Comme beaucoup de jeux téléchargeables,
Icarian est le fruit d'un jeune studio de développement. Et comme on est sur
Nintendo Wii, la production se doit de proposer une approche spécifique aux contrôles de la machine immaculée. Sans être une évidence, il s'agit plutôt d'une attente. Parce que c'est en partie ce que les joueurs recherchent avec ce genre de productions : des expériences différentes. C'est surtout ainsi que l'on peut marquer les esprits ; en revisitant des genres, en réinventant de nouveaux concepts, en les remaniant, ou plus simplement en offrant sa propre vision d'un concept qui aurait d'ores et déjà séduit. C'est dans cette dernière catégorie qu'Icarian s'immisce insidieusement, sans pour autant oublier de proposer.
Ramses II t'la raconté
Vous êtes une jeune muse partie à la poursuite de son non-moins jeune éphèbe d'Icare malmené et réduit à sa condition la plus fragile d'homme. Vous avez encore vos ailes, mais êtes devenue mortelle par un geste amoureux de désespoir. Motivé par cette inextricable angoisse d'un chagrin trop pesant, vous vous lancez corps et âme dans ce monde de désolation, chancelant au feu lymphatique d'une perte certaine. C'est ce qui vous attend. Rien de moins. Point de longs discours pour le comprendre, l'équipe de développement de
A Different Game n'a pas fait dans l'originalité scénaristique, encore moins dans le surprenant. Juste un manichéisme d'école, consensuel, mais toujours aussi efficace. Le jeu semble poser les bases d'une narration évidente pour laisser place à ce qui constitue la vraie force d'un jeu vidéo : la narration ludique. Et c'est ce qui fera la force d'
Icarian. La solidité de son gameplay associée à la pertinence de son level design font de ce jeu une expérience particulièrement intéressante à vivre. Dans les faits, vous déplacez votre personnage indépendamment d'un viseur que vous pointerez à la wiimote (devenu un "classique" imposé par le combo Nunchuk/Wiimote). Vous gèrerez donc le déplacement de votre personnage indépendamment des actions que vous pourrez effectuer à la Wiimote, à savoir soulever des objets, en bloquer d'autres, tirer, jouer avec les courants d'air, etc. Tout cela n'est pas sans rappeler un certain
Lostwinds.
Tout t'en camion
Dans un premier temps, la technique d'
Icarian semble désuète, mais en grattant un petit peu, on constate qu'elle s'embellit à mesure de notre progression. Le jeu des perspectives, celui des lumières, puis celui des plans. La technique est au service du gameplay, et ça fait plaisir à voir. A plusieurs reprises, on constate que la construction des niveaux n'a pas été uniquement pensée en 2D, mais sous forme de plans parallèles qui influent les uns sur les autres. Sans entrer dans les détails pour ne pas bouder le plaisir des curieux, sachez que sans être surpris, on pourra en revanche saluer l'intelligence de certaines situations. Rien de dramatiquement renversant, mais ce jeu de perspectives est bien construit, intelligent, ludique et plutôt rare de nos jours, avec une 2D souvent caricaturée, évincée, maladroitement expurgée, dénigrée et souventefois spoliée. Avec
Icarian, on est simplement en présence d'un jeu de plate-forme plus profond qu'il n'y paraît. Que le choix de la 2D ait été fait pour pallier à des critères techniques ou pas, le résultat demeure remarquable, et c'est bien l'essentiel. Les énigmes ne seront jamais insurmontables, peut-être même une simple formalité pour la plupart des joueurs (dont je fais partie), mais la fraîcheur qu'elles dégagent suffira à pallier ce manque de challenge. Une des difficultés (et donc, dans un même temps, une des particularités) du jeu est de fréquemment nous demander de gérer deux actions simultanément (la première avec la wiimote et la seconde avec le nunchuk). Une difficulté qui pourra être atténuée avec le mode deux joueurs, qui offre quant à lui un partage des tâches. Une difficulté remise à nouveau en question quand on parle d'un jeu qui se termine inéluctablement en une petite poignée d'heures (secrets compris), ce qui est fort dommage au demeurant. D'autant que le classicisme freine parfois la rejouabilité.
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