Test : Horizon Forbidden West - PS4

Horizon Forbidden West - PS4

Horizon Forbidden West - PS4

Genre : Monde ouvert robotique

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Cross-gen malgré lui, le Horizon Forbidden West de chez Guerrilla arrive bientôt sur PS4 et PS5 avec la volonté d’être plus qu’un simple épisode 1.5.

Test effectué à partir d'une version PS5

Après avoir triomphé lors de la bataille de Méridian, Aloy, plongée dans sa quête de sauvetage de la planète, n’a même pas pris le temps de partager le godet avec ses compagnons de bagarre. Pendant que les tribus de l’Est célébraient la défaite d’Hadès et de ses machines, la « sauveuse de Méridian » a continué d’enquêter pendant six longs mois sur le fléau qui ronge petit à petit ses terres et semble bien installé plus loin, dans l’ouest prohibé. Horizon Forbidden West nous propose de nous aventurer vers de nouvelles contrées qu’on appelait autrefois Californie.

L’Aloy du plus fort

Tempêtes inarrêtables, terres souillées par la nielle, machines incontrôlables et dangereuses, voilà les obstacles qui jalonneront le chemin de notre Aloy tout au long de son long périple vers les côtes ouest des « ex » États-Unis et qui servira de fil rouge tout au long du jeu. Alors que l’on reprochait à son aîné d’être un tantinet timide sur le rythme et la ponctuation des éléments narratifs au long du jeu, ici, Forbidden West nous offre un rythme plus soutenu et mieux équilibré, qui nous tiendra en haleine durant la bonne trentaine d'heures de jeu qu’offre la quête principale. Sans en dévoiler les rebondissements et surprises, la campagne centrale de Forbidden West met en scène notre ancienne exilée Nora à la recherche des morceaux d’I.A. dispersés qui, une fois réunis, permettront de repousser le fléau, reprendre le contrôle sur les machines et nourrir à nouveau les humains. Même si plutôt bien amenée, l’intrigue de cette campagne principale propose un déroulé assez classique sans en révolutionner les tenants et aboutissants et offre une continuité satisfaisante à celle du premier opus. Certaines révélations et ce que promet la suite n’évitent pas le lever de sourcil de temps en temps, mais de manière générale on ressort assez satisfait de l’expérience narrative proposée par Forbidden West.


Si on aura suivi la campagne principale avec un certain intérêt, c’est surtout les multiples petits récits, luttes intestines, rébellions et retournements de vestes intra ou interclans qui nous auront tenus en haleine dans le contenu gargantuesque proposé par le jeu de chez Guerrilla. En effet, Aloy traversera les régions peuplées de tribus et autres clans : des fêtards Oserams en passant par les Utarus à la main verte et les terribles Tenakths, chaque clan possédant sa manière de faire, penser et agir, engendrant leurs propres systèmes propices à l’élaboration de nombreuses quêtes annexes. Ces dernières, toujours d’une grande cohérence, proposent une écriture, des acteurs et un doublage à l’excellente finition, rappelant bien l’envergure du titre et des ambitions du studio néerlandais. L’ayant souligné, on appuiera ici le fait que le contenu de Forbidden West est énorme, et si les quêtes annexes sont nombreuses et vraiment engageantes, on évoquera également tous un tas d’activités qui participent à la grande cohérence du jeu dans son ensemble : de l’exploration de ruines racontant un peu plus la déchéance de l’Humanité aux défis de chasse et courses sur les machines rappelant la transformation du monde et l’adaptation de la race humaine, jusqu’à l’exploration des incroyables creusets (dont certains font office de vrais petits donjons « à la Zelda ») donnant des éléments sur les origines et raisons d’être des machines.

Horizon Forbidden West

Pas de prohibition sur le métal

Alors que le monde post-apocalyptique d’Horizon Zero Dawn avait très bien vendu son jeu, c’est surtout pour le système de combat que tous les yeux brillaient durant les premières présentations. Autant vous le dire de suite, de ce côté, le jeu n’a pas perdu de sa superbe, bien au contraire. Système central du gameplay de la série, le combat contre les machines (et les humains, hélas) est toujours aussi grisant et bien amené. La mécanique se repose toujours sur la confrontation entre Aloy et ses armes relativement rudimentaires (arc, pièges au sol, lance-corde…) et les machines, représentant des animaux et bêtes préhistoriques. L’originalité du combat réside notamment dans la constitution des machines, cohérente avec la diégèse du jeu et qui finit par jouer un rôle important dans les combats. En effet, chaque machine est composée de ses points faibles/forts qui seront directement visibles sur leur corps et potentiellement pris pour cible par Aloy. En tant que joueur, vous aurez le choix : détruire certains équipements montés vous permettra d’abattre la cible plus vite, mais décider de viser des points plus sensibles vous autorisera à ramasser plus de matériaux qui n’auront pas été détruits pendant le combat. Et si vous ne le savez pas, les matériaux dans Horizon Forbidden West (comme ils l’étaient dans Zero Dawn) sont à la racine de tous les équipements créés, munitions, armes, tenues et leurs améliorations, donc, d’une importance capitale dans l’évolution de votre personnage. Chaque quête terminée, défi réussi, ennemi tué vous apporte de l’expérience qui vous fera gagner en niveau et ainsi débloquera des points de compétences pour nourrir différents arbres de maîtrise, allant de la technique à l’arc, le piratage, la pose de piège ou encore le combat au corps à corps.

