Comme bien d'autres avant lui, le héros – ou l'héroïne – de
Stranger of Sword City est un concentré de poisse pure. Il est en effet le seul rescapé d'un crash d'avion et il se réveille, amnésique, au milieu de nulle part. Un vieillard s'approche et lui propose de le suivre... Pour le jeter dans les griffes d'une wyvern fort peu amicale. Heureusement, une guerrière passait par là et tue la bête. Riu, puisque tel est le nom de cette jeune femme, explique alors au nouveau venu qu'il se trouve dans la contrée de Sword City et qu'il occupe désormais la place d’Étranger. Ces derniers, regroupés dans une Guilde, ont la faculté de porter armes et armures et tuer les monstres qui terrorisent les habitants ''classiques''. Le tout dans l'espoir de, un jour, trouver le chemin qui les ramènera chez eux. Mieux, il semblerait que le héros soit un Élu, un Étranger qui a en plus la faculté d'extraire chez certains monstres puissants les Blood Crystals, qui permettent une fois donnés aux bonnes personnes d'acquérir des compétences intéressantes. Autant dire qu'il va falloir en occire du monstre avant d'espérer revoir son pays natal...
Strangers in the night
Mais avant de se lancer dans l'aventure, le joueur doit créer son héros et ce n'est pas une mince affaire au vu du choix assez imposant qui lui est offert. Après avoir choisi son apparence parmi plusieurs dizaines de têtes proposées, il s'agit de se tourner vers une classe et une race – sachant qu'il y en a respectivement huit et cinq, une voix, un nom, un pseudo et enfin un âge. Ce dernier, petite touche d'originalité, est en fait très important dans ce qui suivra. Si l'on décide de s'offrir un héros plutôt âgé, on aura un personnage doté de peu de ''cœurs'' de vie mais possédant une certaine expérience du combat et donc une puissance certaine. Si au contraire on se tourne vers un petit jeunot, il aura moins de puissance, forcément, mais aussi plus de cœurs. Et c'est un élément qu'il ne faut pas prendre à la légère puisque
Stranger of Sword City propose un système de permadeath : comprenez par là que si vous mourrez, c'est définitif. Paf. Mais cela ne se fait pas en une seule fois. Ainsi, si vous décidez de donner 18 ans à votre héros, il aura trois cœurs. Chaque fois qu'il tombe au champs de bataille, un cœur disparaît. Une fois qu'il n'en reste plus, fatalement, c'est la fin. Mais tant qu'il en reste, il est possible de le ressusciter à la guilde, soit instantanément si l'on est assez riche, soit en attendant plusieurs heures.
Et la mort n'est jamais très loin dans
Stranger of Sword City tant le challenge s'avère élevé dès le départ, peu importe que l'on soit en mode Facile ou pas. Les vétérans du donjon / RPG y trouveront certainement leur compte, mais les néophytes risquent vite d'être déstabilisés et surtout démotivés par certains pics de difficulté assez absurdes, faisant parfois durer les combats plusieurs dizaines de minutes. Il faut donc parcourir encore et encore les nombreux donjons, prenant la forme de labyrinthes, pour récupérer de l'expérience et gagner des niveaux (et ça prend trois plombes). Mais même dans ces cas-là, l'équipe du joueur (pouvant compter jusqu'à cinq compères en plus du héros) n'est jamais à l'abri de se faire tuer en un seul coup par un ennemi dont le niveau dépasse de dix fois celui d'autres adversaires rencontrés au préalable au même endroit... La plupart du temps, les affrontements se déclenchent de manière aléatoire, même si certains combats sont indiqués sur la map via une icône spéciale. Mais il arrive parfois que ce soit le joueur qui aille chercher des noises aux monstres grâce au système d'embuscade. Ce dernier peut être utilisé dans certains endroits précis et, en échange de points de morale, l'équipe se dissimule en attendant une victime, qui ne tarde jamais à arriver. Il est alors possible de la ''scanner'' afin de voir son niveau ainsi que ce qu'elle porte, puisqu'elle sera à chaque fois en possession d'un coffre-fort. Si le combat est intéressant, le joueur a droit au premier coup et doit battre l'ennemi principal avant sa fuite s'il veut espérer avoir son trésor.
