Test : Returnal - PS5

Returnal - PS5

Returnal - PS5

Genre : TPS - Roguelike

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Développé par Housemarque, des indépendants finlandais, Returnal est un jeu AAA édité par Sony et qui sort en exclusivité sur PlayStation 5. Oui, vous avez bien lu : des indépendants sortent un AAA.

Test effectué à partir d'une version PS5

Après Tom Cruise dans Edge of Tomorrow ou encore Bill Murray dans Un Jour sans Fin, c’est au tour de Selene Vassos, éclaireuse pour Astra, d’être en proie à la boucle temporelle. Alors qu’elle se crashe sur la planète Atropos, il ne lui faudra que quelques pas pour comprendre que quelque chose ne tourne pas rond. La faune locale, très agressive, fera tout pour préserver son territoire de l’envahisseuse mais, surtout, notre exploratrice retrouvera, éparpillées dans les différents biomes, plusieurs versions de sa propre carcasse sans vie. C’est lors de sa « première » mort qu’elle comprendra que tout recommence inlassablement au moment fatidique du crash, setup idéal d’un jeu de type rogue-lite.

« Je hurle, je me noie, je reviens »

Returnal est un jeu développé par les Scandinaves de chez Housemarque, une firme « indépendante », donc, qui a gagné le droit de produire un titre qualifié d’AAA après une mise au point chez Sony. Grand honneur pour eux de produire l'un des premiers gros titres exclusifs à la PlayStation 5 (et avec toute la pression qui peut accompagner ce genre de chantier). Le titre se présente comme un shooter accompagné de mécaniques de rogue-lite. De ce fait, l’architecture du titre se base sur un genre essoré ces trois dernières années : vous avancerez de pièce en pièce tout en rencontrant pièges et autres vagues d’ennemis ralentissant votre progression. Moins fermé que d’autres jeux du genre, Returnal vous offre la possibilité de quitter une pièce à n’importe quel moment et de faire marche arrière pour reprendre votre souffle si une trop grosse difficulté vous attend (à part pour les pièces piégées qui vous obligeront à terminer le combat avant de pouvoir repartir).

Returnal

Mis à part la première portion du jeu qui fait office de tutorial et de mise en place de l’histoire, vous commencerez toujours la partie de la même manière : sans rien, si ce n’est un pistolet basique. Votre objectif est donc d’avancer, de traverser le biome dans lequel vous vous trouvez et d’y battre le boss de fin de zone pour continuer d’avancer. Pour ce faire, le jeu vous propose différentes manières de faire évoluer Selene durant la partie et au-delà. Tout d’abord, chaque ennemi tué échappe des Obolithes, qui sont la monnaie du jeu et avec laquelle vous pourrez acheter de petites améliorations durant votre « run ». Outre ces achats, vous trouverez également des parasites qui, lorsqu’ils se collent à Selene, apportent un bonus, mais également un malus souvent représenté par ce que le jeu appelle un « dysfonctionnement ». Pour vous défaire de ce dernier, il faudra réaliser une action spécifique en jeu, comme tuer X ennemis ou récolter X objets. Ces dysfonctionnements apparaissent également à l’ouverture de coffres ou au ramassage de certains objets dits « maudits ». C’est-à-dire que, lorsque vous interagissez avec, vous avez une chance d’être accablés d’un malus. Autant vous dire que j’ai rapidement arrêté de tenter le diable au bout de quelques parties tant le ratio risque/récompense est, hélas, au désavantage du joueur.

