Sans jamais n'avoir vraiment disparu, les jeux d'aventure point & click semblent vraiment ressurgir de leurs cendres depuis quelques années, avec de biens belles licences. Mais ce regain de popularité aurait-il un lien avec la récente recrudescence féminine ? Des femmes qui cherchent des expériences peut-être plus contemplatives et profondes… C'est un début de réflexion que je me suis fait il y a peu, qui n'a pas encore de réponse, mais dont la problématique ne me semble pas incongrue... C'est ma part féminine qui s'exprime, celle qui prend plaisir avec les verbes, celle qui jubile en jouant avec les mots...
"Bon maintenant, ta gueule !!! Laisse le mâle viril terminer. J'ai cru voir de la vaisselle qui traîne dans la cuisine !! "
No time for loosers
Strong Bad, c'est un mec, un vrai. En tout cas, si l'on en croit une définition non officielle et parfaitement archaïque. Vous savez, ces gars qui se la pètent, convaincus de leur talent et de leur destinée. Strong Bad aime les jeux vidéo, la bande dessinée, lui-même et aussi les gens qui l'aiment. C'est un nolife, macho, égocentrique et oisif. Un mec quoi !!! Sa vie se résume à faire des trucs inutiles et d'autres qui le sont encore plus. Bref, c'est le début d'une grande Aventure. Votre mission, si vous l'acceptez : ruiner les rêves de Homestar (un ami de notre héros) de devenir le meilleur athlète du monde. TellTale Games nous offre ici un point & click dans la grande tradition. Donc, rien d'étonnant à ce que les adeptes du genre retrouvent leurs marques avant même d'avoir dit : "Ouf". L'interface, le design, les dialogues : rien a été laissé au hasard. Tout est très propre et soigné, mais cela ne veut pas forcément dire de bon goût, ou universellement irréprochable. Car si l'improbable histoire d'épreuve d'athlétisme débile ne vous plait pas, si vous êtes complètement hermétiques aux dialogues, si le design vous fait pleurer, si les points & click vous font dégobiller, ce n'est pas après la petite dizaine d'heures qu'il vous faudra pour en voir le bout une première fois que votre avis changera.

Shakespeare in love
Chose qu'il est impossible de rater quand on voit Strong Bad : le design. Tout y est : ces personnages aux formes improbables, ces décors d'un quotidien invraisemblable, ces monstres gentils, caricatures d'une génération d'humanoïdes perdus. Malheureusement la folie des dialogues et du design des protagonistes ne se retrouve pas dans les environnements tristes et ternes. Des graphismes qui, il faut bien l'admettre, soit plairont pour ce qu'ils sont, soit repousseront pour la même raison. Mais une chose semble acquise, ils ne laissent pas indifférent. On ne risque pas non plus de se perdre dans un dédale de détails, dans une ribambelle d'interactions et d'objets tous plus inutiles les uns que les autres. Ici, les décors ne cherchent même pas à les dissimuler. Tout est accessible, logique et amené sur un plateau. Le joueur n'aura pas de quoi être frustré, sauf s'il recherchait des énigmes retorses. Strong Bad nous plonge dans une progression à la Sam & Max, relativement fluide et toujours logiquement débile. Le tout est servi par une interface simplement aboutie. Une pression sur le bouton A pour faire à peu près toutes les actions du jeu ; une pression sur le bouton + pour accéder à son inventaire ; et de temps en temps on prend la manette à l'horizontale pour faire un jeu bien oldshool à base de gros pixels baveux et d'animations saccadées. Bref, simple, accessible, mais surtout efficace. Le jeu regorge de petites surprises, de références et de subtilités. Tout semble avoir été conçu pour mettre en valeur la narration, les dialogues et une succession de situations délirantes qui ne feront rires que les vieux roublards de gamers anglophones qui en perceront les subtilités.
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