Test : Death Stranding 2 : On The Beach - PS5

Death Stranding 2 : On The Beach - PS5
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Death Stranding 2 : On the Beach prolonge la voie singulière tracée par son prédécesseur en proposant une aventure plus variée, plus audacieuse, bref, plus « Kojima ». Certes, on ne comprend toujours pas tout à l’histoire, mais après tout, on est de l'école du gameplay avant tout.

Test effectué à partir d'une version PS5

Hideo Kojima a puisé dans le traumatisme de la pandémie pour réinterroger les liens humains. Plutôt que prolonger l’ambiguïté du premier opus, il adopte une approche plus assumée : « la suite reflète les fractures et les solitudes renforcées par le Covid-19 », déclarait-il récemment. Cette évolution narrative se traduit par une densité émotionnelle renouvelée, centrée sur les personnages et leurs connexions, qui constituent le véritable cœur d’un monde fracturé, mais vibrant. Sam Porter Bridges doit, bien sûr, continuer de relier divers « Preppers » grâce au réseau chiral, indispensable à la survie et à la reconstruction d’une civilisation toujours en péril.

Une histoire de liens, pas de lieux

Le Death Stranding, les Échoués et la pluie chirale sont toujours présents, mais les survivants s’y sont adaptés plutôt que de chercher à les éradiquer. Sam, toujours affligé du DOOMS, ne parcourt plus les États-Unis mais traverse désormais le Mexique puis l’Australie. Deux nouvelles cartes offrent ainsi des environnements inédits, variés et exotiques, éloignant subtilement le jeu de l’islandaise monotonie relative du premier épisode.

Death Stranding 2 : On the Beach

La grande nouveauté réside dans l'apparition du cycle jour/nuit, ajoutant des contraintes et des opportunités selon l’heure, la météo, ou même certains événements naturels tels que séismes, tempêtes de sable ou avalanches. Sam profite d’outils et véhicules améliorés, ainsi que d’infrastructures constructibles grâce à la coopération communautaire déjà appréciée dans l’opus précédent.

Death Stranding 2 : On the Beach

Durant la dernière semaine de test, les serveurs étaient désactivés, nous privant ainsi de toute collaboration asynchrone avec d’autres joueurs. Sans cet apport communautaire, la difficulté a soudainement grimpé d’un cran, nous laissant seuls face aux obstacles et aux caprices d'une nature hostile. Était-ce un subtil message de Kojima sur la véritable solitude face à l’adversité ? En tout cas, le défi était réel et marquant.

Death Stranding 2 : On the Beach

Quand Sam devient Snake (ou presque)

Death Stranding 2 adopte une approche nettement plus dynamique, mettant davantage en avant l’action et l’infiltration. Sam bénéficie d’un arsenal enrichi, permettant de mieux contrer de nouvelles menaces. On pense notamment aux Méchas Fantômes, ces ennemis inédits, plus rapides, résistants et agressifs que les traditionnels Mules ou Échoués. Présents aussi bien lors de missions spéciales que sous forme de boss particulièrement coriaces, ils viennent ponctuer l’aventure de pics de difficulté bienvenus.

Death Stranding 2 : On the Beach

Sam pourra modifier sa combinaison, évoquant légèrement Metal Gear Solid 3, lui permettant de mieux se camoufler face à certains ennemis. Dollman, une poupée animée, offre également la possibilité de repérer et marquer les adversaires. Les combats au corps à corps, désormais plus intuitifs et nerveux, enrichissent considérablement les interactions.

Death Stranding 2 : On the Beach

À cela s’ajoute une nouvelle dimension de personnalisation du sac à dos de Sam. Celui-ci peut désormais être modifié grâce à des « patchs décoratifs », symboles de vos exploits réalisés en jeu. Atteindre par exemple le niveau maximal avec un Prepper vous offrira non seulement des équipements spéciaux, mais aussi un badge inédit à arborer fièrement sur votre sac. De plus, le sac peut être équipé de composants spécifiques occupant un espace limité : poches supplémentaires pour grenades ou poches de sang, batteries portatives, recharges solaires et autres gadgets utiles seront à sélectionner judicieusement avant chaque mission. Cette mécanique approfondit encore davantage l’aspect préparation, poussant le joueur à anticiper minutieusement chaque sortie sur le terrain.

