Test : Paradise Killer - Nintendo Switch

Paradise Killer - Nintendo Switch
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Décidément, le Paradis n’a pas l’air d’être un endroit sûr. On a toujours cru qu’il s’agissait de l’endroit où les bons se rendaient après leur mort. Et pourtant… Les œuvres où le pire s’y produit et où le Paradis n’est pas tout rose sont légion. On pourrait citer De Bons Présages de Neil Gaiman et Terry Pratchett, Engel de Rammstein ou encore Meurtre au Paradis. Et, bien sûr, on sait que le pire est atteint quand on donne son nom à une chanson de Coldplay. Avec son jeu, Kaizen Game Works nous propose d’y mener une enquête, et ainsi nous pourrons voir si nous avons en fait affaire à un Paradis artificiel.

Test effectué à partir d'une version Nintendo Switch

Kaizen Game Works est un nouveau venu chez les indépendant britanniques. Fondé par des vétérans de l’industrie, le studio s’est formé autour de l’idée de casser les codes des jeux narratifs et ainsi changer aussi la façon dont les joueurs les abordent. C’est ainsi qu’ils nous racontent l’histoire de Paradise Island, qui est une île artificielle peuplée de personnages hauts en couleur et gouvernée par un conseil tout puissant. Cette île étrange a été créée dans le but d’atteindre la perfection, et donc d’offrir un réel paradis. Si la perfection n’est pas atteinte, l’île doit être recommencée. Elle est donc détruite pour en créer une nouvelle et sa population mortelle est décimée. Car oui, sur Paradise Island les immortels côtoient les dieux et les mortels. Petit problème : le conseil a été sauvagement assassiné alors qu’il s’était réuni après la destruction de la 24ème île et à la naissance de la 25ème. Il y a donc eu un meurtre au Paradis et c’est pour cela que Lady Love Dies, l’enquêtrice de Paradise Island, est sortie de son exil de 3 millions de jours afin de trouver le coupable et le fin mot de l’histoire. Comme vous vous en doutez, cette île peuplée de personnages extravagants et de vrais psychopathes renferme plus d’un secret et il sera de votre devoir de tout découvrir.

Another day in Paradise

Pitch original, n’est-ce pas ? Paradise Killer bénéficie d’un univers particulièrement soigné reconnaissable entre mille. Sur le papier, nous avons affaire à un whodunnit tout ce qu’il y a de plus classique. Mais ici, nous ne sommes pas à Londres ou dans un vieux manoir de campagne. Ici, tout prend place dans un univers original... et ça marche. Le côté fantastique de l’univers permet des situations improbables mais pourtant logiques dans l’univers du jeu, il permet aussi de rencontrer des personnages extrêmement originaux et de donner lieu à des dialogues truculents. Tout dans l’univers, l’histoire, le design, porte une marque bien reconnaissable, et sur ce point là le titre fait fort. Il a de la personnalité, et une très forte pour couronner le tout. Par des temps où tout se ressemble un peu et où on a l’impression que tout est uniformisé, Paradise Killer est une vraie bouffée d’air frais.

Paradise Killer

Au niveau du gameplay, Paradise Killer fait aussi un choix audacieux. Nous avons ici droit à un hybride entre Return of the Obra Dinn et Danganronpa. Une explication est de mise. On retrouve du Danganronpa dans les phases d’exploration et de dialogue/visual novel. L’aspect graphique de l’exploration est d’ailleurs très similaire à Danganronpa. On retrouve du Obra Dinn à cause de la liberté qui est laissée au joueur. Paradise Killer n’est absolument pas linéaire, vous pourrez parler aux suspects et récolter les indices dans l’ordre de votre choix. C’est ainsi que l’on récolte les informations nécessaires dans son dossier et que l’on fait ses déductions. Vous comprenez, maintenant ? En réalité, Paradise Killer refuse de se ranger dans une case et cela se ressent à nouveau au niveau de son gameplay.

