Alors remettons les choses dans le contexte.
Alan Wake est à l’origine sorti en sorti en 2010 et était une exclusivité Xbox 360 jusqu’en 2012 où il est sorti sur PC. Alors imaginez un peu comme il est surprenant de pouvoir se lancer dans l’aventure sur PlayStation aujourd’hui ! C’est plaisant, mais on a presque l’impression de voir
Sonic débarquer sur une console
Nintendo (oh wait…). A l’époque,
Alan Wake était ce que l’on appelle une arlésienne du jeu vidéo. Un projet de longue haleine qui a demandé de longues années de développement et a connu de multiples rebondissements. Souvenons-nous qu'à la base le jeu devait être un open world. Souvenons-nous aussi qu'une autre arlésienne est arrivée sur nos étagères la même année qu'
Alan Wake. Un certain Duke, et le résultat n’avait pas été très convaincant. Alors quand le dernier né de
Remedy est finalement arrivé, la méfiance était de mise.
Wake me up before you go
Puis le jeu commençait et tout s’estompait. Alan Wake était d’une qualité incroyable, une réelle innovation à la narration presque parfaite. Mais, malheureusement, malgré son succès d’estime ses ventes ont été relatives, ce qui a fait d’Alan Wake et de ses possibles suites des arlésiennes à leur tour. Comme quoi l’histoire se répète… Puis un jour, nous avons appris que Remedy avait récupéré la totalité des droits sur la série, l’espoir était donc permis et soudain, tadam ! Alan Wake Remastered est arrivé. On a tous sauté de joie mais, il faut l’avouer, on a aussi eu de l’appréhension. Parce qu’en fait, un bon jeu en 2010 est-il toujours un bon jeu en 2021 ? La réponse comme dans beaucoup de cas est « ça dépend ». Ben oui, les jeux vidéo sont tous différents et certains vieillissent mieux que d’autres. Mais dans le cas d’Alan Wake, tout va bien. Et il y a plusieurs raisons à ça.
Tout d’abord, le titre bénéficie de plusieurs améliorations techniques. Même si on retrouve toujours des problèmes de synchronisation labiale, on remarque tout de même que les graphismes sont plus fins, la distance d’affichage est plus grande et surtout on remarque une plus grande fluidité dans le tout. Une fois tout ça constaté, on ne remarque plus rien de neuf. Oui, Alan Wake Remastered est un remaster que l’on pourrait qualifier de fainéant. Mais on peut aussi dire qu’il n’est pas nécessaire de réparer quelque chose qui n’est pas cassé. Et même en son temps Alan Wake était loin d’être cassé. C’est pour ça qu’il a laissé une marque aussi forte dans l’esprit des joueurs. Si vous n’aviez pas eu la possibilité de mettre vos mains sur le jeu à l’époque, voici un petit topo. Alan Wake est un écrivain à succès traversant une phase de panne d’inspiration. Pour se ressourcer, il part prendre du repos avec sa femme à Bright Falls, une île aussi sympathique qu’inquiétante. Une fois sur place, la femme d’Alan disparaît et des événements étranges se produisent. Les ombres semblent être particulièrement agressives à Bright Falls et Alan va devoir se défendre.
A Wake and Alive
Alan Wake est un jeu d’action à la troisième personne se déroulant dans un univers horrifique très inspiré des écrits de Stephen King. Là où le titre tire son épingle du jeu, c’est qu’il fait aussi la part belle à l’histoire et que sa narration innovante pour l’époque s’approche de la perfection. Si on devait le classer sur l’échelle du jeu d’horreur, Alan Wake serait le fils illégitime d’une relation fugace entre Resident Evil pour son gameplay action et Silent Hill pour son histoire très centrée sur la psychologie et son atmosphère oppressante, sombre, brumeuse. Le gameplay est simple mais efficace, avec une petite variante, recette qui fait le succès de Remedy depuis des années. Vos ennemis sont prisonniers de l’ombre, vous devez donc les allumer avec votre lampe et faire partir l’ombre avant de pouvoir les attaquer avec une arme traditionnelle. L’ombre et la lumière sont au cœur du jeu, car si cela joue dans les combats, la lumière sera aussi une source de régénération et de réconfort. Aspect incroyablement bien maitrisé, car si on se sent réellement en sécurité lors des scènes de jour et lorsque l’on est dans la lumière, le stress s’installe très rapidement dans l’obscurité car la menace peut être partout.
Alors on allume, on tire, on court, on esquive, toute la panoplie du parfait jeu d’action. On se repose, on en apprend sur l’histoire, on écoute la radio et on regarde la télé qui nous donnent encore plus d’indices et, bien sûr, les niveaux étant grands, on explore pour trouver des récompenses. Notons aussi la mise en scène, la caméra se déplaçant soudainement dans le dos du héros ou à l’extérieur d’un bâtiment pour montrer les menaces se rapprochant. Un coup de maître augmentant la tension, car quand on est aussi bien armé (le jeu est plutôt généreux en recharges et munitions, les armes puissantes se trouvent facilement et les ennemis ne sont pas si résistants) on ne devrait pas être aussi stressé. Pourtant, Alan Wake arrive à nous stresser, tout le temps, et tellement que les scènes de cinématique deviennent des pauses.
Alan Lake
Alors, évidemment, on parle de la narration depuis tout à l’heure, mais qu’avait-elle de spécial ? Hé bien Alan Wake était l’un des premiers jeux découpé comme une série télé plutôt que comme un film. Ça peut paraître basique aujourd’hui, mais à l’époque c’était le premier essai réussi. Et, surtout, c’était le premier titre à vraiment utiliser ce découpage et à l’intégrer de manière aussi habile. Posez la manette et regardez quelqu’un d’autre jouer, vous aurez l’impression de regarder une série. Et que dire de l’histoire ? Un véritable bonheur à suivre avec tellement de détails dissimulés partout. Une histoire tellement réussie qu’une suite est attendue depuis des années pour continuer la mythologie… Vous connaissez la suite.
Alors, que penser d’Alan Wake Remastered ? Si vous aviez déjà fait Alan Wake à l’époque, c’est un vrai plaisir de s’y replonger. Il s’agit du genre de jeu dans lequel on découvre de nouveaux détails quand on le fait plusieurs fois, et les améliorations techniques apportent quelque chose de bien sympathique. Le seul regret est lié aux commentaires audio de Sam Lake. Les commentaires sont intéressants, ce n’est pas le problème, mais ils sont non sous-titrés, seulement en anglais et parfois apparaissent en plein milieu d’un dialogue. Un ajout intéressant mais qui malheureusement devra être désactivé si vous ne parlez pas anglais ou si vous faites le jeu pour la première fois. Si vous n’aviez pas fait Alan Wake à l’époque, alors il faut foncer. Vous avez ici affaire à un monument dont le gameplay n’a pas pris une ride. Évidemment, les graphismes sont un peu datés et on a parfois une impression de répétition, mais il y a des moments de bravoure si forts que les défauts paraissent bien minimes.