Test : Resident Evil 3 Remake - PS4

Resident Evil 3 Remake - PS4
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Fortes de l’excellent Resident Evil 2 Remake sorti en début d’année dernière, les équipes de Capcom n’ont pas relâché leurs efforts pour proposer, dans la foulée, une relecture du troisième volet de la mythique série, alors sorti en 1999 sur Playstation.

Test effectué à partir d'une version PS4

Sa première moitié se déroulant un peu avant les événements de Resident Evil 2 tandis que la fin du jeu prend place après que Léon et Claire se soient échappés du laboratoire souterrain d’Umbrella, Resident Evil 3 vous (re)met dans la peau de Jill Valentine, alors survivante des événements du manoir Spencer (Resident Evil) survenus quelques mois plus tôt. L’histoire débute lorsque les rats, pleins de Virus-G, commencent à répandre l’infection dans la ville de Raccoon City. On retrouve Jill, dans son appartement : les murs de ce dernier s’effacent sous les preuves et bouts d’enquête que notre héroïne est en train d’amasser pour faire tomber la sombre entreprise pharmaceutique à l’origine de la création du virus. L’épidémie se propageant rapidement, elle se retrouve très vite boutée dans les rues de Raccoon par le Némésis (dont on ne connait pas encore le nom), créature mutante ayant pour mission d’éradiquer tous les S.T.A.R.S., l’équipe d’intervention ayant détruit le laboratoire ainsi que le manoir dans le premier opus. En effet, si le Némésis a pour but de supprimer tous les témoins des vils agissements de la firme, cette dernière a également déployé les soldats de l’U.B.C.S. (Umbrella Biohazard Countermeasure Service) afin d’intervenir sur place et de sauver certains personnages clés, indispensables au contrôle et développement du virus. Jill fera d’ailleurs la connaissance de Carlos, un membre de cette fameuse équipe d’intervention et ils feront l’aventure ensemble : certaines portions du jeu ne seront uniquement jouables qu’avec Carlos, lui offrant un rôle plus central que sur l’épisode originel.

Ce changement narratif n’est qu’une seule des nombreuses modifications ayant subi le déroulé de la version 2020 par rapport à celle de 1999. Resident Evil 3 Remake emprunte la trame principale de son aîné sans pour autant la suivre à la lettre (voire même, méchamment la remodeler). En effet, certains passages de l’ancienne version ont été modifiés voire carrément supprimés (le Beffroi) pour les remplacer par de nouvelles sections de jeu, pas incroyablement originales non-plus (qui avait franchement envie de retourner dans des égouts ?). Des features clés sont aussi passées à la trappe, par exemple les énigmes emblématiques de la série ou encore les moments à double choix où il était possible, dans une situation délicate, de choisir entre deux options pour vous sortir d’un mauvais pas. L’écriture des personnages et des événements a également été revue, mais on gardera les détails pour nous, la frontière du spoiler s’arrêtant juste ici. On se retrouve donc avec un jeu ayant recyclé pas mal « d’assets » de Resident Evil 2 Remake tout en nous gratifiant d’une proposition vraiment différente du deuxième opus.

"S.T.A.A.A.A.R.S..."

Le Resident Evil 3 d’origine était résolument plus axé action que l’épisode d’avant, bien plus intimiste, angoissant (suffocant même) et horrifique. Autant vous le dire tout de suite : c’est également le cas avec ce Remake qui ne lésine pas sur la quantité de monstres tout comme sur les munitions qui vous serviront à nettoyer les rues de la ville. À la différence du deuxième épisode, où les zombies étaient plus résistants mais moins nombreux, c’est ici l’inverse : vous aurez besoin de moins de balles pour faire tomber ces sacs de viande morte, mais il sera plus facile de vous faire submerger par le nombre. Et comme si les monstres « normaux » n’étaient pas suffisants, vous devrez aussi fuir le Némésis durant certaines portions de l’aventure. Ne gaspillez pas trop vos munitions sur sa vieille carcasse, en plus d’être résistant il est très rapide et n’hésitera pas à vous bombarder de patates de forain pour définitivement en finir avec vous. Votre seule arme est donc de courir (même si, bon dieu, ce que Jill est lente) ou bien d’utiliser la nouvelle fonction d’esquive qui, si exécutée au bon moment, ralentira le temps et visera automatiquement le point faible de l’adversaire. C’est une idée qui se tient, sachant que le moteur du jeu d’époque permettait d’esquiver directement en zigzaguant, rendant le Némésis moins mortel et donc moins effrayant. Sans vous gâcher trop la surprise si vous ne connaissez pas le matos de base : le Némésis peut également utiliser des armes dont il n’hésitera pas à se servir pour vous pourrir la vie.

