Test : Gotham Knights - PS5

Gotham Knights - PS5
Partager
On a vraiment cru que Gotham Knights nous promettrait une emphase incroyable sur quatre héros après une mise à l’écart d’un Batman qui a littéralement tout cannibalisé ces dernières années. On a aussi vraiment cru que le titre de WB Games Montréal serait une sorte de petite rédemption revancharde après un Arkham Origins en deçà du travail de Rocksteady, proposant un monde ouvert aux quêtes gratifiantes et aux combats satisfaisants. Oui, on y a vraiment cru.

Test effectué à partir d'une version PS5

Ayant déjà mis un pied dans Gotham avec Arkham Origins, les développeurs de chez WB Games Montréal ont écarté la chauve-souris pour mettre en lumière quatre héros ayant tous jailli des cendres du chevalier noir : Red Hood, Batgirl, Nightwing et Robin sont les Gotham Knights. Le jeu est donc construit en monde ouvert représentant la sombre ville imaginaire dans laquelle vous vous battrez contre de multiples ennemis. À la manière d’Arkham Origins qui proposait une Batcave faisant office de hub, ici c’est le Beffroi de Gotham qui sera votre quartier général : le lien pour venir faire avancer des suites de quêtes, utiliser l’établi de fabrication, discuter entre copains et profiter des (très) nombreuses cut-scenes que propose le jeu.

La Cour des Gros Mous

Sans trop en révéler, l’histoire de Gotham Knights met en place nos quatre héros qui devront s’entraider pour mettre à mal la Cour des Hiboux, une organisation secrète cherchant à « sauver » Gotham à sa manière. Pour ce faire, vous devrez déambuler dans Gotham à la recherche d’indices et suivant une suite de quêtes principales dont on atteint la fin relativement rapidement. Nous sommes d’ailleurs jetés dans le bain assez brutalement et sans trop de préparation, prêts à être noyés sous les injonctions d’une interface utilisateur et une ergonomie des menus assez désastreuse. Dès le début, on ne sait pas trop où donner de la tête puisque peu d’explications nous sont apportées pour espérer goûter d’une progression tout en douceur. En effet, tous les indicateurs nous crient de chercher des infos, interroger des suspects dans certaines parties de la carte (complètement accessible dès le début) sans vraiment savoir comment le faire, nous obligeant à enchaîner les combats pour espérer trouver ce qu’on cherchait à la base. C’est là que le bât blesse : on remarque assez rapidement que ce Gotham Knights manque cruellement de cohérence et de liant entre ses différents systèmes de jeu, mais nous y reviendrons.

Gotham Knights

Raie tracing

Sillonnant clairement dans les traces des Arkham Knight, Gotham Knights offre évidemment un nombre incalculable de combats à donner. Que cela soit en « free roaming » dans Gotham et ses différents groupes de truands à rincer, en passant par les joutes plus dirigées des quêtes principales et annexes. Dans les jeux de Rocksteady notamment, les combats avec Batman permettaient une flexibilité qui font la force du héros (notamment l’utilisation de nombreux gadgets puisque, rappelons-le, Bruce Wayne n’a pas de pouvoir) et de se battre avec l’utilisation du contre, ce qui faisait des combats une vraie danse, stratégique parfois et belle à regarder. Dans Gotham Knights, plusieurs choix curieux rendent les combats mous, imprécis et absolument délestés de toute satisfaction. En effet, en plus de la disparition du fameux contre, vous ne disposez pas de gadget à utiliser en combat, si ce n’est des types d’attaques différents et des attaques spéciales à rechargement que vous pourrez utiliser de temps en temps. Autant ne pas trop épiloguer dessus : à ce niveau, Gotham Knights est une injure à l’année vidéoludique de 2022 tant les combats sont loupés et qu’on préfèrera éviter, là où ceux des Arkham Knight nous procuraient une réelle sensation de puissance.

