
S’il y a une licence qui permet de vendre facilement, c’est bien celle de Naruto. Malheureusement la facilité amène parfois la médiocrité dans le travail, et nous en avons là un bel exemple. Le « jeu », si on peut l’appeler comme ça, fourmille de fausses bonnes idées empruntées ici et là, qui aboutissent à un méli-mélo plus que brouillon. Par exemple : les personnages, débloqués au fur et à mesure de l’avancée du scénario, progressent selon un système d’xp et de niveaux, comme dans les RPG. Comme dans les RPG toujours, on peut aller à la boutique acheter des pouvoirs et des armes pour s’en équiper. Et comme dans les RPG, il va falloir enchaîner les petits ennemis à deux balles pour monter en puissance. Un principe intéressant, mais pas pour quelque chose comme Naruto : dans un jeu qui porte ce nom, on recherche avant tout des combats, des adversaires de taille, des techniques difficiles qui rendent fier une fois sorties. Tout ce paramétrage auquel il faut revenir souvent donne au joueur l’impression de perdre son temps. Mais vous verrez que c’est le cas de beaucoup d’autres éléments du jeu…

De la liberté de réécrire l'histoire
Alors, une chose rigolote : le mode scénario. Oui, le scénario, pour une fois en Europe, reprend la trame de la série. On retrouve donc dans les premiers chapitres l’agression de Gaara dans son village, puis le combat Kankuro contre Sasori. Enfin… presque. À ce stade du jeu, ces personnages ne sont pas débloqués. On nous propose donc de faire cette mission avec l’un des 4 disponibles à ce moment : Naruto, Kakashi, Sakura ou Shikamaru, fraîchement dverrouillé et que nous allons choisir ici. À chaque début de mission, il faut faire un parcours rempli d’une dizaine de vilains pas beaux pour rejoindre le lieu du combat : vous courez plus vite qu’eux et les évitez facilement, c’est donc encore une perte de temps (si vous décidez de les combattre, vous perdez un quart d’heure supplémenaire). Une fois arrivé, petite vidéo (au passage très mal animée) pour présenter la scène, et le combat se lance. Ah, tiens, c’est cool, on joue Gaara contre Deidara, ils n’ont pas poussé l’affront au point de nous faire jouer avec Shikamaru à la place. Hop, on lui explose sa face, les coups spéciaux du Kazekage étant puissants et imparables. Retour à Shikamaru pour refaire un parcours vers la suite de la mission. Petite vidéo : Kankuro retrouve Deidara et Sasori, un combat s’engage alors. Génial, on va pouvoir jouer Kankuro ! Eh bien, non. Cette fois-ci, finalement, vous gardez le personnage choisi : on se retrouve avec un combat Shikamaru contre Sasori, tout à fait inintéressant pour le fan qui veut rejouer les combats du manga. Puis, une fois la mission terminée, comme c’est le cas dans toutes les missions, on se retape un parcours inutile pour revenir au début du niveau et valider la victoire. Encore une grosse perte de temps !

Attention, une blague rigolote s'est glissée dans ce paragraphe.
Si malgré tout vous avez encore une once d’espoir dans ce jeu, voici la suite. Le système de combat, axe primordial dans un jeu de ninjas, est ici simplifié au maximum. Il n’y a qu’un bouton pour frapper. Les combos que vous réaliserez dépendront donc uniquement du nombre de fois où vous appuierez sur « carré ». Pour donner un semblant de stratégie, « triangle » sert à tirer des projectiles, « rond » à esquiver, « croix » à sauter. Pour aller plus vite, le bouton « R » vous aidera à sortir un coup spécial. Palpitant, n’est-ce pas ? Les combats sont donc invariablement les mêmes, quel que soit l’ennemi en face et quel que soit le personnage que l’on contrôle. Bon, ok, j’exagère. Quelques-uns sont vraiment trop mauvais pour avoir envie de les jouer, d’autres vous offriront la victoire sans faire aucun effort. Et bizarrement, ce ne sera pas toujours ceux qu’on pense : un coup spécial de Tenten (sans son chien Milou) projette une boule explosive qui fait perdre au minimum le tiers des PV d’un boss. Il est dommage que le pilier qui soutient toute la structure soit si fragile : avec un système mieux élaboré, les autres aspects du jeu auraient pu avoir un semblant d'intérêt.

Les griffes de l'ennui
Vous avez peur de ne pas assez vous ennuyer en mode scénario ? On a pensé à vous. D’autres modes de jeu sont présents pour varier les déplaisirs. Le mode mission propose, par exemple, de se battre pendant un quart d’heure contre des piafs picorant dans un champ. En gros, vous faites l’épouvantail. Le mode survie, lui vous propose de… vous battre pendant un quart d’heure contre des piafs
et des sangliers dans un champ. Avec toujours en récompense de l’xp et des sous pour acheter des armes. Ajoutez que tout ceci se déroule dans un environnement fade (graphismes et animations basiques, musiques qui se comptent sur les doigts d’une main) et mal rythmé, le jeu se transforme en objet de méditation. En effet, après s’y être essayé, des questions existentielles nous viennent à l’esprit : « Pourquoi ? », « Y a-t-il un sens à la vie ? », « Si une telle atrocité existe, son opposé existe-t-il sur Terre ? ».