Comme dans le Remake de 2019, vous aurez ici la possibilité de vous fabriquer des munitions : c’est l’épisode trois qui avait introduit cette mécanique à l’époque et qui transfère le même problème inhérent à cette profusion de matériaux à ramasser : le manque de place et la gestion rebutante de l’inventaire. Collant à la peau de la série depuis ses débuts (tout en passant par des tentatives cheloues de s’en affranchir avec notamment le système de dépôt au sol de Resident Evil 0), ce problème de gestion de vos objets, tant la place manque, est décuplé avec cet épisode se voulant plus action et donc plus à même de vous saturer d’objets de soin, de munitions et d’items de quête indispensables à la progression. Malgré la possibilité d’agrandir vos sacs, les allers-retours vers une salle de repos et son coffre attitré seront nécessaires à de très nombreuses reprises. Les mécaniques (ou l’absence de certaines indispensables) commencent d’ailleurs à se faire plus vieilles à chaque année qui passe. On pensera à l’impossibilité de finir les zombies au sol, à la progression dans un level design assez convenu ou encore à la caméra parfois bien capricieuse. Resident Evil 3 vous invite à parcourir des environnements globalement plus « ouverts ». La première partie du jeu vous permet de déambuler dans quelques rues d’un quartier de Raccoon, presque à la manière d’un rogue-like, vous autorisant les allers-retours et un peu d’exploration avant de vous ouvrir le passage vers la suite de la campagne.

Resident Evil 3 Remake

Pour ça, le déroulé du jeu reste fidèle à celui des autres titres de la série et surtout du Resident Evil 3 de base : avancer, tuer, ramasser des objets qui vous permettent de continuellement faire votre fuite en avant. Pour vous sortir des mauvais pas, l’environnement vous proposera tout un tas de portes de sortie, comme des bidons rouges prêts à exploser lorsque vous tirez dessus ou des générateurs défaillants qui, une fois touchés par une balle, déploieront une vague d’énergie statique étourdissant les ennemis proches. Ces derniers sont d’ailleurs moins diversifiés que dans l’épisode de 1999 malgré l’ajout des « Pale Heads », les zombies méga-relou aperçus dans les DLC de Resident Evil 2 et sur lesquels il faudra décharger une bonne dose de puissance de feu pour les voir « définitivement » mourir. Les combats de boss ont également été revus : s’ils ne restent pas les moments les plus intéressants dans la série, on saluera la volonté de redonner un coup de fouet à ces derniers même s’ils restent simplistes, avec l’impression de les avoir déjà faits 1000 fois.

Resident Evil 3 Remake

Beffroi dans le dos

Si ce remake du troisième épisode se permet certaines bifurcations scénaristiques, le jeu base une grande partie de son renouveau sur la technique du RE Engine déployée à toute blinde et mis au service d’une ambiance très réussie, tantôt gore, tantôt explosive, tantôt les deux en même temps. L’esthétique de ce Resident Evil 3 Remake reprend le socle créatif de l’épisode de 99 tout en y ajoutant des centaines de détails, des lumières et contrastes fous, des particules à tout va, sans parler des gerbes de sang, des étincelles et explosions flamboyantes donnant un vrai cachet à tous les environnements. Les images tournent à 60 FPS, ce qui est un pur bonheur pour la rétine, même si certaines concessions ont dû être faites pour économiser la mémoire vive de nos consoles (observé sur PS4 Pro). Par exemple, les membres détachés du corps des zombies ne restent plus au sol et disparaissent immédiatement, tout comme la fluidité des mouvements des ennemis qui est légèrement tronquée à partir d’une certaine distance (vous verrez les mouvements des zombies légèrement « saccader » à quelques mètres de vous, ce qui donne une impression un peu étrange). Pour le reste, les animations, la fluidité du jeu et la direction artistique sont irréprochables et montrent encore à quel point le RE Engine fait des merveilles sur les dernières productions de chez Capcom.

