Marvel Cosmic Invasion, c’est le nouveau projet de
Tribute Games et
Dotemu, le duo déjà derrière
TMNT Shredder’s Revenge. Cette fois, on troque les tortues pour une adaptation libre de la saga Annihilation : Annihilus balance sa vague de bestioles à travers la galaxie, de New York jusqu’aux tréfonds de la Zone Négative, et tout le gratin super héroïque vient faire le ménage. Campagne, arcade, coop locale et en ligne, avec support jusqu’à quatre joueurs, le programme respire l’arcade moderne, celle qui essaie de concilier nostalgie et confort. La grande idée de gameplay, c’est le Cosmic Swap. Au lieu de choisir un seul personnage, on en prend deux par niveau et on peut les intervertir instantanément, même au milieu d’un combo. Résultat : on s’amuse à trouver des enchaînements un peu débiles, comme un Rocket Raccoon qui rase le sol à coup de mines avant de laisser la place à Beta Ray Bill qui nettoie l’écran à grand coups de tatane. Le système est simple à prendre en main, mais assez flexible pour que l’on s’amuse vraiment à composer son duo, surtout quand on joue à plusieurs où les ultimes se superposent dans une bouillie de particules colorées.
A la manette, c’est plutôt confort : esquive sur un bouton, projections contextuelles, petites variantes aériennes, gestion de jauges pour les super attaques, tout est fait pour que les bastons soient nerveuses et lisibles sans jamais paraître trop techniques. Le jeu ne cherche pas à concurrencer un Streets of Rage 4 en termes de profondeur, mais le ressenti des coups, les hitstops et les effets de lumière font clairement le job. Côté contenu, la campagne déroule seize niveaux linéaires, pour environ trois heures de jeu en difficulté normale si vous n’êtes pas allergique aux beat'them up. Sur le papier, on pourrait se dire que c’est un peu court pour un titre vendu comme grosse sortie Marvel, et ce n’est pas complètement faux. Les niveaux enchaînent rapidement, avec quelques pics de difficulté sur certains boss qui semblent sortis d’un autre jeu, puis un final qui arrive presque trop vite pour laisser monter la sauce. Le mode arcade rallonge un peu l’affaire, avec des options de difficulté, quelques variantes de progression et le plaisir de la rejouabilité entre potes, mais il recycle quasiment tout le contenu de la campagne, ce qui limite l’effet de découverte.
Cherche pas, t'as pas Thor
Là où ça pique, surtout, c’est sur la structure : la courbe de difficulté a tendance à faire le yo-yo. On enchaîne des couloirs assez tranquilles, puis on se fait soudainement punir par un boss surboosté, avant de revenir sur une section très simple. L’impression, c’est que le jeu hésite entre reproduction de l’arcade bien punitive et expérience plus chill, sans vraiment choisir son camp. Visuellement, par contre, on est servi. Tribute maîtrise son pixel art, et Marvel Cosmic Invasion enfonce le clou. Les sprites sont gros, lisibles, animés avec une générosité qui fait ressortir chaque perso, des poses ultra héroïques de Captain America aux animations plus rampantes de Venom. Les niveaux alignent les cartes postales : pont arc en ciel façon Bifrost, vaisseaux spatiaux qui explosent en arrière-plan, gratte-ciel new-yorkais qui s’effondrent sous la vague d’Annihilus. On a même droit à un filtre CRT avec écran incurvé pour les nostalgiques qui ont connu les bornes graisseuses au fond des salles d’arcade.
La bande son tape aussi dans le bon registre : gros riffs, nappes synthé et percussions qui martèlent, avec des thèmes qui collent bien à l’ambiance. Le roster, lui, fait plaisir à voir : quinze héros jouables, avec le mélange attendu de grands classiques et de chouchous des comics un peu plus pointus. Chaque personnage a son propre moveset, ses attaques spéciales et sa manière d’aborder l’espace de jeu, que ce soit en contrôlant les foules, en jonglant les ennemis ou en se spécialisant dans les dashs et contres. Le souci, c’est que tout ce beau monde n’est pas logé à la même enseigne. Certains héros explosent l’écran dès le départ, avec des options offensives et défensives très confortables, quand d’autres semblent nettement plus limités. Quelques personnages misent beaucoup sur les projections ou des mécaniques de charge moins efficaces face aux hordes d’ennemis du jeu, et comme il n’y a quasiment pas de progression ou de déblocage de nouveaux coups sur la durée, la courbe d’apprentissage se tasse assez vite. Résultat : on a tendance à revenir toujours vers le même petit pool de favoris, ce qui fait un peu mentir la promesse de diversité du roster.
Autre point un peu frustrant : Marvel Cosmic Invasion ne propose pas vraiment de système de montée en puissance à long terme. On joue surtout pour le plaisir de recommencer une run en testant un nouveau duo, ou en augmentant la difficulté, ce qui conviendra très bien aux fans d’arcade pure et dure, mais pourra laisser sur le carreau ceux qui attendaient un contenu plus “moderne". En coop, par contre, le jeu trouve clairement sa zone de confort. À deux, même si c’est un gros bordel parfois, l’écran devient ce qu’il doit être : un chaos organisé où les ultimes se chevauchent, où un Silver Surfer mal placé peut sans le vouloir pousser les ennemis hors de portée de l’attaque de Storm, et où l’on rigole autant des ratés que des moments de grâce.