Test : Eastward - Nintendo Switch

Eastward - Nintendo Switch
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Les chinois de Pixpil nous offrent Eastward, un jeu d’aventure en pixel art qui sent fort le Zelda et le Earthbound de notre jeunesse (enfin, la mienne).

Test effectué à partir d'une version Nintendo Switch

La progression de la scène du développement de jeux vidéo chinois est inarrêtable à l’heure actuelle. Alors que des projets fous techniquement comme Black Myth : Wukong sont encore dans les tuyaux, voilà que le côté plus délicat et subtil de la sphère vidéoludique asiatique a pris forme sous les traits d’Eastward, un jeu développé depuis de nombreuses années maintenant par le studio Pixpil, situé à Shanghai.


Eastward, c’est la promesse d’un jeu tout doux et surtout magnifique pour la rétine. Ce jeu d’aventure mêlant des influences de Zelda et d’Earthbound vous présentera les deux protagonistes principaux que sont Sam et John. La première est une enfant un peu spéciale, pleine de vie, aux longs cheveux blancs et aux pouvoirs de télékinésie, tandis que l’autre est un barbu bourru et peu démonstratif, à la force physique et au maniement de poêle hors du commun. Ils se complètent aussi bien dans le fond que sur la forme puisque c’est à travers leur complémentarité que vous pourrez avancer dans cette histoire qui s’étale sur une vingtaine d’heures.

Eastward

A l'Est, rien de nouveau

Le titre s’offre le luxe de démarrer à son rythme, en offrant sa toute confiance au joueur. En effet, il faut bien compter trois bonnes heures d’introduction au jeu, son histoire et ses premières mécaniques. Vous commencez votre voyage dans une communauté minière souterraine dont le « Maire » diabolise le monde extérieur qu’il dépeint comme apocalyptique, détruit et dangereux. Les habitants, forcés de rester enfermés dans la mine, n’imaginent pas une seule seconde pouvoir profiter de ce que la surface a vraiment à offrir. Seule Sam, en quête d’herbe verte et de ciel bleu, cherche désespérément à remonter et emmener John avec elle. L’introduction d’Eastward permet donc de présenter tout un tas de personnages dont les dialogues sont tous aussi bien écrits les uns que les autres. C’est l'une des réussites du titre de Pixpil : placer des tranches de vie banales au premier plan pour en faire une colonne vertébrale narrative. Préparez-vous toutefois, car pour vous immerger dans la vie de ces personnages, Eastward n’hésite pas à les faire parler… beaucoup. Le jeu est bavard, et il vous arrivera de passer 20 bonnes minutes à lire des dialogues plutôt qu’à combattre des monstres.

Eastward

Passons la trame narrative. Vous explorerez des environnements différents à la recherche de ce qui a provoqué l’arrivée du miasme, un genre de slime noirâtre qui détruit tout ce qu’il touche. Comme nous l’avons très rapidement souligné, la progression d’Eastward est au croisement d’un Zelda et d’un Earthbound. Si l’on met de côté les longueurs destinées à la mise en avant des très charismatiques personnages du jeu, le titre propose une aventure complète proposant son lot de combats et d’énigmes. Alors, certes, c’est souvent du déjà-vu, mais c’est parfaitement exécuté et avec un enrobage en pixel art à tomber. John est plutôt destiné à aller au corps à corps, à mettre des claques avec sa poêle, surtout que cette dernière servira également d’outil pour envoyer valser les objets au loin ou encore comme propulseur sur les bateaux de fortune. D’autres armes viendront compléter votre inventaire, chacune ayant leur sens et leur mode de fonctionnement. Sam, quant à elle, est plus destinée à rester à distance en utilisant ses pouvoirs permettant d’immobiliser les cibles sans jamais les tuer. Il faut savoir également que vous progresserez (quasiment) toute l’aventure à deux avec la possibilité d’alterner entre les personnages. Une fois les personnages pris en main, vous comprendrez qu’il est bon d’utiliser les pouvoirs d’immobilisation de Sam pour ensuite passer sur John et finir le boulot dans le sang. Toutes les mécaniques propres aux personnages sont utilisées à travers des énigmes subtiles et jamais tirées par les cheveux. L’aventure est également ponctuée par quelques combats de boss, assez originaux pour s’en souvenir, et permet de marquer le coup dans la progression narrative du jeu.

Eastward

Si le combat est plutôt bien réussi, c’est dans l’interface qu’on a parfois du mal à s’y retrouver, et notamment au niveau de la barre de vie qui peut atteindre des seuils critiques sans spécialement dénoter. Dans d’autres jeux, les développeurs utilisent des indications sonores ou visuelles : ici, rien ne vous indiquera la mort proche qui peut arriver très rapidement. D’ailleurs, il est assez difficile de se remettre de la vie à tout va sans utiliser la cuisine, mécanique indispensable à votre survie.

Eastward

Etoile Michelin du pixel art

Délicieusement inspirées de Breath Of The Wild, les marmites disponibles dans le jeu vous permettront d’y accueillir divers ingrédients nécessaires à la création de petits plats vous remplissant votre jauge d’énergie et renforçant vos cœurs selon la rareté des éléments disposés dans le récipient. Vous découvrirez les bonnes recettes au fur et à mesure de l’aventure en utilisant des ingrédients récupérés par-ci par-là. Votre inventaire se remplit d’ailleurs très vite des plats mijotés et il vous faudra rapidement faire un tour chez les marchands pour acheter de quoi agrandir vos sacs. Ces vendeurs acceptent le sel, la monnaie du jeu, et vous permettront également d’acheter d’autres plans permettant d’améliorer vos différents outils et armes.

Eastward

L’ayant évoqué très rapidement plus tôt, nous ne pouvions passer le test d’Eastward sans faire un milliard de bisous à son esthétique absolument magnifique, un pixel art de toute beauté, animé avec perfectionnisme et vrai talent. Chaque plan est un régal pour les yeux, tout comme les animations qui, notamment sur les personnages, permettent de déceler une palette incroyable de sentiments et de caractères bien trempés. La fluidité graphique du jeu enchante et c’est un vrai plaisir de découvrir tous les environnements qu’Eastward propose au fur et à mesure de l’histoire. La bande-son n’est également pas en reste et propose des compositions agréables, même si certaines pourront paraître un peu répétitives au bout d’un moment.

Eastward
Eastward fait partie de ces jeux dans lesquels il faut complètement s’immerger et en accepter la proposition avec ouverture d’esprit pour profiter d’une grande aventure satisfaisante. Le jeu des chinois de Pixpil surprend par la confiance qu’il accorde aux joueurs, sa technique maîtrisée, ses hommages nombreux et son esthétique époustouflante. Même si certaines longueurs pourront décourager les plus impatients d’entre vous, lorsque l’on s’accroche un peu, on découvre un univers construit avec perfectionnisme et passion, à l’écriture débordante d’idées, aux personnages attachants et d’une généreuse épaisseur.
23 septembre 2021 à 10h03

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Points positifs

  • Le magnifique pixel art
  • La direction artistique qui frappe
  • L’écriture
  • Les personnages attachants
  • Des systèmes connus mais parfaitement exécutés
  • La bande-son dans le ton
  • Solide durée de vie

Points négatifs

  • Des passages un peu (trop) bavards
  • La visée en combat parfois dans l’à-peu-près
  • La navigation avec la carte pas toujours lisible

Gribouillé par...

Lorris

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Jean-Claude Van Damme au corps, Jean-Claude Dusse dans la tête. C'est parfois l'inverse.

Twitter : @Yolorris

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