Sonic Unleashed montre une forte volonté de faire évoluer le personnage avec son temps une bonne fois pour toute, c’est indéniable. Nous avons maintenant deux modes de jeux bien distincts. Le scénario, incroyablement bien ficelé comme à son habitude (oui c’est ironique), nous explique que Sonic a été exposé à un laser bizarre par son ennemi juré et que depuis, le jour c’est Sonic comme nous le connaissons, mais la nuit, c’est une sorte de Hérisson Garou, un Werehog, contraction de Hedgehog (Hérisson) et Werewolf (Loup Garou) en anglais. Accessoirement, Robotnik a fait péter une partie de la Terre avec un gros laser et a réveillé un gros boss pas content qui fait déferler ses monstres la nuit sur la Terre. Décidemment on n’a pas de bol. Comme nous l’avons dit précédemment, le jeu est divisé en deux parties bien distinctes, et nous allons les séparer pour les juger, car elles le méritent, puis on regardera d’un peu plus haut pour avoir une vue d’ensemble sur le titre.
Il court il court le Hérisson
Clairement, le rendu de vitesse est très réussi et rend un bel hommage à la bestiole bleue. L’intégration de la 3D à l’environnement de Sonic rend la course plus prenante et c’est un nouveau sentiment d’immersion qui s’offre à nous. Bumpers, pics, golden rings, loopings, tout y est et bien plus encore. On peut surfer sur les rails ou utiliser des ennemis pour se propulser plus loin en leur sautant dessus. Mais au bout de quelques minutes, un sentiment curieux m’envahit. Merde, c’est moi ou je ne maîtrise finalement pas grand-chose au fur et à mesure que j’avance ? Je saute par-ci par là, j’évite, etc… mais l’avancée est inexorablement linéaire, ce qui, hélas, devient rapidement lassant. On retombe donc très vite de l’exaltation des premiers instants de course. Ce mode est plutôt réussi dans son ensemble et de toute façon, il est alterné avec les nuits de Sonic pour que la lassitude ne l’emporte pas.
Quand Oui-Oui rencontre Freddy
La nuit, c’est une autre paire de manches. Vous êtes un Hérisson Garou, et vous devez vous débarrasser des créatures nocturnes. Mais attention, pas n’importe lesquelles, des créatures sorties d’un carnaval brésilien, aux attaques redondantes et réglées comme du papier à musique. Probablement pour plaire aux fans, l’Intelligence Artificielle des ennemis n’a pas bougé d’un iota depuis 1991. Vos coups sont d’ailleurs calibrés pour répondre aux attentes de ces mêmes petits méchants, puisqu’ils sont aussi répétitifs que les leurs. Vous avez maintenant la possibilité de faire des combinaisons de coups, en enchaînant rapidement les touches affichées à l’écran, ce qui vous permet de revoir sans cesse la même prise sur les mêmes adversaires. La maniabilité du garou est hasardeuse, tantôt funambule, tantôt bestial mais au final rarement impressionnant.
Bonzour les petits nenfaaaaants !
Alors le jeu a été conçu pour un public plus jeune me direz-vous ? Les dialogues gnangnan dans les villages où Sonic cherche des indices (les parties d’enquête sont plus que faiblardes, il suffit de parler à la bonne personne, les autres bafouillant des futilités), les phases de combat simplistes et les courses où on nous demande pas trop trop notre avis, c’est vrai qu’on se tourne plutôt vers un produit destiné aux 8/12 ans, mais dans ce cas, pourquoi diable ce jeu est-il aussi difficile ? J’ai l’impression qu’un gamin de 10 ans ne réussira jamais à passer le premier niveau. Après, peut être suis-je une quiche intersidérale, mais tout de même (ndlr : à voir tout de même). Donc si les petits butent et que les grands rechignent, je pense que l’on peut dire que le ciblage est un peu foiré. Me voila finalement dubitatif quand à la réussite commerciale de ce titre, et j’imagine qu’il aura du mal à trouver sa place, ce qui est bien dommage, car l’intention était bel et bien là.
Pari foiré
SEGA a vraiment essayé de faire évoluer son héros avec les nouvelles consoles, et je trouve vraiment triste que la réflexion n’ait pas été poussée jusqu’au bout. Les phases de course, avec un moteur performant et des décors agréables, auraient pu être terribles si seulement on nous avait un peu plus sollicités. Les parties «beat’em all» auraient également pu tirer leur épingle du jeu si elles avaient été un peu plus évoluées de façon à nous offrir plus de diversité dans l’action. C’est véritablement un jeu qui peut se considérer comme une réussite et un échec à la fois. Réussite d’évolution, avec enfin un jeu qui tourne la page techniquement et pointe vers l’avenir, et échec cuisant pour son incapacité à captiver le joueur plus de 10 minutes tant nous sommes rapidement lassés par son manque d’intérêt général.