Connaissez-vous l'expression Goody Two-Shoes ? Il s'agit d'un terme que l'on attribue à une personne qui ne fait que ce qui est bien et qui n'enfreint jamais les règles. Une définition qui ne correspond pas du tout à Élise, notre héroïne, qui va se retrouver embarquée dans une histoire bizarre après la mort de sa grand-mère adoptive. Ne rêvant que de richesse et de popularité, elle va devoir mener à bien un pacte avec une entité qui, à priori, n'est pas franchement sympa, mais qui pourrait réaliser son rêve. Néanmoins, le prix à payer est lourd et il lui faut en plus faire en sorte que les villageois locaux ne la soupçonnent pas de sorcellerie. Bref, il y a du boulot.
La première chose que l'on constate en lançant Little Goody Two Shoes, c'est que ce titre est bizarre, mais dans le bon sens du terme. Visuellement, les développeurs ont opté pour un côté très rétro avec un chara-design proche des mangas des années 90, une réalisation qui n'est pas sans rappeler les jeux d'aventure de la PS1, voire des débuts de la PS2, et la présence de temps à autres de cinématiques chantées. Un mélange franchement réussi qui offre une vraie patte graphique à ce jeu et qui contribue à son ambiance étrange. S'il n'est pas à proprement parler horrifique, ce titre peut tout de même se montrer légèrement angoissant tant son ambiance est réussie. Il n'est pas non-plus rare de ressentir un certain malaise devant certaines scènes.
Côté gameplay, Little Goody Two Shoes mélange plusieurs choses, à commencer par la gestion du temps. Chaque journée en jeu est divisée en plusieurs périodes qu'il faut occuper de la meilleure des manières. Le jour, Élise peut ainsi se rendre au village pour travailler et gagner de l'argent, mais aussi aller en rendez-vous amoureux avec ses love interests. Ils sont ici trois et toutes les décisions et actions effectuées durant la partie débouchent sur l'une des dix fins disponibles. Autant dire que la rejouabilité est grande, sachant qu'une run dure une petite dizaine d'heures. Ceux voulant tout voir ont donc pas mal de boulot devant eux, même s'ils seront vite confrontés au côté très répétitif de ces journées.
Se lever, travailler, manger, mourir
Pour ces activités, il est important de garder plusieurs éléments en tête car en négliger un peut vite entraîner le Game Over. Ainsi, Élise dispose de trois sortes de barre de vie : Santé, Faim et Mental. La plus importante en journée est la faim puisque chaque action va venir faire baisser cette jauge, obligeant donc le joueur à acheter et consommer de la nourriture pour ne pas mourir de faim. Mais la nourriture coûte cher et il faut donc régulièrement faire des petits boulots pour se remplir les poches. Ces boulots prennent la forme de mini-jeux variés et basés sur deux boutons (récolte de pommes, coupage de bûches, jeu avec les enfants, etc) prenant place sur une sorte de borne d'arcade. L'argent engrangé dépend de la réussite à ces mini-jeux, qui ne sont pas forcément simples.
S'il est essentiel de travailler pour s'acheter à manger, mais aussi des objets pour la santé et le mental, il est également important d'aller en rendez-vous amoureux puisque ce sont ces arcs narratifs qui influent grandement sur la progression du scénario. Mais ce n'est pas tout puisqu'il faut aussi prendre garde à ne pas faire grimper la suspicion des villageois, notamment en travaillant avec quelqu'un d'autre ou en filant de la nourriture à une jeune femme qui fait du chantage à Élise. Car si la suspicion est trop haute, elle est accusée de sorcellerie et... on sait comment ça finit. Il y a donc pas mal de choses à prendre en compte durant la journée, sans oublier bien sûr de progresser dans une histoire intéressante au sein de laquelle les choses deviennent de plus en plus inquiétantes.
I know what you did last... night
La dernière tranche horaire prend place pour sa part la nuit et conduit Élise dans des bois lugubres remplis de dangers. Il n'y a pas de combats ici, mais sachez tout de même que vous allez mourir beaucoup et souvent tant Little Goody Two Shoes peut se montrer punitif. Il est conseillé en début de partie de sauvegarder dès que possible et c'est effectivement indispensable. Durant les phases de nuit, Élise court tous les dangers dans les bois. Elle doit progresser dans des zones demandant de résoudre de petites énigmes, mais le problème c'est que rien ou presque n'est expliqué en amont, obligeant à tester et mourir avant de comprendre. Et puisque les objets de soin coûtent cher, on évite de les utiliser et on meurt donc d'autant plus rapidement (sans oublier que certains ennemis peuvent la tuer en un seul coup).
Mais ce côté frustrant et punitif, qui s'ajoute forcément au côté répétitif des journées, est heureusement contrebalancé par tout le reste, que ce soit le scénario intriguant, l'écriture des personnages – à commencer par Élise et son caractère complexe que l'on prendrait presque plaisir à détester -, les petits secrets à découvrir ou encore l'ambiance étrange. Une ambiance qui d'ailleurs est soulignée par une très bonne bande-son qui vient aussi souffler le chaud et le froid en alternant entre des phases lugubres et des phases choupinous, venant encore plus renforcer le côté bizarre de l'ensemble. En revanche, il est dommage de constater qu'aucune traduction française n'est de la partie.