Avec
Ubisoft, soit tout est à prendre, soit tout est à mettre à la poubelle. C’est ainsi que le premier
Red Steel, très brouillon malgré les promesses et la nouveauté, a vite fini au fond du tiroir de tous les joueurs l’ayant acheté, camouflé sous un vieux tas de feuilles. Bien conscients de ce cuisant échec, les développeurs n’ont pas fait dans le détail en mettant au point
Red Steel 2, qui fracasse les crânes autant que les bases du premier épisode. Vous voilà donc aux commandes d’un cow-boy un peu spécial, qui ne se contente pas de manier les armes à feu avec style, mais maîtrise également l’art du sabre avec une grande classe. À moins que ce ne soit l’inverse ? Le mélange des genres est omniprésent, évoquant des films comme
Kill Bill ou
Le bon, la brute, et le cinglé, qui croisaient les univers du western et du film de sabre dans un style assez barjo. Un cocktail plutôt intéressant dont se sert
Red Steel 2, qui met en relation les codes propres à ces genres (l’honneur des samouraïs et la trahison facile du Far West), les secoue et les laisse jaillir sans tendresse hors du shaker. Ajoutez un zeste de technologie futuriste et
Ubisoft nous sert un univers intemporel, dont les bases sont à piocher un peu partout.
Actors Studio
D’emblée, on se retrouve plongé dans le feu de l’action, traîné à l’arrière d’une moto, prêt à se faire exécuter par une bande de loulous relous dont on se demande, quand même, comment ils ont pu capturer un combattant si aguerri. Mais passons sur ce mystère scénaristique, qui se résoudra à mesure de l’avancée dans le jeu, et voyons si la mise en bouche de départ tient la route. Et bien vite, on s’aperçoit que notre indulgence nous aidera beaucoup à apprécier le jeu. Oui, malgré son action explosive, il apparaît rapidement quelques lacunes dans l’écriture bâclée de l’histoire. Le scénario est relativement simple, mais ce n’est pas ce qu’on lui reprochera après la douzaine d’heures qu’on mettra à en venir à bout. Non, ce qui pèche, ce sont plutôt les dialogues. Affreusement caricaturaux, à la limite de l’accablant, et récités par des personnages animés qui réussissent l’exploit de jouer comme de très mauvais acteurs américains (et tous de la même manière !), ils nous font immédiatement passer en mode « second degré » pour réussir à ne pas pleurer de dépit. Soyez donc prévenus si vous souhaitez ajouter ce titre à votre collection : prenez l’histoire à la rigolade.
Wii Motion, plus ou moins
Car, malgré cette faiblesse qu’on arrive à relativiser,
Red Steel 2 possède un petit paquet de bons points qui rendraient regrettable le fait de le laisser moisir dans les rayons des magasins. Le premier, et non des moindres, est sa qualité graphique. Certes, nous sommes sur Wii, et la dame blanche n’est pas tout à fait à la page dans ce domaine. Mais la réalisation rappelle très fortement
XIII sur Gamecube (à titre personnel, un des meilleurs jeux de la boîte violette), tout en traduisant parfaitement l’ambiance voulue. C’est peut-être ce qui nous permet de supporter le manque de soin apporté aux dialogues et à l’enchaînement des situations. Autre point positif, argument de vente du jeu : l’utilisation du Wii Motion +. Le sabre est tout à fait maniable, bien que la technologie de la Wiimote ne permette pas de le manipuler véritablement à notre guise. Le système utilisé ici est donc de varier vos coups en fonction de la puissance de votre geste, et selon 3 axes (vertical, horizontal, en avant), associés à des combos. Il y a tout de même de quoi faire un bon paquet de coups différents et rendre les combats stratégiques et spectaculaires, surtout avec l’utilisation des armes à feu et les finishs un rien bourrins.
Ville fantôme
Il manque tout de même quelque chose d’autre à ce jeu pour être totalement plongé dans son univers. Bien que vous soyez en ville, on ne croise pas un seul habitant, on a donc l’impression d’évoluer dans un lieu sans vie, jusqu’à ce qu’on croise une bande de vilains vite dézinguée. Un détail qui fait partie d’un sentiment général que la réalisation n’est pas tout à fait au maximum. On trouve ainsi, dans le même genre, des temps de chargement masqués à chaque ouverture de porte, une poignée de bugs plus ou moins drôles ou gênants, et des quêtes annexes redondantes. Parmi tout ceci, l’élément qui freine le plus l’implication du joueur dans cet univers, c’est l’entraînement lorsqu’on apprend un nouveau coup. En soit, rien de particulièrement rebutant, mais les gestes vous sont mimés par une jeune demoiselle qu’on croirait tout droit sortie d’une pub pour Wii Fit, qui donne des coups de Wiimote à la vitesse d’une palourde en pleine course, et qui n’a, mais alors strictement rien à voir avec des cow-boys ou des ninjas. Un choix très étonnant, qui rend méfiant quant au reste du jeu. Soyez rassurés : les ennemis se battent avec un peu plus de vigueur et de savoir-faire.