Saints Row. Un nom qui a su gagner ses lettres de noblesse. Ses deux premiers épisodes étaient en fait des clones un peu edgy de
GTA, puis est arrivé le troisième opus. Appelé
Saints Row : The Third, ce titre est rapidement devenu culte. Pourquoi ? Tout simplement parce que dans cet épisode
Volition se foutait bien de ce que pouvait faire la bande de
Rockstar : il était temps de montrer sa personnalité et de laisser libre cours à son imagination et à ses délires ! Alors oui, le troisième
Saints Row était un immense délire, et si
GTA était
Le Parrain, alors
Saints Row était
Y a-t-il un flic, une parodie efficace. Puis est arrivé
Saints Row 4 et son background de super-héros sous-exploité, beaucoup moins drôle et beaucoup moins fun. Le tout avait plus l’air d’un gros DLC que d’un véritable jeu à part entière et, surtout, le délire allait ici beaucoup trop loin alors que le troisième épisode avait trouvé le bon dosage. Puis
Volition a continué son chemin de manière peu convaincante avant de finalement revenir avec ce reboot.
Saints Tolle
Alors, un reboot, ok, une bonne idée pour se remettre sur les rails et de toute façon il y en a de partout en ce moment. Mais comment rebooter Saints Row ? Comment dire… Le studio s’est aperçu que certaines blagues de 2011 pouvaient mal passer en 2022. Et, surtout, nous sommes dans une société différente avec des problèmes différents. Si on peut saluer cette prise de conscience et cette volonté d’avancer de manière positive, une question restait cependant en suspens : comment Saints Row et son humour allaient évoluer ? Une réponse très simple : l’enfer est pavé de bonnes intentions. En réalité, l’humour de Saints Row est toujours là, mais un humour plus générique, un humour que l’on voit dans les films d’action car c’est bien le virage que la série veut prendre, être un film d’action hollywoodien nerveux comme John Wick ou exubérant comme Hobbs and Shaw.
Et ça commence plutôt bien, avec une longue scène d’action qui se termine par un saut sur un hélicoptère pour attraper un fugitif. Mais quelque chose ne va pas lorsque l’on joue. On ne sait pas vraiment pourquoi, mais au milieu de toutes ces explosions, on ne s’amuse pas… L’histoire vous met dans la peau du boss, personnage que vous pourrez créer de toutes pièces. Vous vous apercevez bien vite que vous partagez un appartement avec 3 autres personnes et que l’argent manque, donc le loyer va être difficile à payer. Vous commettez donc au début des petits larcins avant de créer les Saints. Hé oui, le jeu se concentre sur comment les Saints ont été créés et sont arrivés au top. Le quatuor principal est plutôt sympa, drôle et attachant. Eli est l’entrepreneur, Neenah la mécanicienne/pilote de haut vol, Kevin le gars torse nu qui cuisine et vous êtes l’homme de main. Tout ce petit monde va devoir évoluer pour faire grimper les Saints au rang de gang n°1 de la ville.
Saints c'est là
Et on commence à mettre le doigt sur quelque chose. Quelque chose qui nous gênait depuis l’introduction. On n’aurait pas déjà vu cette histoire ? On n’aurait pas déjà vu ce gameplay ? On n’aurait pas déjà entendu ce nom de ville quelque part ? Hé oui, vous l’aurez compris, Saints Row est une redite de redite de redite. Un open world à l’ancienne comme on en a eu des dizaines pendant la période PS3/Xbox 360 - PS4/Xbox one. Le problème, c’est qu’en prenant une direction différente, Saints Row a commis l’erreur de totalement gommer ce qui faisait sa personnalité au lieu d’appliquer les corrections voulues. Le résultat : alors que grâce à son troisième épisode la série se démarquait de GTA, ce reboot n’est qu’un clone de plus. Et cela jusqu’au nom de la ville, à savoir Santo Ileso qui rappelle Los Santos, alors que le Saints Row original se déroulait à Stillwater.
Et donc, ce reboot est un open world à l’ancienne, le style de jeu dont on a fait une indigestion il y a 5 ans. On a une grande map, une grande ville avec tout plein d’icônes qui représentent des activités. On se rend d’un point A à un point B, on fait ce qu’on a à faire au point B et on revient au point A. Pendant les missions principales, on a droit à des dialogues plus ou moins inspirés et à des cinématiques… pas à la hauteur techniquement. Il n’y a malheureusement pas d’autre description possible, le jeu dans son ensemble est techniquement assez faible et pas très beau malgré une patte artistique sympathique et reconnaissable.
La plupart de vos missions vous demanderont juste de conduire et de tirer sur des gens. Le gameplay à la voiture est le même que dans tous les jeux du même genre et c’est pareil pour le tir. Gâchette gauche pour viser, gâchette droite pour tirer. Le jeu se veut dynamique, alors on fait des roulades et on peut aussi faire des exécutions stylées qui permettent de se régénérer quand on a accumulé assez de kills. Le problème, c’est que Saints Row est rempli de bugs et que ces exécutions ne sont souvent pas stylées du tout à cause de bugs de collision ou de la caméra qui se plante dans un mur pendant l’action.
Saints éthique ?
Pour continuer dans le registre des bugs, il n’est pas rare d’échouer une mission parce qu’un script ne se lance pas. Un coéquipier censé vous suivre reste sur place et fait tout échouer, ce qui est frustrant. La difficulté n’est aussi pas au rendez vous du tout et c’est surtout à cause de l’intelligence artificielle des ennemis qui, soyons honnêtes, est basse quand elle ne plante pas, tout simplement. Donc, nous avons droit à de longues phases de tir peu amusantes, vues et revues. Et le recyclage est absolument outrageant. A un moment de l’aventure, vous devrez sauver l'un de vos colocataires retenu prisonnier par un gang rival. Cette mission est une copie totale de la mission finale de Saints Row : The Third. Tout est pareil, des escaliers à gravir, à l’hélicoptère, en passant par les bombes à désamorcer. Vous pensiez vraiment que personne ne s’en rendrait compte ? Ou vous êtes tellement à court d’imagination que vous recyclez vos idées ? On veut des réponses, Volition !
Alors, il y a des à-côtés, comme améliorer son personnage, apprendre de nouvelles aptitudes ou se personnaliser un petit peu. Mais tout ça c’est encore quelque chose que l’on a vu des milliers de fois et que l’on verra sûrement encore des milliers de fois. Et finalement, on obtient quelque chose de répétitif et que l’on n’apprécie pas vraiment, parce qu’il est très dur à apprécier et qu’on a l’impression que, malgré l’envie de renouvellement, aucun effort n’a été fait pour vraiment donner un nouveau souffle à la série.
Saints Trop...
Concernant le changement de la série. Le changement, c’est normal, on évolue, tout le monde évolue et le jeu vidéo aussi. Resident Evil ne ressemble pas à Resident Evil 7, par exemple. Mais il y a une chose qui est très importante, et c’est la personnalité. En souhaitant changer, Saints Row a perdu sa personnalité et a fini par ressembler à un clone de GTA sans saveur. On ne dit pas qu’ils n’auraient jamais dû changer, seulement que les possibilités d’évolutions étaient multiples et que là c’est la pire option qui a été choisie. Tout simplement parce que la série n’a plus rien qui lui permet de se démarquer. Celui qui avait décidé de s’éloigner de son modèle a fini par s’en rapprocher beaucoup trop et c’est ainsi que l’on a plus l’impression d’une régression que d’une évolution.