Yasha : Legends of the Demon Blade tente de se démarquer en début d'aventure en proposant non pas un, mais bien trois héros différents : la combattante à l'épée Shigura, la démone Sara et l'archer Taketora. Tous trois vivent leur propre histoire, accompagnée par quelques ''cinématiques'', même si leurs vies sont au final interconnectées. Comme dans un
Hades, les dialogues sont relativement nombreux et peuvent aussi se lancer avant un combat de boss, même si au final le tout reste assez peu intéressant, en plus de souffrir d'une traduction catastrophique.
Tu ne le sais pas encore, mais tu es déjà mort... d'ennui
Autant mettre les pieds dans le plat immédiatement : s'il bénéficie certes d'une traduction française, Yasha : Legends of the Demon Blade n'a clairement pas profité du travail d'un être humain qualifié. Entre les erreurs de genre, les incohérences dans le tutoiement / vouvoiement ou encore les traductions littérales depuis l'anglais qui n'ont aucun sens en français, il est certain qu'on est là soit sur du Google Trad, soit sur de l'IA. Par exemple, le jeu traduit ''It was a piece of cake'', expression soulignant la simplicité d'une action, par quelque chose du genre ''c'était un morceau de gâteau''. Navrant.
Malheureusement, il ne s'agit là que du début d'une longue liste de défauts, que ce soit du côté de l'enrobage ou du contenu. On a mentionné plus haut les cinématiques, mais elles sont hélas extrêmement basiques, à base essentiellement d'artworks qui se suivent, sans aucune mise en scène ni doublage. Certaines prennent même simplement la forme d'un texte sur fond uni. Certes, la direction artistique est vraiment jolie, mais s'il suffisait qu'un jeu soit beau pour être bon, The Order : 1886 serait un chef-d’œuvre et AI : The Somnium Files serait une purge.
Côté gameplay, c'est un peu mieux mais tout de même pas suffisant. Les développeurs ont ici opté pour quelque chose de très basique puisque chaque héros dispose de son gameplay propre – par exemple Sara est très rapide et Taketora peut tirer des flèches – et d'une petite poignée d'attaques, et chaque nouvelle zone nettoyée est l'occasion de choisir une amélioration dans les trois proposées aléatoirement. De nouvelles armes peuvent être craftées pour bénéficier de bonus, ce qui est une bonne idée pour diversifier l'aventure et tenter de nouvelles stratégies. Par exemple, l'une des épées de Shigure dispose d'une jauge qui, une fois pleine, lui accorde un petit bouclier.
Et ça recommence encore et encore...
Lorsqu'un personnage meurt au combat, il est ressuscité et le joueur distribue les points gagnés durant la run pour l'améliorer, comme le fait de pouvoir revenir d'entre les morts dans un niveau. Bref, un système très basique pour le genre mais toujours très efficace, qui hélas n'ôte pas le plus gros défaut de cette aventure : tout est extrêmement répétitif et prévisible. Les trois héros parcourent encore et encore les mêmes niveaux, affrontent les mêmes boss et combattent des ennemis apparaissant toujours au même endroit.
Chaque run a la même structure, avec la même quantité de niveaux et de boss, mais aussi l'apparition au milieu de tout ça d'un village comprenant des PNJ de manière aléatoire, même s'il y a tout le temps une personne qui pourra soigner le héros et un défi spécial à relever (ou pas) pour bénéficier d'un bonus. Au moins, le tout se termine extrêmement vite puisque chacun de ces héros – qui doit avoir son propre slot de sauvegarde pour une raison inconnue - n'a droit qu'à une petite poignée de chapitres. Une histoire (donc celle d'un personnage) ne prend même pas deux heures à être terminée, même s'il est possible après de continuer en augmentant la difficulté en modifiant certains paramètres. Comme le système de chaleur d'un certain Hades, encore lui.
Alors, certes, la répétitivité c'est un peu le principe d'un roguelite. Mais dans les bons jeux du genre, il y a toujours quelque chose donnant envie d'aller plus loin, que ce soit l'histoire, les nouveautés arrivant régulièrement ou encore le sentiment de s'améliorer. Ici, il n'y a rien de tout ça, avec un scénario pas bien intéressant ou une difficulté trop basse pour avoir une vraie impression de progression. Certes, il est bien que le tout soit accessible, mais quel est l'intérêt si on roule sur tout le jeu quasiment dès les premières tentatives ?