Death Stranding 2 : On the Beach

Ainsi, on retrouve un peu de l’ADN de Solid Snake dans les missions ponctuées de duels intenses, d’infiltration et d’affrontements nerveux. Ce parallèle est d’ailleurs si assumé qu’il a même semé la confusion jusque dans le casting : Luca Marinelli, l’acteur incarnant Neil, a cru pendant un moment qu’il allait jouer… Snake. Lors du Festival du Film de Sydney, en découvrant les images de son personnage, bandeau sur la tête et pose martiale, il s’est enthousiasmé : « Oh, Snake est génial. Je suis tellement heureux d’être Snake. » Ce à quoi Kojima a répondu, amusé : « Non, tu n’es pas Snake. Tu as juste un bandana sur la tête ! » Une anecdote savoureuse qui illustre à quel point l’aura de Snake plane encore sur l’univers de Kojima, même lorsqu’il explore de nouveaux mondes.

Death Stranding 2 : On the Beach

Malheureusement, on ne peut s’empêcher d’être légèrement déçu par le manque de challenge réel. Les camps ennemis sont souvent petits, peu élaborés, et les objectifs spécifiques n’imposent jamais vraiment une stratégie poussée. Certes, Death Stranding n’est pas Metal Gear Solid, mais Kojima fait ici un choix audacieux : tendre une carotte aux fans sans véritablement leur offrir le plaisir d’un gameplay pleinement tactique.

Death Stranding 2 : On the Beach

Entre accélération et essoufflement narratif

Cette fois-ci, Kojima opte pour un rythme plus direct. Dès les vingt premières minutes, Sam effectue déjà sa première livraison, rompant avec les introductions interminables habituelles. Un choix pertinent pour les joueurs impatients, même si les amateurs de montées en puissance plus lentes pourraient se sentir bousculés.

Death Stranding 2 : On the Beach

Hélas, ce dynamisme initial s’essouffle progressivement. À mesure que l'on avance, les missions tendent à se répéter, réduisant souvent l'expérience à gérer intempéries et terrains accidentés. On aurait apprécié que les nouveaux outils et armes soient mis davantage à contribution.

Death Stranding 2 : On the Beach

Malgré ces incursions vers un gameplay plus dynamique, il est essentiel de souligner que Death Stranding 2 demeure avant tout fidèle à l’expérience originale. Le cœur du jeu reste bel et bien la livraison de colis, impliquant une préparation rigoureuse, méticuleuse, et surtout beaucoup de patience. À ce titre, rien n’est plus révélateur que cette longue mission d’une heure trente, passée à lutter contre les éléments dans la montagne, pour finalement atteindre notre destination au rythme évocateur de « Patience » par Low Roar. Le message est limpide : Hideo Kojima nous rappelle avec subtilité que Death Stranding, même avec un peu plus d’action, reste avant tout une affaire d’endurance et d’abnégation.

Death Stranding 2 : On the Beach

Concernant l’histoire, même si le fil conducteur reste compréhensible, centré sur la thématique forte de l’héritage et des liens familiaux, l’ensemble laisse parfois sur sa faim. On aurait aimé davantage d’éclairages sur l’arc particulièrement intrigant de Neil, joué par Luca Marinelli, dont la profondeur est sous-exploitée au profit d’un lore souvent opaque. Si le mystère faisait la force du premier volet, ici, on aurait préféré quelques réponses claires et une histoire plus directe, moins perdue dans un charabia volontairement abscons.

Death Stranding 2 : On the Beach

La magie orchestrale de Woodkid et Forssell

Sur le plan sonore, la bande-son signée par Woodkid et Ludwig Forssell est une franche réussite. Woodkid, joueur lui-même et particulièrement sensible au médium vidéoludique, saisit parfaitement l’essence émotionnelle de Death Stranding. Ses compositions (Any Love of Any Kind, Minus Sixty One, To the Wilder…) accompagnent magnifiquement les phases contemplatives comme les séquences d’action, tout en sublimant l’immersion du joueur face à une nature majestueuse et dangereuse. Forssell, quant à lui fidèle collaborateur de Kojima après Harry Gregson-Williams, livre une partition subtile et profonde.

