt, la partie est terminée. Cela vaut également pour l’armée adverse puisque si vous réussissez à abattre le commandant ennemi ou détruire sa base (représentée par un bâtiment caché plus loin dans les lignes ennemies), c’est la victoire pour vous.
Même si le jeu propose plusieurs races, toutes les unités sont totalement interchangeables et ne disposent pas d’habilités et de caractéristiques propres. C’est plus simple pour l’équilibrage mais bien moins intéressant en termes de variétés de gameplay. Seuls les commandants apportent une touche originale aux combats et seule la stratégie calculée pourra vous sortir d’un mauvais pas. D’autres mécaniques viennent tout de même enrichir ledit gameplay avec par exemple la possibilité, pour chaque unité, de faire des coups critiques lorsqu’une condition propre est respectée. Pour les piquiers, il faudra que deux unités se tiennent l’une à côté de l’autre alors que pour les archers le coup critique se déclenche lorsqu’une attaque est lancée sans avoir réalisé de déplacement au préalable…
Guerre froide & lente
En plus d’écraser les armées adverses, le but d’une partie est de prendre le contrôle de différents bâtiments afin d’augmenter le pécule que vous recevrez à chaque tour pour vous acheter de nouvelles unités. Pour chaque bâtiment militaire contrôlé, c’est une unité achetable par tour, et pas une de plus. Le côté stratégique du jeu prend donc encore plus de coffre lorsqu’il faut bien gérer quelles unités faire arriver sur le champ de bataille histoire de contrer au mieux le déploiement adverse. Rien n'est simple cependant, puisque la carte est recouverte d’un épais brouillard de guerre qui vous empêche de prévoir le mouvement de vos ennemis qu’il vous faudra anticiper en déplaçant certaines unités sur certains terrains (exemple : vos chiens de reconnaissance sur une montagne) histoire de voir loin et dissiper un peu cette purée de pois.
Chaque tour peut devenir une vraie prise de tête tant l’ennemi ne vous laissera aucun répit et enverra continuellement de nouvelles unités à vos trousses. En plus d’avoir une difficulté de base très relevée, une seule mission pourra facilement vous compter 30 minutes de jeu et une vingtaine de tours (si tout se passe bien). Si vous avancez un peu trop votre commandant, que vous faites une mauvaise manipulation par erreur ou que vous sous-estimez votre ennemi ne serait-ce qu’un tour ou deux, vous serez bon pour recommencer toute la mission du début. On déplorera ainsi l’impossibilité de sauvegarder pendant une mission ou de pouvoir « undo » n’importe quelle action, histoire de ne pas mettre à la poubelle ces précieuses minutes de jus de cerveau dans un jeu où il faut être au taquet à chaque tour. Fort heureusement, les développeurs ont eu la bonne idée de fournir un moyen complet pour paramétrer la difficulté à votre guise, histoire de ne pas péter un plomb pendant la première heure de jeu. D’ailleurs, le rythme des premières missions n’est vraiment pas folichon et on passe le plus clair de son temps à voir des vagues d’ennemis arriver encore et encore, rendant les parties bien trop longues et trop lentes pour pouvoir véritablement s’amuser à établir une stratégie. Là où Into The Breach misait sur des parties courtes, très intenses et incroyablement intelligentes, il faut attendre deux à trois heures de WarGroove pour que le rythme se décante un peu et que les missions apportent des objectifs et un déroulé plus intéressant. On vous recommandera aussi de rapidement désactiver les animations pour chaque escarmouche qui, malgré qu’elles soient de toute beauté, vous épargnera une bonne dose de temps sur la totalité d’une partie.
WarGroove reste avant tout un jeu généreux dans son contenu, puisqu’un mode arcade ainsi qu’un éditeur de niveaux/campagne vous permettra de prolonger le plaisir aussi longtemps que les joueurs utiliseront les outils pour créer leur propre contenu. S’il est généreux, il est aussi très beau. Difficile de ne pas taper dans l’œil du joueur alerte aux bons pixels 2D quand on voit des images du jeu ici et là. Le travail réalisé sur les animations est remarquable, tout comme celui sur la majorité des décors, des personnages et des unités. Bien qu’un peu trop courtes, les boucles de musiques sont aussi bienvenues et participent à l’ambiance guerre mimi-bon enfant bien dépeinte dans beaucoup d’autres aspects du jeu.