Test : Dry Drowning - Nintendo Switch

Dry Drowning - Nintendo Switch
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Quand la Nintendo Switch a été annoncée, personne n’aurait pu prédire que la console deviendrait le paradis des indés hors PC. Aujourd’hui, l'eShop offre une vaste variété de petits jeux allant de la petite perle méconnue au caillou qui devrait rester ignoré. C’est à l’occasion de sa sortie sur Switch que le jeu d’enquête Dry Drowning, développé par les italiens de Studio V, va rejoindre ce catalogue. Mais fera-t-il parti des perles ou des cailloux ?

Test effectué à partir d'une version Nintendo Switch

Dry Drowning se décrit comme un roman visuel psychologique d’investigation. Pour faire plus simple, il s’agit d’un jeu d’enquête plutôt classique. Et si on veut faire encore plus simple, il s’agit en réalité d’une version « sérieuse » et « mature » de la série Ace Attorney. Malheureusement, si les inspirations sont bien là, Dry Drowning est très loin de son illustre modèle. Mais développons, tout d'abord en parlant de l'histoire.

Eins, Zwei, Dry

Dry Drowning se passe dans une ville futuriste et dystopique où il fait gris et pleut tout le temps. Vous incarnez Mordred Foley, un détective privé désabusé que toute la ville déteste car il a fait condamner deux innocents. Mordred fait tourner son agence de détective avec son assistante, une jeune femme immigrée grecque (détail qui a son importance) du nom de Hera. Hera est une jeune femme qui n’a besoin de personne pour se défendre... enfin, c’est ce qu’elle clame, car vous vous en doutez - et ceci dès les premières minutes de Dry Drowning -, Hera deviendra forcément une demoiselle en détresse à un moment de l’histoire. Il y a aussi Freya, la policière dure à cuire qui déteste Mordred mais pas tant que ça, et aussi d’autres personnages clichés du genre. Un jour, une femme arrive dans le bureau de Mordred et Hera pour leur demander de mener l’enquête sur une histoire de meurtres, et ceci afin de faire innocenter son patron, le chef d’un parti extrémiste anti-immigrés (cf Hera). Après une hésitation, notre duo d’enquêteurs va finalement mener l’enquête car il semble que celui derrière tout ça ne soit autre que Pandora, un tueur en série s’inspirant de la mythologie grecque et qui se révèle être le Moriarty de Mordred.

Dry Drowning

On vous l’accorde, il s’agit d’un long résumé, mais il était nécessaire afin de bien exposer ce qui ne va pas dans Dry Drowning. Tout d'abord, son histoire et ses personnages sont très clichés. Tellement que l’on a l’impression de déjà connaître l’histoire dans son ensemble dès les 5 premières minutes de jeu. La ville futuriste et dystopique où les extrêmes sont au pouvoir et où la violence est à tous les coins de rue nous rappelle des choses que l’on a déjà trop vu, que cela soit au cinéma ou dans les jeux vidéo. L’influence de Blade Runner, ou même de V pour Vendetta dans une moindre mesure, est très présente et le titre ne parvient jamais à s’en détacher pour avoir sa propre personnalité. Son tueur n’est qu’une variation de Jigsaw de la saga Saw et, pour finir, tous les personnages ne sont que les personnalités génériques du polar. Mais force est de constater que, même si ce n’est pas très original, ça ne veut pas dire que c’est mauvais : si les clichés sont bien utilisés, on peut toujours passer un bon moment, il suffit juste d’être efficace.

Dry Drowning

Mia Dry

Et Dry Drowning est efficace, même s’il perd en rythme au fil de l’aventure et que l’on peut y trouver des longueurs. L’histoire se suit de manière plaisante, un peu comme un film que vous regardez pour faire passer un dimanche après-midi pluvieux à Francfort, parce qu’apparemment en raison d’un incident le métro ne circule plus pendant une période indéterminée, ce qui ruine vos plans pour la journée... et vous apprenez qu’apparemment c’est comme ça depuis le petit matin, mais vous ne l’avez appris qu’en arrivant à la station de métro et vous auriez bien aimé recevoir la notification avant de vous tremper jusqu’aux os. Sérieusement ! Cette application sert à quoi ? (Non, ce n’est pas du vécu). Une application qui, elle, ne sert pas à rien est l’Aqua OS et elle se trouve dans Dry Drowning. Il s’agit d’une espèce de carte d’identité multi-usages pour les habitants de Nuova Polis. Pour vous, il s’agira de votre interface de jeu où vous retrouverez votre inventaire, vos dossiers, les biographies des personnages rencontrés, etc. Une fonction permet même de communiquer ou de recréer les scènes de crime, ce qui est très utile quand les cadavres ont déjà été emmenés. 