Death Stranding 2 : On the Beach

Comme à son habitude, Kojima récompense également le joueur en ponctuant certains moments clés de morceaux précisément choisis pour leur résonance émotionnelle et narrative. Des artistes comme Silent Poets, Magnolian ou encore Daichi Miura offrent des instants suspendus, soulignant parfaitement l’ambiance mélancolique et envoûtante du jeu. Vous noterez qu’un lecteur de musique en jeu pourra vous accompagner durant vos promenades dans les zones connectées au réseau chiral, rendant la balade un peu moins âpre.


Une claque graphique

Techniquement, Death Stranding 2 pousse le moteur DECIMA dans ses derniers retranchements sur PS5. Les paysages mexicains et australiens sont à couper le souffle, affichant des textures d’une netteté exemplaire, des effets météorologiques saisissants, et un cycle jour/nuit bluffant de réalisme. Chaque cadre semble être un tableau vivant, immersif et détaillé à l’extrême. Deux modes d'affichage (performance et qualité) permettent aux joueurs d’adapter l’expérience à leur goût, assurant fluidité et fidélité graphique irréprochable. Nous n’avons constaté que très peu de bugs sur notre temps de jeu qui s’élève à environ 60h pour finir la campagne, sachant que le post-crédit vous permettra de continuer et de finir vos livraisons tranquillement, si le cœur et les bottes vous en dit.

Death Stranding 2 : On the Beach

Death Stranding 2 : On the Beach confirme son statut d’objet vidéoludique atypique et artistique. Le jeu élargit son horizon géographique, émotionnel et ludique tout en gardant son propos intact : reconnecter les êtres humains au-delà des réseaux virtuels. Malgré une vraie volonté de diversifier le gameplay avec davantage d’action, le manque de réelle profondeur tactique peut frustrer ceux qui espéraient une expérience à la hauteur de Metal Gear Solid. Quant à l’histoire, elle intrigue autant qu’elle frustre, naviguant entre poésie subtile et hermétisme excessif. Un choix assumé par Kojima, audacieux mais risqué, qui fera à nouveau débat, mais marquera sans aucun doute durablement les esprits. Death Stranding 2 reste donc une expérience mémorable, mais toujours aussi sélective.
23 juin 2025 à 14h02

Par

Points positifs

  • Deux nouvelles cartes magnifiques (Mexique et Australie) offrant variété et dépaysement.
  • Gameplay enrichi avec davantage d'action, infiltration et nouveaux ennemis (Méchas Fantômes).
  • Certaines séquences d'action, plus nerveuses, procurent des sensations qui rappellent Metal Gear Solid et peuvent franchement être jouissives.
  • Bande-son exceptionnelle (Woodkid et Forssell), immersive et parfaitement adaptée au ton du jeu.
  • Sublime réalisation graphique exploitant pleinement le moteur DECIMA sur PS5.
  • Narration émotionnelle profonde avec un message fort sur l’héritage et les liens humains.
  • Rythme initial mieux maîtrisé avec une introduction directe et dynamique.
  • Un casting pléthorique qui fait le boulot

Points négatifs

  • Manque de profondeur tactique dans les séquences d’action/infiltration.
  • Camps ennemis peu élaborés, limitant l’intérêt stratégique.
  • Narration toujours dense, parfois inutilement complexe et opaque.
  • Arc narratif sous-exploité pour certains personnages prometteurs (notamment Neil).
  • Perte progressive du dynamisme initial, entraînant une certaine répétitivité sur la durée.
  • Difficulté fluctuante en fonction de la disponibilité de l'aspect communautaire (serveurs désactivés pendant le test).
  • Certaines livraisons de fin de partie impliquent des allers-retours un brin fastidieux… au point qu’on pourrait presque murmurer le mot FedEx, pudiquement.

Gribouillé par...

Lorris

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Fin limier du mot

Jean-Claude Van Damme au corps, Jean-Claude Dusse dans la tête. C'est parfois l'inverse.

Twitter : @Yolorris

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