Resident Evil 3 Remake

Si la campagne principale du jeu se terminera entre 6h et 8h (oui, c’est peu, comme le jeu d’origine), Resident Evil 3 Remake propose son mode multijoueur « très » à part entière baptisé Resident Evil Resistance. Annoncé bien avant RE3R, il devait être prévu à la base comme un jeu stand-alone avant que les équipes de développement ne reconsidèrent la chose et l’intègrent directement à la campagne solo de RE3 (même si c’est une application séparée qui doit être lancée). Bref, Resident Evil Resistance est un mode utilisant un gameplay asymétrique, où un joueur incarne le Mastermind tandis que quatre autres joueurs contrôleront différents jeunes aux capacités et caractéristiques différentes. Le concept est plutôt simple : le Mastermind a l’œil sur la carte à travers les différentes caméras disposées un peu partout et peut faire apparaître pièges et monstres (du simple zombie jusqu’à Mr.X ou le Tyran) au fur et à mesure de la partie. Le but des joueurs sera de s’échapper de la carte tout en évitant les obstacles placés par le Mastermind. Plus ce dernier inflige des dégâts aux joueurs et plus le timer diminue rapidement (les survivants ont cinq minutes pour s’échapper).

À l’inverse, plus les survivants tuent de monstres et usent de leurs compétences pour ennuyer le Mastermind (IEM sur les caméras, techniques de combat avancées sur les monstres…) et plus ils gagneront de précieuses secondes. Sans vraiment être très original ou techniquement flamboyant, ce mode multi pour Resident Evil servira de petit « à-côté » pour les joueurs désirant s’échapper un peu du solo pour quelques heures. Les cartes, bien que plutôt malines parfois, restent assez tortueuses et pas super belles, tout comme les animations des différents personnages qui manquent de fluidité. Enfin, on notera que les combats peuvent rapidement devenir brouillons lorsque les personnages et ennemis s’entassent dans un endroit confiné. S’il propose également une forme de personnalisation et d’avancée de votre personnage vers l’achat de nouvelles armes et compétences, Resident Evil Resistance reste un « sous-mode » qui devrait lasser rapidement les joueurs, à moins que ce dernier ne subisse de continuelles mises à jour majeures permettant de renouveler l’expérience autant que possible.

Resident Evil 3 Remake
Arrivant une année après le superbe Resident Evil 2 Remake, ce troisième opus, malgré une plastique scintillante et une technique globalement maîtrisée, ne parvient pas à atteindre la barre fixée par son aîné. Intrinsèquement moins gore, horrifique et confiné que son grand frère, Resident Evil 3 Remake opte pour une virée plus action, plus explosive et plus énervée. Le Némésis - Mr.X survitaminé - joue parfaitement son rôle d’inlassable prédateur et se trouve être bien plus menaçant que dans sa version 1999. Malgré une réécriture des personnages assez bonne et de grands pans de l’aventure remaniés, on regrettera la persistance des habituelles errances de la série, à commencer par cet inventaire toujours plein, ce level design plutôt convenu et linéaire ainsi que l’impossibilité de se débarrasser plus efficacement des zombies au sol. Outre ces écueils, la proposition Resident Evil 3 Remake reste bonne pour ceux désirant tâter la fibre « action » de la série, c'est un jeu beau à se damner et le plaisir des fans à parcourir les rues de Raccoon City une fois encore est présent. Attention toutefois, le jeu propose une expérience assez courte taillée pour être refaite plusieurs fois, par plaisir ou par recherche des meilleurs temps.
01 avril 2020 à 17h06

Par

Points positifs

  • Moins nanardesque qu’avant
  • L’intro en FMV (svp !)
  • Le magnifique RE Engine
  • L’ambiance, l’immersion et la direction artistique
  • Le design des monstres
  • Moins d’horreur, plus d’action
  • La réécriture des personnages, Carlos en premier
  • Les combats de boss
  • Le système d’esquive

Points négatifs

  • Pas assez de rejouablité
  • Le mode multi Resistance qui manque d’originalité
  • Gestion de l’inventaire
  • Le level design convenu
  • Une campagne courte (6-8h)
  • Moins d’horreur, plus d’action
  • Certains ennemis « gouffres à munitions »
  • Très peu d’énigmes

Gribouillé par...

Lorris

Lorris

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Jean-Claude Van Damme au corps, Jean-Claude Dusse dans la tête. C'est parfois l'inverse.

Twitter : @Yolorris

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