Paradise Killer

Joe le taxi

Mais creusons un peu plus. L’exploration est plutôt classique : on se balade sur l’île, on trouve des passages secrets, des objets (il y a beaucoup d’objets à trouver et collectionner) et on fait des découvertes improbables. On résout aussi des énigmes grâce à Starlight, qui est l’ordinateur accompagnant Lady Love Dies partout. Ces énigmes sont surtout à base de recréer le bon dessin ou de trouver le bon interrupteur qui ouvrira la bonne porte. Starlight sera d’ailleurs ce qui vous servira aussi de journal. C’est là qu’iront tous les indices et témoignages, et c’est aussi là que vous pourrez tirer vos déductions. Sachant que l’ordinateur possède aussi une base de données, il se chargera de faire une présentation détaillée de tous les personnages que vous rencontrerez lorsque vous leur parlerez pour la première fois. Les conversations se passent de manière classique pour un jeu d’enquête : on pose des questions, on confronte (vous aurez parfois le choix du ton employé pour des résultats différents) et on ressort avec des informations supplémentaires.

Paradise Killer

Subtilité, vous avez la possibilité de fraterniser avec vos suspects, et plus vos relations avec une personne seront bonnes, plus elles seront prêtes à vous donner des informations. Vous pourrez aussi utiliser des blood crystals - la monnaie de Paradise Island - afin d’acheter des informations à un informateur ou de donner des pots de vin. Sachant que cet argent peut aussi être utilisé pour améliorer Starlight ou débloquer des compétences spéciales, ce sera à vous de faire le bon choix. C’est ainsi que l’on mène l’enquête dans Paradise Killer et que l’on va jusqu’au procès, mais n’en disons pas plus pour ne pas spoiler. 

Paradise Killer

Paradise Lost

Le titre a d’immense qualité, mais malheureusement tout n’est pas rose. Tout d’abord, si les personnages sont beaux, ce n’est pas le cas des environnements qui ressemblent à ce que l’on pouvait faire au début de la PS2. Ensuite, on se sent souvent perdu. Il est agréable de ne pas mener l’enquête de manière linéaire, mais on se trouve parfois dans des situations où on ne sait pas trop quoi faire car on a eu l’information au milieu d’autres dans un jeu très bavard et qu’elle s’est perdue en route. C’est ainsi que, parfois, on sera longuement obligé de rechercher ce dont on a besoin dans Starlight. Le style non linéaire n’est pas un problème, mais ce choix rend aussi l’escalade et la maîtrise de la narration impossible. Et donc on perd aussi ici la possibilité de teasing par la suite. Certains apprécieront, d’autres non. Mais le plus gros défaut de Paradise Killer est le fait qu’il ne soit qu’en anglais. On sait très bien qu’il s’agit d’un genre de niche et qu’il est très rare de voir ce type de titre traduit en français, mais nous avons ici affaire à un jeu d’enquête très bavard demandant en plus un bon niveau d’anglais (le minimum ne suffira clairement pas). Et on regrettera qu’une partie du public amateur d’enquêtes soit dans l’impossibilité de se lancer dans celle-ci pour cette raison.  
Paradise Killer est une vraie perle. Peut-être l’un des meilleurs jeux d’enquête sorti ces dernières années, voire même le meilleur, grâce à un univers intéressant, un bon gameplay et une enquête que l’on prend plaisir à découvrir. On se surprendra à passer des heures sur Paradise Island afin de découvrir tous ses secrets. Pour un premier jeu, Kaizen Game Works a fait très fort et on peut dire que le studio a gagné son pari de changer les règles des jeux narratifs. Paradise Killer a tout pour devenir un jeu culte dont on se souviendra encore dans 10 ans, et lorsque l’on arrive à la fin de l’aventure on ne peut qu’avoir hâte de voir ce que les développeurs nous réservent pour la suite.
25 octobre 2020 à 13h50

Par

Points positifs

  • L’univers
  • La liberté
  • Tellement de secrets à découvrir
  • Les personnages et les dialogues

Points négatifs

  • Techniquement dépassé
  • On se sent parfois perdu
  • Seulement en anglais

Gribouillé par...

Mystère Mask

Mystère Mask

Inventeur du claquement de porte

Né en 1823 mais immortel grâce à un pacte passé avec Nicolas Cage, ce gus a eu l'idée de génie de faire breveter le claquement de porte, ainsi il empoche des royalties à chaque fois que dans le monde une porte se ferme un peu trop brutalement. C'est pour ça qu'après six titres de champion du monde poids lourd de Mahjong acrobatique il a décidé de se cloîtrer dans son chateau de Bavière dans lequel il peut passer ses journées à jouer à tout ce qu'il trouve et partager son avis... Même si personne n'en veut.
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