Horizon Forbidden West

Concernant votre matos, il est varié et va de l’arc à la lance en passant par le lance-corde (pour immobiliser l'ennemi) jusqu’à l’arbalète ou encore un lance-pièges. Les armes et tenues ramassées/créées peuvent être de rareté/qualité différente, apportant des résistances ou dégâts bonus aux différentes attaques élémentaires. Les éléments comme le poison qui ronge les protections de métal des machines, la glace qui les ralentit et diminue la défense, le feu qui inflige plus de dégâts ou encore le plasma sont non-négligeables puisque vous pourrez prioriser certains types d’attaques selon la résistance de vos ennemis et ainsi leur infliger de lourds dégâts. Contre les humains, les règles ne sont pas du tout les mêmes en combat et leur application demeure l'une des déceptions du jeu. En effet, si dans le premier opus les combats contre les Carjas et autres suppôts de l’Éclipse étaient inintéressants en tous points, on reste ici, hélas, sur le même ressenti. L’impossibilité de cibler ou encore de parer rend les confrontations frontales bordéliques et sans maîtrise. On se retrouve souvent à marteler la touche d’attaque en esquivant, au mieux, celles des adversaires avec une roulade de côté, sans pouvoir jamais vraiment garder le contrôle sur les coups et le sens du combat. Les ennemis peuvent se retrouver étourdis, au sol, mais aucun code ou signal envoyé par le jeu (comme l’aurait faire un Batman Arkham City ou, même, un Assassin’s Creed) n’indique les ouvertures et possibilités de s’approprier la joute facilement. De plus, il reste une très fine latence entre le moment ou le joueur appuie sur la gâchette et le moment où le coup est porté, ce qui accentue encore un peu ce sentiment de baston incontrôlée. Du coup, on aura préféré esquiver tout combat frontal contre les humains, surtout lorsque les éliminations furtives sont possibles, accroupi dans les herbes hautes. La furtivité, aidée par un arbre de talent dédié, est également utilisable contre les machines, notamment pour un piratage en règle qui nous laisse désormais le choix d’en faire des alliés reposant plutôt sur la défense ou l’attaque.

Horizon Forbidden West

Le 7ème continent

Les armes, c’est bien. Mais les accessoires favorisant l’exploration, c’est mieux. Et pour le coup, Horizon Forbidden West s’est inspiré des cadors du genre en gratifiant Aloy et vous, le joueur, de quelques petits cadeaux pour profiter de l’incroyable level design du jeu. Tout d’abord (et cela ne vous aura probablement pas échappé dans les trailers), Aloy pourra utiliser un « glider », un genre de paravoile qui lui permet de flotter dans les airs après un saut d’une certaine hauteur. En plus de vous faire gagner du temps durant vos trajets, il est également utilisé dans certaines phases de « puzzles ». Sur la terre ferme, votre progression est également facilitée par l’utilisation d’un grappin que vous pourrez utiliser sur certaines prises seulement et mettre en avant l’escalade dans le jeu, approfondie et améliorée par rapport à Zero Dawn. En effet, il est désormais possible de s’accrocher à bien plus de surface (que votre Focus surlignera en jaune) et vous pourrez explorer plus facilement les environnements verticaux du jeu (des montagnes, des ruines anciennes en hauteur, des machines gigantesques…). Si l’exploration sur terre et dans les airs est facilitée, elle l’est également dans l’eau. Limitée à quelques secondes en submersion, un objet vous permettra assez rapidement de rester sous l’eau aussi longtemps que possible, vous invitant alors à explorer les fonds marins, grottes inondées et autres épaves d’anciennes machines cachant secrets, matériaux et éléments narratifs. Ces différents ajouts, bien que très classiques et malmenés par un moteur DECIMA souvent capricieux dans sa prise en main, permettent d’ajouter de l’épaisseur à l’exploration dans Forbidden West, ce qui manquait cruellement à Zero Dawn. Ici, c’est un vrai plaisir de pouvoir chercher le moindre secret, qu’il soit caché en l’air ou en mer, et surtout de voir que les développeurs ont construit un monde cohérent, qui apporte un stimulus à presque chacun de vos faits et gestes.