Dry Drowning

L’Aqua OS est le cœur du gameplay, qui est très simple. On examine, on trouve des objets, on parle, on interroge et on conclut. Parfois, certains personnages ne sont pas d’accords avec vous mais il suffit de leur présenter la bonne pièce à conviction pour les convaincre. Mordred a aussi la possibilité de voir si quelqu’un ment : si c’est le cas, un masque apparaît sur l’interlocuteur. Dans cette situation, il faudra démontrer qu’il ment, là aussi en présentant les bons éléments afin de faire tomber le masque et progresser. Vous comprenez maintenant pourquoi la comparaison avec Ace Attorney est valable, les seules différences étant que le métier des héros n'est pas le même et le fait que dans Ace Attorney on fait sauter des verrous et non tomber des masques. Dry Drowning vous demandera aussi de faire des choix qui auront des conséquences pour la suite de l’aventure. Feature plutôt sympathique qui ajoute un peu de rejouabilité pour ceux qui voudraient voir l’aventure sous plusieurs angles. 

Dry Drowning

Dry again ?

Techniquement, il n’y a pas grand-chose à dire. Nous sommes une nouvelle fois face à quelque chose de classique, mais bien fait. Le noir et blanc va à merveille au genre, le titre a une belle patte graphique et même quelques fulgurances en matière de mise en scène, surtout quand Pandora est impliqué. En revanche, les musiques sont trop répétitives et tapent beaucoup trop sur les nerfs et, surprise, on ne peut jouer qu’aux Joy-Con ou à la manette alors que le titre a l’air pensé pour le tactile et serait parfait dans ce format. Une chose à savoir cependant si vous souhaitez vous plonger dans l’aventure : vous devrez parler anglais ou italien, le titre n’étant pas localisé dans les autres langues. Mais il ne vous faudra pas un très haut niveau d’anglais… ce qui est apparemment aussi le cas des développeurs à la vue des fautes que l’on peut trouver dans les dialogues…

Dry Drowning

Une dernière chose à savoir, mais précisons que nous avons testé le jeu avant sa sortie officielle et nous espérons que ce problème sera corrigé. Vous allez être étonné par la note basse en technique, mais il y a une raison. Pendant nos tests, nous avons pu remarquer que la fonction de sauvegarde faisait planter le jeu, et ceci depuis une mise à jour récente. Mais ce n’est pas tout : si vous aviez eu la chance de pouvoir sauvegarder une partie avant, celle-ci sera effacée par ce bug. Ce qui fait que, actuellement, vous devez faire Dry Drowning d’un trait afin d’arriver à la fin. Nous ne doutons pas de la bonne volonté du développeur, mais il s’agit là d’un bug inadmissible s’il devait rester sur les versions commercialisées. La fonction de sauvegarde est l’une des premières qui doit être testée et il est difficile de comprendre comment ce problème a pu passer, surtout pour un visual novel.
Peut mieux faire. Voilà ce qu’il y aurait sur la boîte de Dry Drowning s’il s’agissait d’un bulletin de notes. Nous avons des créateurs qui ont voulu nous raconter quelque chose mais qui ont du mal à sortir des clichés du genre et à être originaux. Le titre s’inspire grandement d’autres sans jamais rien apporter de reconnaissable, ou au moins quelque chose qui donnerait de la personnalité au jeu. Il s’agit cependant d’un premier essai, et même si nous sommes face à quelque chose de plutôt moyen, les développeurs de Studio V montrent qu’ils ont les capacités et l’ambition de s’améliorer, même s'il va falloir encore travailler. Ça prendra peut-être du temps, mais ça en vaudra sûrement le coup et, par pitié, vérifiez vos fonctions de sauvegarde.
22 février 2021 à 15h20

Par

Points positifs

  • Classique mais efficace
  • Une bonne ambiance
  • Pandora

Points négatifs

  • Trop de clichés
  • Pas très original
  • Trop de longueurs
  • Une sacrée perte de rythme après le premier chapitre
  • Un univers intéressant mais pas assez développé
  • Problèmes de sauvegardes corrompues (à l'heure où ce test est écrit)

Gribouillé par...

Mystère Mask

Mystère Mask

Inventeur du claquement de porte

Né en 1823 mais immortel grâce à un pacte passé avec Nicolas Cage, ce gus a eu l'idée de génie de faire breveter le claquement de porte, ainsi il empoche des royalties à chaque fois que dans le monde une porte se ferme un peu trop brutalement. C'est pour ça qu'après six titres de champion du monde poids lourd de Mahjong acrobatique il a décidé de se cloîtrer dans son chateau de Bavière dans lequel il peut passer ses journées à jouer à tout ce qu'il trouve et partager son avis... Même si personne n'en veut.
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