Pour ne rien cacher, au début la déception était grande. Quand on s’attend à tester une bouteille de rhum et qu’on se retrouve avec un point'n click, la chute est rude. Mais ensuite on se souvient qu’on est sur un site dédié au jeu vidéo et qu’un jeu d’aventure est bien plus logique.
Willy Morgan and the Curse of Bone Town nous met dans la peau du jeune Willy Morgan (étonnant, n’est-ce pas ?), un adolescent qui reçoit un jour une lettre de son père disparu il y a 10 ans lui demandant de se rendre à Bone Town, une petite ville mystérieuse fondée par des pirates. Mais ce n’est pas tout : Bone Town est aussi le dernier endroit où le père Morgan s’est rendu avant de disparaître mystérieusement... Willy s’exécute donc, et c’est ainsi que commence son aventure.
Morgan de toi
Soyons clair : on ne va pas s’attarder sur le gameplay. Nous sommes face à un jeu d’aventure en point'n click tout ce qu’il y a de plus classique, on joue donc en pointant et en cliquant. On pointe un objet ou une destination à l’aide du curseur, on a un bouton pour agir et un autre pour observer. Un troisième bouton permet de faire apparaître tout ce qui est cliquable, une aide plutôt appréciable car les zones et objets interactifs ne ressortent pas forcément dans les décors. On a aussi des phases de dialogues très scriptées, où l’on a des choix qui ne sont pas vraiment des choix puisqu’ils sont tous nécessaires ou très conseillés pour avancer. On progresse en observant, en parlant et en combinant. Vraiment du grand classique avec une petite touche de modernité, comme Pendulo l’avait fait avec les Runaway. Un bon point cependant, le tout est jouable en tactile sur Switch : cela paraît logique mais, croyez-le ou non, nombreux sont ceux qui n’ont pas cette option.
Si le gameplay est souvent le même, vous allez sûrement demander ce qui fait un bon point'n click. Hé bien de nombreux facteurs ! Tout d’abord sa direction artistique et, sur ce point, Willy Morgan and the Curse of Bone Town fait du très bon boulot. On se croirait dans un métrage d’animation tout droit sorti de la tête de Tim Burton et Henry Sellig. C’est particulier et beau à la fois, assez pour donner au titre une identité et beaucoup de personnalité. Techniquement, malgré la beauté graphique, on regrettera le manque d’animations qui fait parfois bizarre quand le personnage principal doit effectuer une action. Mais, en dehors de ça, on est tout de même face à du beau boulot. Notons aussi le très bon travail des comédiens de doublage, qui donnent réellement vie aux personnages et à leurs dialogues (en anglais, mais les textes sont intégralement traduits en français).
Appelez-moi York
L’histoire ? Nous sommes face à une aventure classique qui, si elle n’est pas très surprenante, est tout de même très plaisante à suivre. Contrairement à beaucoup d’autres titres du genre, elle n’est jamais frustrante et cela parce que la difficulté n’est pas très élevée. On notera quand même un grand nombre de lieux à visiter et de personnages : il faudra donc faire beaucoup d’allers-retours pour progresser. C'est embêtant mais, heureusement, on a la possibilité de se déplacer rapidement en pressant deux fois le bouton d’action. Les personnages ? Tous sympathiques et dans la droite lignée du style, avec un héros sarcastique et des habitants de Bone Town tous plus barrés les uns que les autres. De quoi rendre tous les protagonistes drôles et attachants. Les dialogues ? Drôles et bien écrits aussi, dans la droite lignée du genre.
Maintenant, parlons un peu de ce que tout le monde a vu venir à 300 km, la chose que tout le monde voit à 300 km quand un point'n click avec des pirates sort. Oui, on ressent l’inspiration de Monkey Island et les développeurs ne se sont pas gênés pour glisser beaucoup de clins d’œil. Et c’est normal, Monkey Island et les autres titres Lucasart ont influencé tous les jeux d’aventure de ces 20 dernières années. On trouve même des références dans Uncharted ! Alors, oui, l’influence est forte, mais elle est assumée et bien utilisée. On est face à une lettre d’amour au point’n click qui, en dehors de Monkey Island, rend hommage à tous les classiques du genre, comme Les Chevaliers de Baphomet (grandes poches et gouttières partout, les fans comprendront) ou même Runaway. En fait, on remarque assez vite que s’il n’avait pas sa direction artistique, Willy Morgan souffrirait de son trop grand classicisme. Mais il a su se démarquer et il faut bien le saluer.