Soyons clair,
Treasure fait partie de la crème de la crème des développeurs de shoots arcade de ces dernières années. A la volée, on a eu un
Ikaruga sublime, un
Bangai O Spirit rayonnant, un
Radiant Silvergun mémorable, un
Gunstar Future Heroes explosif, un
Gradius 5 de main de maître.
Treasure est donc un groupe de résistants vidéoludiques, pour qui le jeu de shoot à l'ancienne ne fait pas peur ! Ce ne sont donc pas des branques qui découvrent le genre, ni qui seraient tentés d'en pervertir la substantifique moelle. Mais cela ne les protège pas du faux-pas. Et pour nous autres, joueurs et observateurs, ne prenons pas le risque d'abaisser notre garde-bouse au risque de les canoniser de notre indulgence baveuse...
Pour quelques ennemis de plus
Sin & Punishment, qu'est-ce que c'est ? C'est un shoot d'arcade, dans lequel on voit notre personnage de dos (aussi appelé
tube shooter) à la manière d'un
Panzer Dragoon,
Space Harrier ou encore
After Burner. Comme tout bon shoot, on déambule dans des décors pris d'assaut par des dizaines d'ennemis-chair-à-canon. Vous pouvez les éviter de différentes manières, avec des esquives qui deviendront vite le nerf du gameplay. La particularité de
Sin & Punishment est de proposer à la fois du shoot (à distance donc) et du corps à corps à certains moments. Le mélange des genres donne un beau bébé, pas intrusif pour un sou. Pour les adeptes du scoring,
Treasure a évidemment ajouté un système de combo afin de faire exploser ses scores et permettre à ceux qui le désirent de s'acoquiner des classements en ligne. Pour conclure sur cet aspect technique, disons qu'il s'agit d'un jeu à l'action frénétique et sans temps morts, dans lequel nos esquives et nos qualités de tireur seront valorisées.
Bande de çons !
Comme souvent dans les shoot'em up bien arcades, la bande sonore n'est pas des plus glamours. On berce dans de la techno, associée à des rifs de guitare électrique des familles et une acoustique électro en guise d'effets sonores.
Sin & Punishment ne déroge certainement pas à la règle, avec une bande-son tout à fait sympathique mais profondément assourdissante, quand pendant plusieurs heures vous ne ferez que shooter de l'alien mécanique. Certains, par ras-de-bol finiront par baisser le volume, d'autres par le pousser afin de retrouver la bonne vieille ambiance "arcade" de leur jeunesse. Et si jamais vous vouliez augmenter l'aspect bon enfant, faites une petite partie avec un ami. Dans ce cas, le second joueur n'apparaît pas à l'écran. Seul son viseur est... visible. Sans les esquives, c'est bien sûr moins technique, et cela prend bien plus volontiers les formes d'un
Duck Hunt... Défaut contrebalancé par une plus grande accessibilité...
Un peu d'esthétique
Successor of the Skies est un beau jeu. Les environnements sont grands, voire grandioses. L'animation est fluide, voire rapide. Les situations sont joliment mises en scènes, voire renversantes. Les décors sont variés, bien que monstrueusement classiques (monde de feu, de glace, de l'eau, etc.). Le théâtre des affrontements est la Terre. On y retrouve donc tous les grands classiques... J'aurais personnellement aimé un peu de surprise à ce niveau, bien qu'il vaille mieux maîtriser des choses classiques que proposer une originalité médiocre... Bien que... Il n'empêche que
Sin & Punishment ne surprendra pas les adeptes de shoots à la sauce arcade par ses environnements. Il surprendra encore moins les adeptes du premier opus, qui ne seront franchement pas dépaysés, croyez-moi ! Syndrome tristement moderniste,
Treasure maîtrise l'essentiel et repousse les risques...
Isa et Kachi sont dans un bateau. Isa tombe à l'eau... Qu'est-ce qui reste ?
Abordons un point important à mes yeux : la narration. Et quand je parle de la narration, je ne parle pas de toutes les petites choses qui la constitue, de toutes ces actions qui mises bout à bout, immiscent le joueur dans un univers. Je ne parle donc pas du fondement même des jeux vidéo, ni de leur spécificité. Je m'arrête davantage sur la définition caricaturale et admise qui la définirait par "
l'impression que l'histoire avance", autrement dit "
des cinématiques". Alors parlons des choses sérieuses. Fréquemment au cours de l'aventure, des cinématiques d'une profondeur inouïe viendront faire la transition entre les scènes d'action...
"C'est quoi un vrai humain ?
- Et bien... Ce n'est pas facile à définir la vraie humanité." Toujours dans la rubrique "je narre donc je suis", l'animation des personnages principaux tutoies les cimes d'une montagne de lourdeur. Bref, une vaste plaisanterie ! En action, ça passe comme une lettre à la poste, puisque les mouvements vifs et tranchants se fondent à la perpétuelle frénésie du tableau, mais durant les cinématiques, c'est d'une désolante médiocrité. Le design des personnages est d'une drôlerie insoutenable. Les nez sont trop grands, les visages en super-deformed sans le vouloir, les animations ridicules et les dialogues... Rien à voir avec les magnifiques artworks qui pullulent dans le livret... S'il vous plaît messieurs les créateurs de jeux, faites un efforts, bordel ! Y'en a marre de prendre les joueurs pour des demeurés rachitiques du citron. Apprenez à enchainer deux lignes de dialogues sans sombrer dans la néantise esthétique... Ou abstenez-vous !
Une fumisterie à cœur ouvert. Merde !!!