Test : Clair Obscur : Expedition 33 - PS5

Clair Obscur : Expedition 33 - PS5
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Dans un paysage vidéoludique souvent engoncé dans des formules préfabriquées et des cahiers des charges dictés par les algorithmes, Clair Obscur : Expedition 33 débarque comme une gifle artistique et narrative. Développé par le studio montpelliérain Sandfall Interactive, ce RPG au tour par tour réussit le pari audacieux de conjuguer un profond hommage aux classiques japonais des années 1990-2010 avec une identité singulière, empreinte de poésie, de mélancolie et de tension viscérale. Véritable bouffée d'air frais dans le panorama du jeu vidéo moderne, il impose sa personnalité forte dès les premières minutes de jeu. Un jeu avec une âme, quoi.

Test effectué à partir d'une version PC

Le récit de Clair Obscur plonge les joueurs dans un univers fascinant, sombre réinterprétation de la Belle Époque. L'action prend place dans la ville de Lumière, une vision alternative et onirique d'un Paris flottant au-dessus d'un continent dévasté par un cycle impitoyable appelé le Gommage. Chaque année, la mystérieuse Peintresse inscrit un nombre sur un monolithe, condamnant à une mort instantanée tous les habitants atteignant cet âge. Alors que le nombre fatidique est sur le point d'être fixé à 33, Gustave et ses compagnons s'engagent dans une expédition désespérée pour mettre fin à cette sinistre tradition.


Dès le départ, l’histoire frappe par sa maturité et son audace narrative, n’hésitant jamais à explorer des thèmes profonds tels que le deuil, la résilience et les luttes de pouvoir. Les révélations se succèdent à un rythme maîtrisé, explorant des réalités parallèles et des manipulations familiales avec un sens aigu du suspense. L’écriture ne fait aucune concession à la facilité, encourageant une implication émotionnelle intense de la part du joueur.

Clair Obscur : Expedition 33

Un système de combat innovant : entre stratégie et réflexes

Bien que Clair Obscur évoque immédiatement les grandes heures des séries Final Fantasy ou Persona, il révolutionne la formule classique des affrontements au tour par tour grâce à des mécaniques dynamiques empruntées à Sekiro : Shadows Die Twice. La clé de ce système innovant réside dans la parade en temps réel, un geste crucial qui transforme radicalement chaque combat. Réussir une parade au bon moment ne se contente pas d’éviter des dégâts et de contre-attaquer : cela génère des points d’aptitude essentiels à l’exécution d’attaques puissantes. Ce mélange audacieux de stratégie réfléchie et de réflexes intenses confère à chaque affrontement une tension palpable, loin de la passivité souvent reprochée au genre.

Clair Obscur : Expedition 33

Les personnages participent également pleinement à cette dynamique. Chacun possède son propre arbre de compétences et des mécaniques uniques. Lune, une mage érudite, exploite des « taches » élémentaires pour renforcer ses sorts, tandis que Maelle, une escrimeuse passionnée, alterne habilement entre diverses postures de combat, influençant directement sa capacité offensive ou défensive. Cette diversité de gameplay force les joueurs à adapter constamment leur approche, rendant chaque combat captivant et différent du précédent.

Clair Obscur : Expedition 33

Une générosité débordante et des influences multiples

L'une des grandes forces de Clair Obscur : Expedition 33 réside dans sa générosité exceptionnelle en termes de contenu. Le jeu ne se contente pas d'offrir une aventure principale dense et riche en rebondissements : il propose également une myriade de quêtes annexes, de personnages secondaires attachants et même de mini-jeux parfois volontairement absurdes et frustrants, clin d’œil évident aux traditions les plus étranges des JRPG. Cette abondance reflète une véritable passion de l'équipe pour le genre, assumant totalement ses multiples influences tout en les renouvelant constamment.

Clair Obscur : Expedition 33

Cette réussite provient d’ailleurs directement de l’approche audacieuse et décomplexée de l’équipe de développement, souvent composée de juniors. Selon Guillaume Broche, Game Director du jeu, l'esprit de l'équipe se résume par un simple mais courageux « ok, on y va, on fait ça ». Ce dynamisme tranche radicalement avec les lourdeurs administratives typiques des grandes structures de développement, qui tendent souvent à ralentir et compliquer les processus créatifs. Ici, c’est la spontanéité et la détermination qui ont permis à Sandfall Interactive de mener à bien une œuvre aussi ambitieuse.

Clair Obscur : Expedition 33

Une réalisation technique et artistique d’exception

Derrière ce chef-d’œuvre se cache une équipe modeste d’une trentaine de personnes qui, grâce à leur talent et à l’Unreal Engine 5, livrent un jeu visuellement splendide. Les environnements luxuriants et détaillés reflètent parfaitement l'influence de l’Art déco, tandis que la bande-son, composée par Lorien Testard, accompagne magistralement chaque séquence du jeu. Le casting vocal de qualité (en VO comme en VF), comprenant notamment Charlie Cox et Andy Serkis, ajoute une profondeur émotionnelle significative aux protagonistes, renforçant encore l’immersion.


Certes, tout n’est pas parfait techniquement : on note quelques problèmes persistants de clipping, des textures parfois inégales et une palette de couleurs jugée par moments monotone. Ces imperfections mineures n'entachent toutefois pas l'expérience globale tant l’ambition artistique et la sincérité du projet transparaissent clairement à chaque instant. La difficulté élevée des parades pourrait décourager les novices du genre, mais constitue en réalité une partie intégrante du charme unique et exigeant du jeu.


Ce qui distingue avant tout Clair Obscur : Expedition 33, c’est sa capacité à rester longtemps en mémoire. Loin d'être un simple divertissement éphémère, ce titre pose des questions, suscite des émotions fortes et encourage une réflexion profonde sur ses thèmes narratifs. Plus qu'un jeu, c’est une expérience artistique authentique qui transcende les codes habituels du médium. Sandfall Interactive signe avec Clair Obscur : Expedition 33 un véritable chef-d’œuvre français qui mérite pleinement son éloge. Il réussit brillamment à mélanger un respect profond pour les classiques du RPG japonais avec une audace narrative et technique remarquables. L’équipe n’a plus qu’à se préparer pour le mois de décembre, le jeu étant en bonne place pour rafler la statuette du meilleur jeu de l’année, lui qui, plein d’audace, confirme que les codes dictés par les « gros » développeurs ne sont pas forcément ceux acceptés par les joueurs.
19 mai 2025 à 10h06

Par

Points positifs

  • Système de combat innovant et dynamique
  • Narration mature et émotive
  • Direction artistique remarquable
  • Ohlala cette UI
  • Personnages profonds et attachants
  • Bande-son envoûtante
  • Contenu généreux et varié

Points négatifs

  • Certaines textures inégales
  • Palette de couleurs parfois monotone
  • Difficulté des parades pour les novices

Gribouillé par...

Lorris

Lorris

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Jean-Claude Van Damme au corps, Jean-Claude Dusse dans la tête. C'est parfois l'inverse.

Twitter : @Yolorris

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