Chaque personnage dispose de particularités, comme Red Hood dont les attaques à distance et sa force brute sont sa spécialité ou encore Nightwing qui fait clairement plus dans le subtil avec des enchaînements moins puissants, mais plus rapides. La progression de votre personnage se fait grâce à des points d’expériences acquis au fur et à mesure de vos missions et des ennemis que vous abattez, vous garantissant des compétences à choisir dans un arbre de toute petite taille à l’inspiration extrêmement limitée. En ce qui concerne la fabrication et l’équipement, vous ramasserez des plans ainsi que des ressources sur le cadavre de vos ennemis, vous permettant de fabriquer des pièces d’armure qui augmenteront vos statistiques. Encore une fois, ce système est banal et austère au possible puisqu’on s’oblige à fabriquer machinalement du matériel de meilleure qualité, sans trop se poser de question, ni même faire quelques arbitrages stratégiques. Hélas, c’est à l’image de tout ce que le jeu propose : un gloubi-boulga de systèmes mis bout à bout qui semblent simplement être là pour cocher des cases plutôt que d’apporter une cohérence à un ensemble.

Gotham Knights

Gotham Shitty

Entre tous ces combats, vous pourrez vous adonner à de nombreuses activités, des quêtes principales et annexes en passant par des résolutions de petites enquêtes (sous forme d’un jeu de recherche d’indices sur un plan fixe et de déductions), de défis de vitesse ou encore de traques de grands méchants. À ce niveau, le jeu se fait plaisir en introduisant quelques-uns des pires vilains du DC Universe comme Harley Quinn, Mr. Freeze ou encore Gueule d’Argile. Vous pourrez poursuivre ces derniers à travers des suites de quêtes parallèles à la campagne principale, mais, pour tout vous dire, ce n’est pas bien long et pas franchement intéressant. Surtout lorsque la majorité des arcs se complètent à travers des combats mal foutus. Votre mobilité, vous la ferez à l’aide d’un grappin ou encore d’une moto (Batcycle) qui ne sert strictement à rien une fois le déplacement rapide débloqué. Encore une fois, lorsqu’on veut imiter du Rocksteady en s’en détachant, il faut éviter de faire n’importe quoi : la moto ne sert qu’à se déplacer là où la Batmobile, notamment dans Arkham City, permettait de se battre et apportait un réel plus. À l’image des combats dont nous avons déjà parlé, la conduite de la moto devient alors rapidement anecdotique et ennuyeuse à crever, du coup : on ne s’en sert pas.

Gotham Knights

Dans toute cette mélasse de mauvaise humeur, il y a toutefois quelques éclaircies d’espoir. En effet, au-delà du non-débat des 30 FPS fixes avec du ray tracing qu’on ne peut pas désactiver (ça brise les yeux, mais on ne dira rien sur ce point), Gotham Knights propose une direction artistique générale, des environnements et un level design vraiment au niveau. C’est assez agréable de se mouvoir dans les différents niveaux, exprimant tantôt la crasse ambiance de Gotham, tantôt la froideur des labos, tantôt le chic pervers de la Cour des Hiboux, une fois que l’on a accepté la lourdeur des mouvements des personnages et leur maniabilité digne d’un AA de 2012.

Gotham Knights

Si l’on ne parle pas de tout ce qui ne tourne pas rond avec Gotham Knights, c’est bien parce qu’il est épuisant de lister tous les points négatifs d’un jeu qui aurait dû voir le jour il y a dix ans. Pinacle de l’incohérence et du jeu aux sommes qui n’additionnent rien, Gotham Knights essaye de reproduire des schémas et des systèmes de jeu éprouvés jusqu’à la nausée depuis de nombreuses années, sans réussir à en retirer une grande satisfaction. Fort heureusement, entre les combats repoussants, la jouabilité difficile, l’exploration anecdotique ou encore l’ergonomie à revoir, on saluera une chouette direction artistique et des chorégraphies réussies durant les cut-scenes.
20 octobre 2022 à 13h01

Par

Points positifs

  • La direction artistique
  • Les cut-scenes impliquant un combat
  • Le système de hop-in/hop-out de la coop fonctionne bien

Points négatifs

  • Les combats sont frustrants et ennuyeux (où est le contre ? les gadgets ?)
  • Très peu de flexibilité dans les mouvements (absence de saut)
  • Le système de progression est fade
  • Le système de fabrication est anecdotique et sans enjeu
  • L’exploration ne sert à rien
  • La coopération n’apporte pas de subtilité de gameplay
  • Des quêtes annexes relativement vides de sens
  • Le 30 FPS constant c’est rebutant quand même
  • L'expérience globale est assez courte
  • Beaucoup d'incohérence entre les systèmes

Gribouillé par...

Lorris

Lorris

Fin limier du mot

Jean-Claude Van Damme au corps, Jean-Claude Dusse dans la tête. C'est parfois l'inverse.

Twitter : @Yolorris

Revenir en haut