Returnal

Selene pourra également agrandir sa barre de vie au fur et à mesure de la partie ou encore récupérer des objets lui garantissant de revenir directement à la vie une fois tombée. Rappelez-vous simplement que tout cela disparait une fois mort et que vous recommencerez, au crash, sans rien. On pourrait presque donc qualifier Returnal de « rogue-like » plutôt que « rogue-lite », mais c’était sans compter certains éléments déblocables que vous conserverez tout au long des parties. Cela concerne, par exemple, certains « pouvoirs » qui vous permettront d’avancer plus facilement et d’atteindre des zones alors inaccessibles avant. Le problème avec cette avancée très segmentée est qu’elle n’invite pas forcément à enchaîner les parties avec ce bon gout de « reviens-y » que pourrait proposer, par exemple, un Hadès. L’évolution de Selene se fait au petit bonheur la chance d’une partie et vous n’aurez pas le plaisir de faciliter vos « runs » d’après avec des améliorations persistantes de confort. Car, après une mort malchanceuse, voire clairement injuste, il est toujours difficile de relancer une partie avec plein d’optimisme. Si Returnal n’est pas d’une difficulté infranchissable, il peut parfois manquer de bienveillance. Sachez que la répétitivité des parties, à contrario de rendre Selene plus forte, aura l’avantage de vous apprendre le « pattern » des monstres, mais surtout de mieux jauger les risques à prendre (ou ne surtout pas prendre) selon la situation. En effet, alors que les mécaniques de rogue-lite ponctuent l’aventure, Returnal est avant tout à considérer comme un shooter frénétique plus qu’autre chose et, sur ce point, le jeu d’Housemarque est une vraie réussite.

Returnal

Pistolet à boules


Les ennemis qui peuplent la planète Atropos viennent en tailles et formes variables. Tantôt de chair, tantôt mécaniques, tantôt cubes octopodidés, ils partagent une même fonction : finir votre vie le plus rapidement possible à l’aide de leurs attaques représentées par des tirs de boules d’énergie. Des simples lignes de boules qui arrivent vers vous aux tirs beaucoup plus complexes des grosses bestioles, le combat de Returnal est fait d’adresse, de précision, mais aussi de placement et d’esquive. Pour ce faire, Selene peut dasher à travers les attaques et utiliser d’autres pouvoirs qui rendront les combats plus fluides au fur et à mesure de votre progression. Le titre d’Housemarque favorise évidemment le skill et même le « perfect fight » (ne pas être touché), puisque plus vous tuez d’ennemis sans être blessé et plus votre jauge d’adrénaline augmente. Cette dernière peut grimper jusqu’au niveau cinq, et chaque niveau atteint vous offre un bonus supplémentaire. De la même manière, plus votre partie dure et plus vous tuez d’ennemis et plus votre « maîtrise » augmente, qui est une sorte d’expérience globale représentée par une barre qui engrange les niveaux (et qui monte jusqu’à 30). Cela conditionne le niveau des armes que vous ramasserez, qui correspondra à votre maîtrise.

Returnal

Parlons des armes, d’ailleurs. Elles sont une dizaine à se débloquer au fur et à mesure, allant du simple pistolet au fusil mitrailleur, en passant par un fusil à pompe jusqu’à des instruments de combat bien plus puissants. Là est également la faiblesse du jeu : votre réussite dans l'avancée dans la partie est grandement conditionnée par votre chance à ramasser les armes les plus balèzes qui vous faciliteront (beaucoup trop) la tâche. Autant vous dire que deux « runs » côte à côte pourront être extrêmement différents en difficulté selon votre chance à ramasser une arme et un bonus bien spécifiques. C’est donc un problème d’équilibrage qui rend la réussite de vos parties un peu trop aléatoire. Sachez également que chaque arme possède un « tir secondaire », qui s’avère être une mécanique simple mais très importante dans Returnal. En effet, votre tir secondaire est une attaque bien puis puissante, mais qui devra être rechargée une fois utilisée. Pour mettre en pratique celle-ci, la technologie haptique de la DualSense est brillamment utilisée puisque les gâchettes offriront un vrai « stop » à la moitié de la distance d’enfoncement du bouton. Si vous restez à la moitié du parcours, votre tir sera le simple, alors que si vous appuyez fermement sur la gâchette et l’enfoncez jusqu’au bout, c’est votre tir secondaire qui sera utilisé. D’ailleurs, un nombre important d’informations vous sont données à travers le retour haptique de la manette : chaque tir, dash, saut, pas, le moment de rechargement du tir secondaire… ce sont de vrais retours qui, une fois assimilés, s’implantent dans votre mémoire musculaire et vous faciliteront peu à peu la tâche.

