Alors soyons clairs : Hercule Poirot a déjà eu des adaptations en jeu vidéo. Tout d’abord, il y a eu des point'n click/objets cachés bon marché, que l’on pourrait même qualifier de supermarché, du type
Mort sur le Nil à la qualité à peine médiocre. Puis il y a eu le sympathique
ABC contre Poirot, développé par
Artefact Studio et édité par
Microïds. Le titre n’était pas mauvais, mais il était sans surprise tant il reprenait une histoire vue et revue point par point. Aujourd’hui, nous retrouvons à nouveau
Microïds à l’édition, mais au développement c’est le studio écossais
Blazing Griffin qui s’y colle. Des spécialistes du genre policier, car ils sont déjà les créateurs de
The Ship ou encore de
Murderous Pursuit. On reconnait d’ailleurs très bien le style du studio dans cet
Hercule Poirot : The First Cases.
Les travaux d’Hercule
Des spécialistes du Cluedo, on est donc en droit d’en attendre beaucoup. Surtout qu’ils ne commettent pas la même erreur que pour ABC contre Poirot. Non, pour cet épisode, l’histoire est inédite, elle se concentre sur les jeunes années du détective alors qu’il se trouvait encore en Belgique. Une période en général peu exploitée dans l’histoire du personnage, sachant que sa première apparition dans un roman d’Agatha Christie se déroule déjà en Angleterre. Même si l’histoire de la jeunesse de Poirot n’est pas très fidèle aux romans, on peut tout de même saluer l’effort. Tout dans ce jeu annonçait de bonnes intentions. Et on retrouve ces intentions manette en main... mais on déchante très vite.
Tout d’abord, techniquement, on est très en dessous des standards actuels. Mais si on reconnait une patte graphique particulière, le tout parait tout de même très daté et a des airs de jeu PS2. La faiblesse technique ne s’arrête hélas pas là. Le personnage est lourd à diriger, les environnements sont vides et n’encouragent pas à l’exploration et l'ambiance sonore est presque inexistante. On comprend la volonté qu’elle soit discrète, mais ici elle est trop discrète. Bon point toutefois, le jeu est entièrement doublé en français, même si les acteurs ne sont pas très convaincants et, surtout, que la qualité du son n’est pas à la hauteur. On a parfois l’impression que les lignes de dialogue ont été enregistrées dans une cabine téléphonique...
Au niveau du gameplay, nous sommes face à quelque chose de simple mais malheureusement encore raté. On pourrait décrire ça assez simplement : c’est comme Sherlock Holmes, mais en moins bien. Alors on interroge des personnages, on observe des scènes et des objets, puis on obtient des observations. Des observations que l’on relie entre elles afin de faire des déductions et arriver à une conclusion. Le problème, c’est que relier les idées entre elles n’est pas très clair. Parfois, quelque chose de logique ne marchera pas parce qu’il faut faire une sélection bien précise. Contrairement à un Sherlock Holmes, relier les idées n’est pas ergonomique et, surtout, il n’y a qu’un seul chemin de possible. Vous ne pouvez pas vous tromper, ce qui donne un aspect assez dirigiste au tout.
De plus, dans chaque affaire vous devez résoudre toutes les sous-intrigues pour pouvoir conclure. Le souci, c’est que parfois certaines sous-intrigues sont totalement superflues et on se demande pourquoi on est obligé de passer par là alors que l’on connait déjà le fin mot de l’histoire. Le gameplay mal exploité donne parfois des airs de jeu d’objets cachés au titre et non de jeu d’enquête. Un bon point cependant, les histoires présentes sont bien racontées et sont intéressantes à suivre, avec une narration maitrisée. Mais la jouabilité est un tel calvaire que l’on a vite fait de laisser tomber, et c’est dommage.