Test : Metal Gear Solid Delta: Snake Eater - PS5

Metal Gear Solid Delta: Snake Eater - PS5
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Replonger dans Metal Gear Solid Delta : Snake Eater, c’est comme revisiter un vieil album photo. On y retrouve Naked Snake, ses rations de serpent grillé et son face-à-face avec The Boss, mais avec un coup de polish en haute définition. Le problème, c’est que cet album photo n’a pas été réorganisé, il a juste été glissé dans un cadre flambant neuf. Magnifique à regarder, certes, mais toujours daté dans ses pages. Bah oui, le jeu en met plein la vue, mais laisse aussi une drôle d’impression de demi-mesure.

Test effectué à partir d'une version PC

Impossible de ne pas être frappé par le bond visuel. Le remake s’appuie sur l’Unreal Engine 5, et ça se sent à chaque feuillage qui bruisse, chaque éclat de lumière filtrant dans la jungle et chaque cicatrice gravée sur le visage de Snake. Les visages des personnages ont gagné en expressivité, la végétation en densité et la mise en scène globalement en ampleur. Les environnements s’avèrent parfois si détaillés que l’on a presque l’impression d’étouffer dans cette jungle tropicale. Mais à côté de cette beauté graphique, certaines textures plus secondaires, comme celles de quelques rochers ou des intérieurs, paraissent en retrait, comme si le budget avait été mal réparti. Le rendu est impressionnant sur un plan global, mais moins homogène dès que l’on regarde de trop près. De quoi renforcer cette impression de grand écart entre un remake haut de gamme et une simple restauration HD.


Et puis il y a l’héritage du jeu original, omniprésent. Konami a fait le choix de conserver intégralement le doublage et les dialogues d’époque. Autant dire que la patine sonore a quelque chose de délicieux pour les nostalgiques, mais d’étrangement figé pour les nouveaux venus. Pas un mot réenregistré, pas un souffle modernisé : on retrouve mot pour mot ce que l’on connaissait déjà, avec parfois un contraste saisissant entre la fluidité des visuels et le timbre des voix d’il y a vingt ans.

Delta

Camouflage neuf, gameplay usé

Le gameplay, parlons-en. Delta propose deux approches : un mode héritage, offrant l’expérience d’antan ou bien une proposition renouvelée. La première rejoue le contrôle rigide de 2004, avec une caméra fixe et des commandes qui sentent bon la PlayStation 2. La seconde apporte un confort moderne : caméra à l’épaule, mouvements plus souples, raccourcis pour changer de camouflage. Un vrai plus pour éviter de plonger dans les menus interminables et briser le rythme de l’action. Mais même avec ces ajustements, l’expérience reste terriblement prisonnière de son squelette d’origine. Les mécaniques de survie, comme soigner ses blessures en sélectionnant l’onguent adapté, ont leur charme, mais elles paraissent aujourd’hui fastidieuses. L’infiltration conserve ses qualités mais aussi ses lourdeurs : l’IA est prévisible, les routines des gardes sont d’un autre âge et la marge d’erreur n’est pas toujours très claire. Bref, la jungle est belle, mais elle reste remplie de mécaniques d’époque.

Delta

Le combat contre The End illustre bien ce paradoxe. À l’époque, ce sniper âgé représentait un sommet de tension et d’inventivité. Aujourd’hui, malgré le lifting visuel, on sent que la mise en scène est plus marquante que la jouabilité elle-même. Le duel reste mythique, mais il révèle que la magie tenait surtout à l’idée de Kojima, pas aux outils proposés par le gameplay.

Un remake fidèle jusqu’au défaut

La fidélité est ici une arme à double tranchant. Les fans de la première heure se réjouiront d’un respect scrupuleux : même structure narrative, mêmes dialogues, mêmes cinématiques, juste remises au goût du jour techniquement. Difficile de faire plus exact. Mais ce choix engendre un paradoxe : à trop vouloir coller à l’original, Delta ne surprend jamais vraiment. Prenons la narration. Toujours aussi alambiquée, avec ses monologues philosophiques sur la guerre et la loyauté, elle conserve son aura unique. Mais elle s’accompagne aussi des lourdeurs qui allaient avec : les dialogues à rallonge, la surabondance de codec et ce mélange constant entre sérieux militaire et absurdité comique. En 2004, cela donnait un charme particulier. En 2025, on se demande parfois si le remake n’aurait pas dû retravailler un peu le rythme. Les menus, eux aussi, respirent l’époque. Certes, on trouve des raccourcis pour fluidifier l’expérience, mais l’interface trahit toujours son âge. Naviguer entre les pansements, les uniformes et les différents camouflages reste une gymnastique pas toujours agréable. Là encore, Konami n’a pas osé réinventer.

Delta

La chasse au renard absente

Un autre détail agace : l’absence du mode multijoueur Fox Hunt. Présent à l’époque dans Metal Gear Online, il permettait d’allonger considérablement la durée de vie du titre. Ici, il faudra attendre une mise à jour future pour le voir revenir. En attendant, Snake doit se contenter de sa jungle solo, aussi belle soit-elle. Et c’est là tout le problème de Delta : il donne une impression d’inachevé. Comme si le jeu avait été pensé pour relancer la licence, mais sans en assumer complètement les ambitions. Ce qui le sauve, ce sont ses qualités intrinsèques, héritées d’un jeu déjà culte, mais rien qui transcende réellement l’expérience.

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Delta

Metal Gear Solid Delta : Snake Eater est un remake splendide, fidèle et respectueux, qui met en valeur une œuvre déjà culte. Mais il est aussi trop figé dans son passé pour convaincre totalement en 2025. On admire la jungle, on sourit en retrouvant les voix familières, on savoure certains duels mythiques… mais on peste face à des mécaniques rigides, des choix trop frileux et l’absence de contenus supplémentaires qui auraient pu le propulser au sommet.
08 septembre 2025 à 10h13

Par

Points positifs

  • Réalisation visuelle superbe
  • Fidélité à l’expérience originale
  • Caméra modernisée
  • Ambiance unique toujours marquante
  • Certaines séquences restent mythiques

Points négatifs

  • Gameplay daté malgré les ajustements
  • Interface lourde et fastidieuse
  • Trop de fidélité, pas assez d’innovation
  • Absence du mode multijoueur au lancement
  • Manque d’homogénéité visuelle sur certains détails

Gribouillé par...

Lorris

Lorris

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Jean-Claude Van Damme au corps, Jean-Claude Dusse dans la tête. C'est parfois l'inverse.

Twitter : @Yolorris

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