Returnal

Aliénation

Ne faisant pas référence à l'un de leurs précédents titres, Returnal développe une histoire justifiant assez bien l’effet « boucle temporelle » qu’offrait le marketing du jeu à grands coups de trailers énigmatiques. Déversant à torrent des tonnes de références au genre sci-fi épuisé sur grand écran (on a rapidement arrêté de compter les références à Alien ou Dune), Returnal offre une ambiance pesante, proche du malsain, mais assez fascinante. Sans trop en divulguer, l’enjeu narratif de Returnal se concentre sur l’histoire de Selene et de sa psyché matérialisée sous la forme d’une maison dans laquelle on explorera, par moments, des bouts de sa mémoire. L’effet de la boucle temporelle permet de revenir de temps en temps vers cette maison qui fait office de sas de décompression pour dépoussiérer un peu l’histoire de fond du jeu qui, globalement, reste assez superficielle. L’atmosphère du jeu dégage toutefois un vrai sentiment de perdition physique et psychologique, porté à merveille par la bande originale de Bobby Krlic, connu pour son travail au cinéma chez Ary Aster avec le dérangeant Midsommar.

Returnal

PS5 has entered the game

Returnal est donc la première vraie exclue en tant qu’IP originale de la PlayStation 5. Le défi était de taille pour les petits développeurs de chez Housemarque qui s’en sortent vraiment bien, surtout sur l’approche technique du jeu. Développant en étroite collaboration avec les gens de chez Sony, Returnal offre des sensations vraiment agréables manette en main, exploitant tous les bons côtés de la PS5. Selene est réactive, bouge bien et l’action se déroule souvent dans un feu d’artifice d’effets de particules, d’explosions et d’effets de lumières qui ne nous ont pas laissés indifférents, même si la direction artistique souffle le chaud et le froid de manière générale et que l’on a constaté quelques baisses de FPS lors de bastons un peu chargées à l’écran. 
Housemarque fait fort en cassant, avec un certain panache, le mur entre le monde des développeurs indépendants et celui des AAA exclusifs à l'une des principales machines du marché. Returnal, malgré son aspect très cryptique et malsain, est un shooter frénétique qui propose de très bonnes sensations manette en main, mais demeure injuste par moment, notamment en utilisant des mécaniques de rogue-lite en manque d’équilibrage. Si le jeu est vraiment satisfaisant dans certains compartiments, comme les combats, on aurait aimé un peu plus de pouvoirs disponibles, de compétences et d’armes. Il manque également ce petit goût de « reviens-y » à un jeu qui devient vite décourageant lorsqu’on meurt trop rapidement (et bêtement) sans avoir pu améliorer notre personnage d’un iota pour la partie d’après. Reste que, malgré ces quelques écueils, Returnal est un très bon jeu qui, de par son assise technique et sa proposition assez culotée, ne devrait pas laisser les joueurs indifférents.
29 avril 2021 à 14h01

Par

Points positifs

  • Les retours haptiques sont excellents
  • Les combats dynamiques
  • C’est assez beau (les effets de particules, les animations)
  • La B.O. de Bobby Krlic
  • La prise en main de Selene est très satisfaisante

Points négatifs

  • Le ratio risque/récompense pour les objets maudits
  • L’équilibrage des armes à revoir
  • Une direction artistique qui souffle le chaud et le froid
  • Le sentiment de mourir « pour rien » est assez frustrant
  • Le manque de « reviens-y » dans la progression
  • Des baisses de FPS par moments
  • 79,99€ pour une expérience « relativement » courte si vous ne vous acharnez pas pour les trophées

Gribouillé par...

Lorris

Lorris

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Jean-Claude Van Damme au corps, Jean-Claude Dusse dans la tête. C'est parfois l'inverse.

Twitter : @Yolorris

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