Ah ! Les joies de la localisation. Souvent, cela prend des mois pour qu’un jeu arrive en France. Des fois, des jeux n’arrivent même pas jusqu’à nous. Il y a aussi le cas, comme pour
Virtue’s Last Reward sur PS Vita et 3DS, où le jeu arrive chez nous mais seulement traduit en anglais. Ce qui est regrettable (les non-anglophones sont mis de côté) mais c’est aussi une chance quand on voit la qualité du dernier jeu de la saga
Zero Escape de
Chunsoft. En effet, il y avait déjà eu un premier opus :
999, 9 Hours, 9 Persons, 9 Doors (encore trouvable à pas trop cher sur le net). Un jeu au concept similaire à ce
Virtue’s Last Reward (qui est dispo sur les plateformes de téléchargement des deux consoles et aussi sur le net en physique).
Le personnage principal (ici, il s’appelle Sigma) se réveille dans un lieu mystérieux. Un hangar aux allures militaires. Il se retrouve ici en compagnie de 8 autres personnes aux profils variés qui ne savent pas ce qu’ils font ici. Ils participent au Nonary Game : Ambidex Edition organisé par un certain Zero. Il s’agit d’un jeu en deux phases : une d’énigmes qui se rapprochent du point’n'click et une autre où il faut choisir de s’allier ou de trahir un compagnon sans le voir en face. Pourquoi ? Pour avoir 9 points et sortir de ce lieu cauchemardesque. Et, bien sûr, trahir peut rapporter plus de points que de s’allier (on ne va pas rentrer dans les détails d’un système de points liés au vote un peu compliqué).
Des hommes et des femmes de petite vertu
Avant d’aborder la phase point’n'click, penchons-nous sur le point fort du jeu : son scénario dément. Tout d’abord, le jeu pourrait s’apparenter (en dehors des moments point’n'clickesques) à un roman interactif. Littéralement, puisqu’il n’y a pas de cinématique et l’histoire passe intégralement par l’écrit. Ce qui pourra en rebuter certains mais cela a l’avantage de laisser votre imagination travailler même s’il y a quelques images d’illustration. Le jeu repose ensuite sur des choix à faire. Ils sont de deux types : choisir d’aller en salle d’énigme avec telle ou telle personne ou le vote décrit plus haut. Et quand on vous dit choix, vous imaginez des fins différentes et tout le toutim. Certes, mais si vous atteignez une fin, vous serez loin d’avoir fini le jeu et il y aura encore nombre de choses à découvrir. Le scénario est dense, que ce soit sur le background du jeu ou de l’histoire des différents personnages. Il serait bête d’en rater les trois quarts.
Se met alors en place, afin de savoir ce qui passe dans ce hangar, une sorte d’exploration de l’histoire et de l'intrigue du jeu. Car, en plus de vous permettre de découvrir le fin mot de l’histoire, il faut régulièrement sauter entre les différentes timelines pour progresser dans l’une d’elles. Il y a en effet des locks dans l’histoire qui font que vous aurez droit à un To Be Continued… Et, pour le passer, il faudra découvrir des éléments sur les personnages ou sur les lieux dans d’autres versions pour reprendre l’histoire dans une timeline. Bref, c’est passionnant de devoir vadrouiller dans des univers parallèles pour arriver à nos fins. D’autant que la chose se fait très aisément avec une arborescence très claire des évènements. Et la joie de découvrir l’élément qui va nous débloquer est aussi importante que celle de résoudre une énigme. Au final, pour tout explorer, il faudra une trentaine d’heures. Et le problème, ce sera de lâcher la console tellement on a l’impression de lire un roman passionnant (avec les plus vidéoludiques qui vont bien avec).

De la bonne énigme d’élevage
Mais rassurez-vous, il n’y a pas que de la lecture dans
Virtue’s Last Reward, il y a aussi des vrais morceaux de jeu. De point’n'click, pour être précis. En effet, Zero, le maitre des lieux, impose de devoir explorer des pièces plus ou moins classiques sous peine d’être pénalisé. La pénalité étant la mort, cela motive pour entrer dans ces pièces. Le but du jeu dans ces phases : sortir de la pièce où vous vous trouvez, pouvoir découvrir plus de parties du bâtiment où se déroule le jeu et obtenir des cartes pour voter. Les énigmes sont somme toute assez classiques : prendre tel objet pour débloquer tel coffre qui donnera un code… Il y a aussi quelques minis-jeux qui tirent profit des fonctionnalités tactiles et gyroscopiques des consoles portables. Les énigmes pourront s’avérer assez corsées sans être insolubles pour autant. Un examen très soigneux de la pièce et des documents devrait permettre de s’en sortir. Tout cela pour ouvrir un coffre avec un code afin d’obtenir la clé pour sortir de la pièce. Il y a aussi un code spécial qui permet d’obtenir des documents afin d’en apprendre plus sur le pourquoi du comment de ce qui se passe. De quoi vous pousser à creuser encore plus vos recherches. Ajoutons que la version PS Vita souffre un peu du manque d'un stylet. Cliquer avec son doigt est en effet bien moins précis.

S’il y a un reproche que l’on pourrait faire au jeu, c’est son aspect un peu austère. Les plans fixes sur les décors avec les personnages qui parlent pourront paraître repoussants. Mais, comme il est dit plus haut, cela laisse une place à l’imagination. Les musiques du jeu sont un peu dans cette mouvance aussi. Elles sont vraiment peu remarquables et auraient gagné à être mieux travaillées. Quoiqu’il en soit, le jeu jouit de dialogues bien écrits où les personnages n’hésitent pas à faire preuve d’humour. Un peu potache quelques fois mais cela permet des respirations dans une histoire aux thèmes très lourds. Parlons-en des thèmes (trahison, confiance…). Le jeu ne tombe pas dans le manichéisme et grâce aux multiples timelines, le propos est très travaillé et amène plusieurs pistes de réflexion. Bref, un jeu qui est enrichissant dans tous les sens du terme.