Beacon Pines est développé par le tout petit studio texan
Hiding Spot Games, déjà auteur de
Flipping Legends et
Ephemerid, des jeux mobiles ayant fait parler d’eux.
Beacon Pines est leur projet le plus ambitieux, et c’est pour ça que pour ce titre l’éditeur
Fellow Traveller se joint à la partie. L’éditeur spécialisé des indés et des jeux narratifs s’est déjà illustré en proposant des perles comme
Paradise Killer, mais aussi des projets plus discutables comme
Genesis Noir. Sans surprise,
Beacon Pines est donc un jeu narratif qui prend la forme d’un conte macabre. Un conte, car l’histoire prend place dans un livre et les personnages principaux sont des animaux humanoïdes tout mignons. Et macabre car, sous ses apparences enfantines, ce jeu cache en réalité une histoire bien plus sombre et angoissante que ce que l’on pourrait croire. Un peu à la manière d’un Tim Burton de la grande époque, le merveilleux côtoie la mort, comme si l’un ne pouvait pas aller sans l’autre.
Beacon Burger
Vous incarnez donc le jeune Luka, un petit cerf vivant avec sa grand-mère depuis la mort de son père et la disparition mystérieuse de sa mère. Un jour, le premier de l’été, Luka et son meilleur ami Rollo décident d’aller explorer un entrepôt désaffecté où des lumières ont pu être observées alors que l’endroit devrait être désert. C’est à cet endroit que l’insouciance s’arrêtera et que la découverte des sombres secrets de Beacon Pines commencera. Luka nous est présenté via une narratrice qui nous accompagnera tout au long du scénario. Celle-ci raconte l’histoire et a besoin de votre aide pour arriver à la fin. Pourquoi ? Parce qu’à plusieurs moments il faudra faire des choix et ces choix influeront le déroulé. Ces choix prennent la forme de « charmes ».
Explications : en fouillant Beacon Pines et en parlant avec ses habitants, vous pouvez récolter des charmes, qui sont en fait des attitudes et donc des choix. Vous pouvez par exemple trouver le charme « chill » (le jeu n’est disponible qu’en anglais), alors vous pourrez faire le choix de répondre de manière relaxée à certains moments. Et c’est ici que le jeu est malin, puisque certains choix ne se débloquent que dans certaines lignes temporelles. Il faudra donc toutes les explorer afin de trouver la bonne voie. Ce qui saute aux yeux en premier lorsque l’on lance Beacon Pines, c’est à quel point le jeu est beau et coloré. On a vraiment l’impression d’être dans un conte pour enfants : les personnages sont mignons et les environnements magnifiques. La maniabilité n’est pas la plus souple que l’on connaisse, et on peut parfois avoir l’impression d’une physique un peu bizarre, mais vraiment rien d’handicapant pour le style.
Sausset les Pines
Le cœur du jeu est vraiment les choix à faire, et ils se déroulent toujours de la même manière. L’action se pause alors que la narratrice lit et c’est à ce moment qu’il faut bien choisir car une mauvaise décision peut mener à un destin funeste. Hé oui, même pour des héros aussi mignons ! C’est justement parce que l’on est dans un univers aussi mignon que certains thèmes et situations sont aussi marquants. Imaginez qu’Animal Crossing se mette soudainement à parler de mort, de deuil et qu’un cadavre apparaisse au milieu de l’écran. Ça vous ferait un drôle d’effet et c’est la même chose que l’on ressent quand, dans les premières minutes du jeu, un cadavre est jeté sur nos jeunes amis alors qu’ils se cachent dans une benne. Mais choquant n’est pas vraiment le mot. Surprenant est plus approprié. Surprenant de passer du stress au rire en passant par l’émotion. Globalement, Beacon Pines réussit son pari narrativement parlant et arrive à s'exprimer en utilisant des mots simples.
La comparaison avec Animal Crossing plus tôt n’était pas un hasard. Tous les personnages s’expriment dans la même sorte de yaourt sous-titré, la seule voix intelligible étant celle de la narratrice qui fait un très bon boulot. Parfois chaleureuse, parfois frustrée, parfois triste, stressée ou joyeuse, on ressent une réelle implication dans l’histoire. Parcourir cette dernière à ses côtés est un réel plaisir. Côté durée de vie, on est aux environs de 6 heures, et on ne parle pas de 6h en ligne droite mais bien de 6h en explorant toutes possibilités. Ce n‘est pas long, mais en même temps plus aurait été trop et moins pas assez. Pour le prix proposé (20€ en moyenne) et la qualité du titre, nous sommes devant une durée de vie très honnête.