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Un monde de papier délicat, des transformations animales qui charment les yeux, mais un rythme instable et des mécaniques qui cherchent leur équilibre. Hirogami, malgré ses ambitions visuelles et narratives, se meuble de trouées plutôt que d’envolées, tout en déployant parfois un véritable potentiel poétique.
Test effectué à partir d'une version PC
L’univers de Hirogami se déploie comme un rêve origami : c’est une terre faite de pliures et de textures, une tangible fragilité qui invite à la contemplation. L’effet “stop-motion”, avec ce léger framerate volontairement réduit, renforce l’impression d’un petit monde façonné à la main, un vrai guide visuel pour qui aime l’artisanat vidéoludique. Chez Bandai Namco (studios Singapour et Malaisie), l’équipe de sept développeurs a voulu « plier » l’esthétique au service du gameplay, chaque forme ayant une fonctionnalité précise, et chaque pli un sens. Le résultat ? Une texture palpable à l’écran : arbres, personnages, paysages sont façonnés comme de petits pliages vivants, vibrants de couleurs subtiles. Tout cela est poétique, fragile, et remplit pleinement son office de séduction visuelle, mais parfois au détriment de la lisibilité de l’action et du gameplay.
Le concept en formes : séduisant, mais parfois trop raide
En suivant Hiro, on devient tour à tour armadillo, grenouille, singe, feuille plate ou avion en papier, arpentant un décor où chaque transformation ouvre une mécanique : rouler, sauter, pincer, glisser, planer. Cette palette est enthousiasmante, inventive, elle colle au thème avec malice et cohérence. Pourtant, la magie se brise souvent dans la pratique. Le passage d’une forme à l’autre reste fluide en soi, mais l’expérience globale s’alourdit. La grenouille, par exemple, censée être agile, se révèle lourde, maladroite. Les angles de caméra fixes se mettent en travers de la route, occultant parfois l’action, et le jeu peine à donner une lisibilité constante, un vice pour un platformer. Les puzzles, les combats, le level design peinent à émerger du décor : les énigmes restent superficielles, les ennemis semblent juste en place, les objectifs latéraux frustrants, comme des cases à cocher sans souffle.
Le gameplay : charmant sur papier, inégal sur le terrain
Les combats sont un autre pli délicat : parfois amusants, mais souvent laborieux. La sensation frappe-feuille fait sourire la première demi-heure, avant que la répétition ne s’installe. Les ralentissements, les attaques chargées, le placement des ennemis, tout cela donne parfois plus de gêne que de plaisir. Quant au level design, il emmêle style et progression d’une façon qui s’essouffle. Les bonus et passages secrets existent, mais ne motivent pas vraiment à revenir tant les niveaux paraissent linéaires et peu inspirés. Même les transformations plus originales, comme la feuille plane, sont parfois pénibles à manier. Cela dit, il existe des moments moins monotones, typiquement dans certains niveaux ou combats de boss, où les mécaniques se combinent avec créativité et légèreté. Globalement, l’idée est bonne, mais l’exécution peine à soutenir son ambition.
Technique et rythme : des brides de ballet, des accrocs aussi
Techniquement, Hirogami reste stable : pas de crash récurrents, pas d’instabilité manifeste. Mais les bugs d’environnement sont présents, avec des moments de blocage dans le décor ou des effets comme le vent envoyé pour planer qui ne se déclenchent pas. Les objectifs secondaires, s’ils visaient à ajouter du rythme, finissent par ralentir la progression principale. Tuer sans perdre trop de points de vie, trouver tous les coffres, faire une course contre la montre : autant de contraintes qui pinceraient le joueur plus qu’elles ne l’animent.
Hirogami, c’est un origami vidéoludique : fascinant à regarder, parfois frustrant à manier, mais toujours expressif. L’idée de base, plier les contours du monde pour les transformer en mécanique, était pleine de promesses. Pourtant, l’assemblage manque de fluidité et de relief. On s’y attarde pour la poésie du pli plutôt que pour la précision du saut. Une expérience visuelle à apprécier avec douceur, sans attendre une révolution avec les doigts.