Horizon Forbidden West

En effet, l’exploration dans Forbidden West est admirable. Les outils discutés plus haut permettent une grande variété dans vos mouvements et vos possibilités en tant qu’aventurier pour braver une colline, traverser un lac ou dévaler une pente alors poursuivi par une meute de charognards. Ce qui la rend admirable, c’est également (et surtout) la sublime direction artistique du jeu. Il est difficile de la décrire avec quelques caractères tant elle est plutôt à expérimenter manette en main et yeux fixés sur l’écran. Je n’ai pas compté le nombre d’idées brillantes dépeintes à travers l’esthétisme de certains bâtiments, l’appropriation d’anciennes technologies et d’architectures par les nouvelles peuplades, la narration environnementale qui ne se fait que via des visuels somptueux, sans bien sûr évoquer les scènes de pure contemplation que peuvent dégager un amas rocheux traversé par une cascade d’eau juste en dessous d’un coucher de soleil ou encore des combats de machines au loin, au premier plan d’une carcasse d’une immense machine, symbole destructeur de la fin de l’ancienne civilisation. Cette exploration magnifique est soutenue par la bande originale de Joris de Man, subtile, tantôt guerrière, tantôt mystique et apaisante et, par moments, sublimée par Julie Elven au chant. Comme tout ce qui est à l’image du « gap » qualitatif entre Zero Dawn et Forbidden West, la bande originale suit le mouvement et s’élève d’un cran pour nous faire ressentir toute la mélancolie et l’espoir que suscitent les enjeux du titre. Le ressenti dans les oreilles n’est, hélas, pas le même entre nos doigts (pour la version PS5), puisque l’haptique de la DualSense ne nous a semblé pas assez utilisé. Les contrastes dans les gâchettes dans l’utilisation des différentes armes sont inexistants, et peu utilisés dans les interactions avec l’environnement. C’est dommage, parce que la technologie est prête et aurait pu renforcer l’immersion dans les combats et l’exploration. On mettra ça sur le compte de l’effet « cross-gen » qui n’implique pas forcément les développeurs à se concentrer sur ce genre de détails, notamment lorsque l’on pense à la masse de joueurs qui découvriront le jeu sur PS4.

Horizon Forbidden West

Pour la bonne note de fin, on terminera en saluant l’incroyable travail des développeurs sur la conception du monde d’Horizon Forbidden West. Graphiquement, sur sa version PS5, il est difficile de s’asseoir sereinement à côté d’un jeu de cette trempe visuelle et dire « je suis plus beau que toi ». Tout fourmille de détails, de vie, de réalisme, c’est magnifique et difficilement égalable à l’heure actuelle. De plus, le level design invite souvent à l’exploration, et la cohérence dans la structure de ce monde ouvert est omniprésente.

Horizon Forbidden West


Sous ces allures d’Horizon 1.5, Forbidden West est, en quasi tous points, supérieur à son aîné. Plus beau, à la narration mieux maîtrisée, son monde ouvert plus engageant à l’aide d’outils facilitant l’exploration, les combats toujours aussi dantesques et grisants… On ne regrettera que le problème des joutes avec les humains, le moteur DECIMA qui fait parfois des siennes dans les mouvements de précision ou encore l’haptique sous-utilisé dans sa version PS5. Pour le reste, Horizon Forbidden West s’impose déjà comme l'un des costauds de 2022. Sa direction artistique à couper le souffle est à montrer dans toutes les écoles et fait figure de très belle vitrine pour vanter ce qui est probablement le meilleur investissement à faire sur PS5 à l’heure actuelle (et franchement, vos PS4 s’en régaleront également, surtout le ventilo). Guerrilla signe donc ici son meilleur jeu.
14 février 2022 à 09h03

Par

Points positifs

  • L’incroyable direction artistique
  • La beauté du jeu donne le tournis
  • La profondeur et l’intérêt des quêtes annexes
  • Un contenu qui n’est jamais offert pour « rien »
  • Les combats contre les machines
  • La multiplicité des armes et objets
  • Les nouveaux accessoires d’Aloy : flexibilité, mobilité, possibilités
  • La nage est là ! L’escalade améliorée
  • Les environnements détaillés qui racontent une histoire
  • Les creusets qui prennent la forme de petits « donjons »
  • La narration beaucoup plus rythmée
  • Le doublage, les animations des personnages, les acteurs
  • La magnifique bande-son de Joris de Man
  • Les options d’accessibilité pour tous les joueurs

Points négatifs

  • Le moteur DECIMA, souvent capricieux (notamment pour les mouvements qui nécessitent de la précision)
  • Les combats contre les « humains » peu intéressants et difficiles à gérer (I.A., gameplay…)
  • L’haptique de la DualSense est sous-utilisé
  • Difficile de savoir vers quoi l’intrigue principale se dirige…
  • Du poping, ici et là

Gribouillé par...

Lorris

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Fin limier du mot

Jean-Claude Van Damme au corps, Jean-Claude Dusse dans la tête. C'est parfois l'inverse.

Twitter : @Yolorris

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