Sword of destiny
Une bonne idée donc, puisque cela permet de jauger de la difficulté d'un combat avant de se lancer, et donc être sûr de gagner et prendre de l'expérience. Qui plus est, les objets ainsi récupérés peuvent se montrer particulièrement utiles, que ce soit pour les revendre ou les équiper. Car l'équipement occupe une place très importante dans ce
Stranger of the Sword City, peut-être même plus que dans d'autres jeux du même genre. Il y a ainsi une quantité astronomique d'armes différentes (lances, marteaux, boomerangs, sceptres, arcs...), chaque classe pouvant en manier de plusieurs sortes, histoire de tenter plusieurs façons de se battre – même si l'une des meilleures est celle consistant à lancer des sorts, puisqu'ils sont particulièrement puissants et ne ratent quasiment jamais, contrairement aux attaques physiques. Malheureusement, tout cela coûte très cher au magasin du coin (comme tous les objets en règle générale d'ailleurs) et le joueur a plutôt intérêt à compter sur ce loot bienvenu. Un loot qui peut par ailleurs amener à récupérer des objets tellement rares qu'ils existent en un seul exemplaire dans tout le jeu. Autant dire que les collectionneurs hardcore auront de quoi s'occuper pendant un bon bout de temps avant de tout récupérer... Bref, de quoi rajouter encore un peu plus de difficulté à ce titre, puisqu'il est quasiment impossible de changer d'équipement dès que le besoin se fait sentir.
Les Blood Crystals, comme évoqué plus haut, sont également très importants dans ce donjon / RPG. Ces derniers peuvent être récupérés sur des ennemis plus puissants que les autres – en d'autres mots des boss – baptisés les Lineage Types. Sword City se divise en trois factions, et le joueur doit choisir à laquelle il décide de faire allégeance en offrant ces cristaux à l'un des trois chefs. Un choix à ne surtout pas faire à la légère puisque cela influera sur la suite des événements, principalement en modifiant la manière de jouer. En effet, en échange d'un cristal sera remis un sort, appelé Divinity, qui peut se montrer particulièrement utile en combat. Par exemple, le tout premier permet à coup sûr de s'échapper d'un combat, à condition tout de même d'avoir suffisamment de points de morale. Et vous l'aurez certainement compris à ce stade de l'aventure : tout est bon à prendre dans
Stranger of Sword City pour se faciliter la vie, notamment la fuite. Hé oui, même si vous pensez que seuls les plus faibles prennent la fuite, vous y repenserez certainement à deux fois après un nombre certain de défaites... Bref, tous ces éléments de gameplay rendent l'expérience assez intéressante et légèrement différente d'autres titres du même genre, même s'il faut quelques heures pour que tout se mette réellement en place et que, forcément, on ne peut pas échapper au bout d'un moment à une certaine routine.
Donjons & wyverns
Visuellement, le RPG d'
Experience Inc. a de quoi surprendre au premier abord tant il s'éloigne du côté ''manga'' adopté par bon nombre de studios japonais. Les personnages ressemblent ainsi plus à des héros de comics, avec des traits francs et une certaine quantité de détails, comme par exemple de petites rides. Ceux qui sont perturbés par cet aspect pourront toujours opter pour une autre sorte de design, plus japonisante et, à notre sens, moins réussie et moins intéressante. Si le chara-design est plutôt sympa et les décors assez originaux – on apprécie ainsi le mix entre l'héroïc-fantasy à base d'armures, de dragons et autres elfes, et des aspects plus ''modernes'' comme une carcasse d'avion ou des téléphones portables, les environnements des labyrinthes (en vue à la première personne) sont déjà bien moins convaincants. Les décors sont vides et la palette de couleurs n'est pas assez variés, sans parler des textures qui bavent parfois un peu trop. Les doublages japonais sont en revanche convaincants, tout comme les musiques de plutôt bonne facture. Par contre, les textes sont uniquement en anglais, de quoi rebuter ceux qui ne maîtrisent pas tout à fait cette langue (même si, en règle générale, il le faut lorsque l'on parle de RPG japonais un peu plus obscurs que les grosses licences). Surtout que
Stranger of Sword City parle beaucoup, beaucoup, beaucoup. Dès le départ, le joueur est ainsi bombardé d'informations, qui ne prennent d'ailleurs sens qu'au bout d'un moment pour la plupart. Mais pas de quoi toutefois offrir une histoire vraiment passionnante : si les personnages sont plutôt attachants pour la plupart, le scénario ne retient pour sa part pas vraiment l'attention. Ce qui est dommage tant le background est intéressant.