Nous en sommes témoin,
Nintendo a adopté une approche pour la fin de vie de sa
Nintendo Switch en utilisant la console comme propulseur de jeux classiques, alors perdus dans le temps, à une nouvelle génération de joueurs. Elle l'a fait avec
Pokémon,
Metroid,
The Legend of Zelda, entre autres, et maintenant c'est au tour de
Paper Mario d’en prendre pour son grade. Si vous ne vouliez pas dépenser 100 balles pour le trouver en occasion sur GameCube, c’est votre moment. Vous l’aurez compris,
Paper Mario : La Porte Millénaire a été initialement lancé en 2004 sur la reine GameCube, devenant instantanément un succès et se positionnant comme l'un des meilleurs jeux de toute la saga. Maintenant, il arrive sur la Switch dans une version remasterisée pour le meilleur et parfois le moins bon.
Papier remâché
En lançant Paper Mario : La Porte Millénaire, les divers biomes, personnages et ennemis faits de papier et de carton sautent aux yeux et il est difficile de ne pas tous les trouver irrésistibles. Des forêts aux îles, des trains à la lune, tous les mondes se déroulent devant nos yeux dans une explosion colorée d'origamis qui réchauffe le cœur. En tant que RPG, les mécaniques du jeu sont fondamentalement différentes par rapport aux jeux “principaux” de Super Mario, avec un accent beaucoup plus marqué sur l'histoire. Tout commence dans la ville chaotique de Port-Lacanaïe, un repaire de bandits et de malfaiteurs, construite sur les ruines d'une autre ville qui a disparu dans un événement cataclysmique. Cependant, dans les profondeurs de Port-Lacanaïe, il est possible de trouver une porte mystérieuse qui, selon les légendes, pourrait cacher un gigantesque trésor. Pour ouvrir cette porte, il est nécessaire d'obtenir sept Gemmes Étoile réparties dans les divers coins du monde, chacune nous transportant vers un “biome” distinct et construit autour d'un thème particulier, avec différents personnages et points d'intérêt. En termes d'échelle, le jeu est assez grand et nous transporte à travers divers environnements : tu ne sais jamais ce qui t'attend dans le chapitre suivant, et Nintendo montre une ingéniosité et une imagination à la hauteur de sa réputation.
Contrairement à la narration traditionnelle des jeux Super Mario (qui charge le joueur de sauver Peach), l'histoire de Paper Mario est légèrement plus complexe, mélangeant plusieurs fils conducteurs. Oui, nous devrons sauver Peach, mais il y a d'autres histoires en cours qui finiront par se croiser. Par contre, la quantité accablante de textes à lire pour un jeu de cet acabit est assez frustrante. Il y a beaucoup de dialogues, dont 90% sont écrits pour un public PEGI 3 : autant vous dire que ce n’est pas d’une grande finesse, ni spécialement intéressant. Effectivement, Nintendo n'a jamais été particulièrement fort en termes de narration et, malgré quelques moments choupis ici et là, cela se confirme bien dans La Porte Millénaire. L'histoire du jeu est assez prévisible mais reste portée par un charme irrésistible véhiculé par le jeu.
Le roi de l’Origami
En termes de progression, le jeu propose de l'exploration, de la résolution d’énigmes mais surtout de nombreux combats, qui constituent le sel du jeu. Ceux qui ont déjà joué aux jeux Paper Mario, comme Origami King, auront une idée plus concrète de ce à quoi s'attendre : en interagissant avec un ennemi, vous serez transporté sur la scène d'un théâtre où commencera un combat au tour par tour. Chaque ennemi a ses attaques, ses défenses et des positionnements distincts, ce qui nécessitera une gestion soigneuse de toutes les options que le jeu offre (du moins au bout de quelques heures de jeu, quand les mécaniques de gameplay se sont un peu mieux installées). Mario peut sauter ou frapper les ennemis avec un marteau, utiliser des objets, activer des attaques spéciales ou même faire appel au public. Il y a vraiment un vaste arsenal à disposition mais le système est moins complexe qu'il n'y paraît. Il est important de prêter attention aux Points Fleur (qui te permettent de réaliser des attaques plus puissantes) et à l’Energie Etoile (utilisée pour déclencher des attaques spéciales). À la fin de chaque combat, tu es récompensé par des Points Etoiles qui pourront ensuite être utilisés pour améliorer certaines caractéristiques de Mario.
À la manière de Super Mario RPG, il y a aussi une forte composante de timing impliquée, puisque beaucoup des attaques obligent à appuyer rapidement sur un certain bouton, à placer le curseur à un endroit précis ou à lâcher le joystick à un moment spécifique : rien de particulièrement difficile, mais cela peut devenir légèrement répétitif à mesure que les heures de jeu s'accumulent. N’oublions pas aussi l’important système de badges qui, lorsqu'ils sont équipés, confèrent des compétences et des améliorations supplémentaires à Mario et ses compagnons : ils peuvent être trouvés disséminés dans tous les mondes du jeu ou, alternativement, achetés en magasin. Vous avez une limite de badges que vous pouvez porter, ces derniers comptant pour un certain nombre de points selon l’importance du badge. Évidemment, vous pourrez augmenter cette capacité au fur et à mesure de l’aventure.
Comme mentionné précédemment, Mario n'est pas seul dans cette aventure et, au fil du temps, il rencontre de nouveaux potes qui seront essentiels en combat, exploration et résolution d'énigmes. Chacun offre un ensemble de compétences distinctes et il est possible de passer de l'un à l'autre en appuyant sur “L” sur la console, alors qu’avant il fallait passer par les menus. On ne vous divulguera pas les pouvoirs de chacun, mais ils vous serviront obligatoirement pour progresser, aussi bien dans l’histoire principale que sur les passages secrets menant vers des objets cachés. Dans cette exploration parfois forcée, on regrettera toutefois une quantité insensée de retours en arrière, qui vous obligeront à aller et venir, parcourant les mêmes lieux encore et encore. Ce n'est pas une situation sporadique : ce retour en arrière est une présence constante depuis le début du jeu et semble presque une manière artificielle d'augmenter sa longévité. Ce n'était pas nécessaire, n'introduit rien de nouveau et ne fait que tordre le bras à l’expérience globale qu’offre le titre. On a un peu l’impression que c’est un vestige d’il y a 20 ans où l’un des arguments marketing d’un jeu était de dire qu’il était long. Hélas, de nos temps, ce n’est plus du tout un critère qui compte, et le fait de passer un temps fou à lire des dialogues plan-plan et à faire des centaines d’allers-retours n’est plus amusant (et ne l’a jamais vraiment été, non ?).
Enfin, le combat du jeu est beaucoup trop facile, ne présentant aucun niveau de défi jusqu'aux moments finaux. Avec les bons objets (et les bons badges), il est très facile d'anéantir des dizaines d'ennemis sans aucun réel obstacle. Le véritable défi réside dans l'exploration et les énigmes du jeu, car leur solution n'est pas toujours évidente (voire même cryptique parfois).